PREMIER MANDAT : « MISSION ACCOMPLIE » DÉCLARE CHANTAL ROULEAU
La ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal et députée de Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, se dit fière des quatre années de mandat derrière elle, affirmant avoir le sentiment du devoir accompli. En entrevue avec EST MÉDIA Montréal, celle-ci dresse un bilan positif en termes de revitalisation de l’est de Montréal.
Depuis 2018, tout projet qui se concrétise dans l’est de la métropole semble se rattacher à la Déclaration du gouvernement du Québec et de la Ville de Montréal pour revitaliser l’est de Montréal. Mme Rouleau revient sur cette entente « historique » qui était plus que nécessaire à son avis. « La déclaration de l’est, elle est basée sur trois choses essentielles : la mobilité, le développement économique et les milieux de vie. Ce qu’elle a permis, c’est d’établir un plan régional spécifique pour l’est de Montréal qui fait partie des priorités gouvernementales. [ … ] Cela a inscrit l’est de Montréal dans les grandes priorités du gouvernement du Québec, ce qui n’existait pas avant. Parce qu’on avait pratiquement oublié l’est de Montréal; il n’y avait pas d’investissements importants. Il y a toujours eu de petites choses qui se sont faites, mais on ne pensait pas au redéveloppement de l’est. Là, on le fait. »
Pour mettre en lumière l’importance de ce document, celle-ci prend en exemple le dossier de la mobilité. « [ … ] On parle de la ligne bleue, c’est 6,4 G$. Ce que la Déclaration de l’est a permis de faire, c’est de remettre sur les rails la ligne bleue. [ … ] Ça fait quarante ans qu’on en parle et dans les dernières années, quand j’ai repris le dossier, les coûts augmentaient, augmentaient, augmentaient, mais dans toutes ces augmentations, il n’y avait rien pour améliorer le service des usagers. On ne faisait qu’augmenter les coûts et comme solution on décidait de couper dans les stations. Et moi j’ai dit : non, il n’en est pas question. »
Mme Rouleau affirme que sous son leadership, il a été possible de mettre en place un budget raisonnable pour la ligne bleue, faisant passer la facture pour les cinq stations de 6,9 à 5,7 milliards de dollars. « On maintient les cinq stations, on garde la même portée et on améliore le projet. Parce qu’initialement, il y avait la station Anjou qui était dans le stationnement des Galeries d’Anjou, ce qui causait toute une commotion et aurait entraîné des expropriations; et ça freinait énormément le projet. Avec ces réflexions de tous les experts, la station est désormais sous l’autoroute 25. On a brisé le mur de l’autoroute, pour avoir un édicule du côté ouest et du côté est de la 25, ce qui ouvre toute une perspective de mobilité et de développement », insiste la ministre.
REM de l’est
Toujours dans le domaine des transports, Mme Rouleau affirme être satisfaite de l’évolution du projet du REM de l’est, malgré la reprise du dossier par le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal. En effet, cette ligne de train automatisé dont le tracé irait jusqu’à la pointe de l’île et dont le budget est évalué à 10 G$ était jusqu’au printemps dernier piloté par CDPQ Infra. Cependant, le manque d’acceptabilité sociale de la portion aérienne du train au centre-ville a forcé le gouvernement à revoir les plans, ce qui a poussé CDPQ Infra à se retirer du projet.
Toutefois, on ne retourne pas à la table à dessin complètement, selon la ministre. « On n’a pas tout jeté et on ne recommence pas tout à zéro, loin de là. On garde la technologie. C’est un train automatisé aérien ou souterrain, selon les possibilités. Ça permet à chaque station d’avoir une mobilité aux trois minutes. Ce qui ne fonctionnait pas, c’était la partie centre-ville, mais 85 % du tracé fonctionne, fait consensus, et vient répondre aux besoins de 500 000 personnes », dixit Mme Rouleau.
Quant au développement du reste du projet, incluant le tracé aérien controversé dans Mercier, elle ajoute : « On a mandaté l’ARTM, qui coordonne un groupe de travail avec le MTQ, la Ville de Montréal et la STM, pour s’assurer que ce 85 % du tracé qui fait consensus soit bien rattaché au réseau de métro et au SRB Pie IX, et pour que la partie qui est sensible dans Mercier, qu’on puisse y assurer la meilleure intégration possible. Aussi, pour qu’on puisse prolonger dans Rivière-des-Prairies vers Lanaudière, ce qui va dégager énormément l’autoroute 40, qui le matin et le soir est extrêmement congestionnée à l’entrée de Montréal. »
La députée est convaincue que « tout s’est bien passé avec CDPQ Infra. » « Ils voulaient aller au centre-ville, alors que le gouvernement et Montréal on a dit ça ne marche pas; on reprend le leadership et on veut que ça se réalise. Le REM, il vient se connecter sur le réseau structurant actuel. Ça va permettre la mobilité et l’accès à l’ensemble de l’île de Montréal et de la région de Montréal. Il y a eu des ententes avec la Caisse de dépôt et toutes les études ont été transférées. Alors, on ne manque d’aucune information, on a tout en main pour poursuivre le travail. Aujourd’hui, le mandat de l’ARTM c’est de s’assurer de ce tracé », souligne-t-elle.
« Moi ce que j’entends, c’est qu’une majorité de gens veulent de ce projet », conclut la ministre à propos du REM de l’est.
Décontamination des sols
Un autre grand fer de lance du gouvernement pour la revitalisation de l’est de Montréal est l’enjeu de la décontamination des sols.
Le gouvernement de la CAQ prévoit 200 M$ pour subventionner les projets de décontamination dans ce secteur. Déjà 100 M$ ont été transférés à la Ville de Montréal dans cette visée, mais à peine 10 M$ ont été réclamés par des entreprises privées depuis la création de cette enveloppe en 2020. Face au manque de progrès à ce niveau, la ministre assure que le travail de décontamination se fera, sans préciser les moyens pour y parvenir. « On a des solutions pour accélérer les choses qu’on pourra mettre en place. Maintenant, il y a des élections, on y travaille et ça pourra se concrétiser lors d’un prochain mandat. Je ne peux pas m’avancer plus que cela. »
C’est pour des raisons « administratives » et des « conditions qui n’étaient pas idéales », que le programme de subvention aux entreprises n’a pas été populaire jusqu’à présent, croit Mme Rouleau. « Il faut transformer ça et c’est ce qu’on va faire, avec la Ville évidemment. »
Santé
Durement critiquée par le député solidaire de Rosemont, Vincent Marissal, au sujet des rénovations de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) lors d’une récente entrevue, Mme Rouleau se défend. « C’est 2,5 G$ en rénovations sur site de l’HMR qu’on investit. On passe de 544 lits à 720 lits, on va augmenter la capacité de l’hôpital. On n’attend pas que les travaux commencent, car dès maintenant il y a une modernisation de plusieurs installations d’avant-garde. On a établi une stratégie nommée « urgence d’agir » pour moderniser les infrastructures dès maintenant. Tout récemment, j’annonçais un supplément de 25 M$ pour ces infrastructures », insiste la députée.
Cette dernière ajoute que des investissements ont été faits pour mettre en place le Groupe de médecine de famille d’Hochelaga-Maisonneuve, ainsi que pour améliorer celui de Pointe-aux-Trembles, et qu’une nouvelle annexe d’un CLSC a été annoncée dans Montréal-Nord.
Par ailleurs, en ce qui concerne l’absence de projet de Maisons des aînés dans l’est de Montréal, la ministre affirme que des lits supplémentaires ne sont pas nécessaires dans ce secteur et qu’il faut plutôt se tourner vers des investissements pour rénover des CHSLD.
Logement
Après une autre année de surchauffe immobilière à Montréal, la ministre soutient que le dossier du logement dans l’est a été défendu ardemment par son gouvernement.
Que ce soit la rénovation complète des coopératives à Montréal-Est qui devrait bientôt démarrer, le projet de revitalisation de la rue Notre-Dame dans le secteur du vieux Pointe-aux-Trembles ou encore « l’énorme projet » avec Bâtir son quartier sur la rue Sherbrooke Est, dans l’ancien motel Pignon rouge, et qui à terme permettra la création de 570 nouveaux logements, Mme Rouleau affirme que beaucoup de progrès ont été accomplis en cette matière durant les quatre dernières années.
En guise de conclusion vis-à-vis de ce bilan, la ministre se dit honorée d’avoir obtenu le mandat de la métropole. « Ce que j’ai aimé, c’est que c’est extrêmement transversal. Ça m’a amené à travailler avec tous les autres ministres. Pour moi, personnellement c’est un bonheur. Et ma mission, ce fut de m’assurer qu’on réponde bien aux besoins de la métropole. Pour moi, ce premier mandat, c’est mission accomplie. C’est sûr qu’il reste encore des choses à faire et qu’il y a des choses qu’on aurait pu faire autrement. Mais on a un gouvernement et un premier ministre très à l’écoute des gens », souligne-t-elle.