Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti Québécois et député de Camille-Laurin; Thierry Bachelier, directeur général du RAEM; Marc-André Simard, directeur général du Chic Resto Pop; et Marine Caillon, coordonnatrice des communications au RAEM (Justine Aubry/EMM)

ENJEUX DE SÉCURITÉ ALIMENTAIRE : LE RAEM ET LE CHIC RESTO POP PARTAGENT LEURS RÉALITÉS AVEC PAUL ST-PIERRE PLAMONDON

Une rencontre informative et réflexive s’est tenue mercredi dernier autour d’une des tables qui meublent l’ancienne église reconvertie en restaurant par le Chic Resto Pop, dans Hochelaga-Maisonneuve. Le directeur général de cet établissement solidaire, Marc-André Simard, et le directeur général du Réseau alimentaire de l’Est (RAEM), Thierry Bachelier, ont exposé au député de Camille-Laurin et chef du Parti Québécois, Paul St-Pierre Plamondon, les difficultés expérimentées par les organismes du secteur alimentaire, alors que des besoins criants se font ressentir dans la population en matière d’accessibilité. 

L’échange, que l’on voulait « ouvert et collégial », a débuté avec la présentation de la mission, des ambitions et des réalisations du RAEM. À la tête de la direction générale, Thierry Bachelier s’est donné pour mandat de partager ses préoccupations avec les élus de l’est, puisqu’une partie de la mission du RAEM « est aussi d’être présent auprès de ses membres pour sensibiliser les instances politiques à cette situation alarmante », rapportait EST MÉDIA Montréal en entrevue avec M. Bachelier, en avril dernier. 

Thierry Bachelier, directeur général du RAEM (Photo tirée de LinkedIn)

Le RAEM, qui couvre 9 arrondissements et 1 municipalité, et compte 45 membres dans le système alimentaire de l’est de Montréal, vient créer une synergie entre les différents organismes oeuvrant pour la sécurité alimentaire, a expliqué Thierry Bachelier au député de Camille-Laurin. « On va aussi leur fournir des outils au quotidien au bénéfice des personnes qui fréquentent ces organismes, qui sont de plus en plus nombreux. On est également un porte-parole de ces entités, autant auprès des institutions publiques que politiques, pour attirer l’attention sur les soucis qui sont les nôtres », a-t-il une fois de plus indiqué. 

Le directeur général a présenté quelques initiatives et projets réalisés par le RAEM et ses partenaires ces derniers temps, notamment celle d’une épicerie mobile et solidaire qui devrait ouvrir ses portes d’ici août. « Il agit de deux conteneurs de produits secs en vrac et réfrigérés installés dans un secteur où il n’y a pas d’offre commerciale attrayante. Nous sommes dans un désert alimentaire dans l’est de Montréal, l’offre est donc trop restreinte et trop éparse, et le transport collectif n’est pas adapté pour transporter les gens moins fortunés vers les points alimentaires », a rappelé M. Bachelier.  

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti Québécois (EMM)

M. St-Pierre Plamondon s’est dit concerné par la situation alimentaire dans l’est et intéressé à connaître la « trajectoire de la population en termes de besoins alimentaires pour y répondre le mieux possible » et les « interactions entre chaque organisme (…) pour avoir une vision d’ensemble ». Le député a ajouté vouloir analyser la situation du désert alimentaire dans son comté et savoir si des points de service et de stockage seront développés sur le territoire.

À son tour, Marc-André Simard a pris la parole pour expliquer la mission sociale du Chic Resto Pop au chef du Parti Québécois. L’organisme, qui fête son 40e anniversaire cette année, offre des repas à prix modiques aux citoyens du quartier Hochelaga-Maisonneuve et des environs, des personnes qui vivent en situation de précarité alimentaire souvent sévère. Le restaurant propose également un service d’accompagnement professionnel à sa clientèle à travers son programme de réinsertion dans le marché du travail. 

Au Chic Resto Pop se réunissent, lors des services du midi et du soir, des aînés, des personnes seules et également un nombre important de familles. Le restaurant sert en moyenne entre 400 et 600 repas par jour, explique M. Simard. « C’est aussi un lieu pour briser l’isolement, il n’y a pas de tables individuelles », précise le directeur général en présentant la salle du restaurant de la main à Paul St-Pierre Plamondon.

Marc-André Simard ajoute que l’entreprise d’économie sociale finance ses actions communautaires avec la livraison de plats à faible coût, notamment aux personnes en perte d’autonomie. « Nos revenus sont de 4 millions par année avec notre modèle d’économie sociale, et suite à nos coûts d’opération, on est ensuite capable d’offrir des salaires intéressants à notre personnel, entre autres aux chefs de nos cuisines. » Le directeur général précise qu’en combinant le tout, les opérations du Chic Resto Pop permettent de nourrir « 1 000 personnes par jour dans Hochelaga-Maisonneuve et les environs ».  

La grande salle du restaurant Chic Resto Pop où s’est tenue la rencontre (Rayside Labossière)

Hausse de la demande et enjeux de financement 

Selon Thierry Bachelier, plusieurs constats ont été rapportés par les organismes membres du RAEM, notamment des défis importants de financement accentués par la hausse des bénéficiaires de services alimentaires. Le RAEM est supporté économiquement par Centraide, à travers un engagement triennal, et par un bailleur de fonds, Énergie Valero. Cependant, les montants reçus ne suffisent pas, assure M. Bachelier. « Il y a beaucoup d’efforts de notre part pour aller chercher du financement sur d’autres lieux d’opportunités et auprès des gens, pour nous aider à supporter la mission qui est la nôtre. » Il ajoute qu’avec les besoins criants d’aujourd’hui, on doit « couper en deux » les rations pour arriver à supporter le nombre de demandes croissantes en aide alimentaire. 

Marc-André Simard, directeur général du Chic Resto Pop (EMM/Sophie Gauthier)

Marc-André Simard abonde en ce sens et indique que l’achalandage du Chic Resto Pop a connu une hausse fulgurante de 61 % depuis l’année dernière, provoquant aussitôt une réaction d’étonnement chez le chef du Parti Québécois. Selon le restaurateur, il n’existe « aucun financement structurant pour le dossier de la sécurité alimentaire. Je reçois un financement de 156 000 $, alors que mon budget de denrées est de plus de 400 000 $. » 

Thierry Bachelier ajoute que le fonctionnement actuel de financement donné « par projet » provoque une compétition entre les organismes pour l’obtention de fonds gouvernementaux, et indique que des plans de financement « structurels et pluriannuels » seraient beaucoup plus avantageux. 

Paul St-Pierre Plamondon s’est dit « engagé mur à mur » sur cette question. « Les organismes communautaires sont aux prises avec un sous-financement chronique. Cela a comme conséquence une instabilité constante, donc d’immenses difficultés pour recruter et retenir le personnel nécessaire à la prestation de services qui y sont offerts. Nous avons plusieurs fois demandé au gouvernement de voir à long terme et d’assurer un financement adéquat et récurrent aux organismes communautaires », a-t-il précisé.

Le Parti Québécois prend position en matière d’enjeux sociaux, a expliqué le député de Camille-Laurin. En avril dernier, un projet de loi pour contrer le gaspillage alimentaire a été déposé. « On constate une augmentation des prix à l’épicerie et des loyers notamment. Nous jugeons que jeter des invendus, autant alimentaires que vestimentaires, est une vraie aberration, alors qu’on observe une aggravation de la pauvreté, voire de l’itinérance », ajoute Paul St-Pierre Plamondon. Une hausse du financement de 460 millions par année pour lutter contre la crise de l’itinérance avait été annoncée, quant à elle, en septembre dernier.

Parmi les solutions proposées par le directeur général du RAEM, une possible taxation gouvernementale des produits sucrés et une fixation de prix pour une quarantaine de denrées alimentaires et d’hygiène de base ont été mises sur la table. « Ça apporterait un peu de quiétude dans les bourses, qui sont aujourd’hui de plus en plus restreintes », conclut-il. 

Paul St-Pierre Plamondon indique vouloir « que les gens puissent manger le plus de fruits, de légumes et d’aliments sains » possible, mais pour qu’une fixation du coût des aliments soit réalisable, « il faut trouver la meilleure façon de l’opérationnaliser, autant concrètement que politiquement. »

À noter que M. Bachelier et le RAEM ont également rencontré le député de Gouin et co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, lors d’une rencontre qui s’est tenue jeudi dernier aux Jardins Collectifs de Montréal-Est.