L’église Saint-Bernardin-de-Sienne est actuellement en piètre état, mais son propriétaire, le groupe C.E.A., souhaite la faire revivre bientôt (Denis F Côté)

QU’ADVIENDRA-T-IL DE L’ÉGLISE SAINT-BERNADIN-DE-SIENNE?

Depuis 2013, l’église Saint-Bernadin-de-Sienne, située au bord du boulevard Crémazie dans le quartier Saint-Michel, demeure vacante. Après deux incendies s’étant déroulés au début de l’année 2019, dont l’un a ravagé le presbytère, l’édifice a été racheté par le groupe Christ en action évangélisation (C.A.E.) à la fin de la même année pour la somme de 2 273 000 $. L’organisme prévoit redéployer ses opérations à cet endroit, mais le projet piétine.

Les propriétaires de l’immeuble planifiaient de le démolir en 2024. Or, selon le Registre des permis de l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension (VSP), aucun permis n’a à ce jour été délivré à cet effet.

Le groupe religieux a procédé à la démolition du presbytère en 2020 à la suite de l’incendie, puis au désamiantage intérieur de l’église en 2021. « Par ailleurs, à la demande de l’arrondissement, le propriétaire a retiré la flèche du clocher en septembre 2021 pour des raisons de sécurité », nous confirme dans un courriel l’arrondissement de VSP.

On ajoute n’avoir « aucune information à partager à l’heure actuelle sur une éventuelle démolition du bâtiment ou projet à cet endroit. Les seuls travaux en cours visent la sécurisation et le barricadage du site et du bâtiment. Néanmoins, nous maintenons un contact continu avec les propriétaires de l’édifice afin de maintenir sa sécurité et nous les accompagnons dans leurs projets futurs », termine l’arrondissement dans son message électronique.

Édifice à valeur patrimoniale

Construite en 1955, l’église Saint-Bernadin-de-Sienne possède certaines caractéristiques patrimoniales. « De facture moderne, on y retrouve une réinterprétation des formes traditionnelles comme les arcs ogivaux et le plan traditionnel en croix. L’intérieur de l’église est également à souligner, notamment les vitraux, le mobilier et les œuvres d’art. La forme de l’église, et sa voûte principale abritant la nef, est remarquable », souligne l’organisme Héritage Montréal sur son site répertoriant le patrimoine urbain nommé Memento.

Une esquisse du projet de la future église de l’organisme C.E.A (Courtoisie)

Ce sont ces particularités que la Ville de Montréal a souhaité mettre en lumière dans Énoncé de l’intérêt patrimonial émis en 2014 (ÉGLISE SAINT-BERNARDIN ÉNONCÉ FINAL). « Bénéficiant d’une bonne visibilité, notamment depuis l’autoroute métropolitaine longeant le site, cette église constitue un point de repère important dans le secteur en raison du profil élancé de sa flèche et de son toit en voile de béton blanc qui se démarquent dans le paysage. Élément dominant du noyau institutionnel de Saint-Michel, l’église Saint-Bernardin-de-Sienne se distingue de son voisinage par sa monumentalité accentuée par les caractéristiques paysagères de son site et sa facture architecturale moderne affirmée », indiquait-on dans l’énoncé. Cette église est aussi inventoriée au Répertoire du patrimoine culturel du Québec, mais ne possède pas de protection patrimoniale particulière.

Or, il semblerait que ce soit cet aspect patrimonial qui ralentisse le processus de démolition, selon le groupe C.E.A., qui présentait en 2022 une dernière mise à jour de son projet de reconstruction. « Dans notre planning, on supposait qu’on pourrait faire notre démolition [en 2022]. C’est ça qu’on aurait voulu faire. Mais il y a eu arrêt des travaux en mars 2022, on ne pouvait plus continuer la démolition. On a arrêté nos travaux à cause de la Ville », explique le pasteur Mathias Adankon dans une vidéo disponible sur le site Internet de l’organisme. Selon les informations diffusées dans la mise à jour, la reconnaissance patrimoniale accordée par la Ville empêcherait l’arrondissement de VSP d’émettre les permis de démolition.

Durant sa plus récente campagne de financement, C.E.A. rapportait avoir amassé 547 918 $ sur un objectif de 4 149 000 $ pour le projet de démolition et de reconstruction. En plus des 2 M$ qui ont été récoltés pour l’achat de l’édifice, le groupe religieux affirme avoir déboursé environ 1 427 000 $ pour la démolition de l’ancien presbytère, le démantèlement du clocher, le désamiantage et la démolition du bâtiment principal.

Les plans de sa nouvelle église proposent de construire un édifice incluant une grande salle pouvant accueillir 1 000 personnes à l’étage et 500 autres sur sa mezzanine. Des salles de classe, une salle polyvalente et une cafétéria sont aussi au programme.

Contacté par EST MÉDIA Montréal, le groupe C.E.A n’a pas donné suite à nos demandes d’entrevue.