Vincent Marissal (photo EMM).

MARISSAL DRESSE UN SOMBRE BILAN DE LA CAQ DANS L’EST

Jouant son rôle d’opposition selon les règles de l’art, le député de Rosemont se fait sans surprise très critique des quatre années de pouvoir de la CAQ, surtout envers le bilan de la formation de François Legault dans l’est de Montréal. Rencontré ces derniers jours afin de faire le point sur son propre bilan, le député de Québec Solidaire a surtout profité de l’occasion pour fustiger la CAQ et en particulier la ministre Chantal Rouleau pour notamment « l’échec lamentable du REM de l’est » et « l’inaction du gouvernement dans le dossier de la reconstruction de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. »

Le saut en politique de l’ex-journaliste et chroniqueur vedette de La Presse, Vincent Marissal, ne s’est pas fait dans de la douce ouate il y a quatre ans. On se souviendra que plusieurs lui avaient reproché à l’époque un certain opportunisme alors qu’il aurait « tâter le terrain » du côté des libéraux fédéraux avant d’annoncer sa candidature pour Québec Solidaire, deux partis aux idées plutôt éloignées sur la sphère politique. Quoiqu’il en soit, le résident de Rosemont aura finalement bien mené sa barque en délogeant in extremis le Parti Québécois du comté, et surtout son chef Jean-François Lisée, un combat qui avait été l’un des plus féroces et des plus intéressants à suivre lors de la dernière campagne électorale provinciale.

« L’est a reculé depuis quatre ans »

D’entrée de jeu et tout au long de l’entrevue, le député solidaire insistera sur « la piètre performance de la CAQ dans l’est de Montréal, qui n’a absolument pas livré la marchandise promise, et qui a déçu au final beaucoup, beaucoup de monde. » Selon Marissal, « la CAQ a fait reculer l’est de quatre ans quant au transport collectif, voire de huit ans tellement le fiasco du REM de l’est est grand. Et on a reculé sur le dossier de la reconstruction de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Et on stagne carrément dans la revitalisation des zones industrielles et de la décontamination des sols. La CAQ n’a rien livré de concret dans l’est depuis 2018 malgré la Déclaration pour revitaliser l’est de Montréal, qui s’avère plus une coquille vide qu’autre chose. Quand on prend un peu de recul et qu’on regarde le bilan dans l’est, c’est extrêmement décevant alors qu’on s’attendait à tellement plus », affirme Vincent Marissal.

Porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de santé et pour la Métropole, le député de Rosemont a fait de la reconstruction de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont son cheval de bataille au courant de la dernière année. De son propre aveu, il aurait réussi à rassembler une coalition d’acteurs influents de l’est de Montréal qui militeraient de plus en plus activement pour que les travaux de reconstruction du plus important hôpital de l’est de Montréal débutent enfin, après des années et des années de tergiversations. Il est par ailleurs de tous les événements et de toutes les annonces publiques concernant l’HMR depuis plus d’un an, et il a questionné le gouvernement à plusieurs reprises en Chambre sur le même sujet.

Selon lui, le dossier n’avancerait pas à cause d’une enveloppe budgétaire irréaliste imposée par Québec. « Le problème, c’est que la direction du CIUSSS doit composer avec un budget de 2,5 G $, une directive de Québec, mais tout le monde qui gravite autour de ce dossier sait pertinemment que la reconstruction de l’HMR, qui prévoit notamment plus de 700 lits, coûtera au moins 4 G $. Selon les estimations que j’ai et qui proviennent de l’intérieur même du CIUSSS, on parle pour le moment d’un réel besoin avoisinant les 4,2 G $. Désolé, mais la direction actuelle ne peut pas faire des miracles avec 2,5 G $, c’est pour ça que le projet n’avance pas et qu’on en est encore à des scénarios. Comme dans le temps des libéraux finalement. Se commettre à le faire c’est une chose, c’est facile, mais là c’est urgent, il faut que la construction débute, les résidents de l’est ont assez attendu et ils méritent plus qu’un hôpital de brousse qui ne cesse de tomber en ruine. C’est rendu ridicule, il n’y a aucune excuse en 2022 pour qu’on ne lance pas ce projet », exprime Vincent Marissal. Ce dernier dit talonner le ministre de la Santé, Christian Dubé, depuis au moins deux ans sur deux choses : l’échéancier prévu et le montant officiellement budgété par Québec pour la reconstruction de l’HMR. « Il refuse systématiquement de répondre à ces deux questions. Mais étonnamment, on voit Chantal Rouleau se péter les bretelles lors d’annonces sporadiques concernant des activités dans le système de la santé dans l’est, alors que les vrais gros dossiers, on en parle pas. Moi ce que j’observe, c’est que ça rit jaune en ce moment dans le milieu de la santé dans l’est de Montréal », avance le député.

Photo courtoisie.

Vincent Marissal ajoutera à ses propos qu’il trouve également « inacceptable de constater qu’aucune maison des aînés soit annoncée dans l’est de Montréal, alors que l’ouest de l’Île en accueillera au moins deux, et qu’on priorise en ce moment que la rénovation de vieux CHSLD comme Grace Dart et Rousselot qui sont plus que vétustes, alors que c’est plutôt de nouvelles infrastructures que l’est de Montréal a besoin. »

Manque de leadership

Si le transport collectif, l’amélioration des infrastructures de santé, la revitalisation des zones industrielles, et dans une autre mesure le manque de nouvelles écoles dans le centre-est et le manque de planification en matière de logement sur le territoire s’avèrent des dossiers déficients dans l’est de Montréal selon le député, le tout serait dû en grande partie par un manque de leadership soutient Vincent Marissal. « Pour revitaliser une grande zone comme l’est de Montréal, ça prend une locomotive. Comme la reconstruction de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont par exemple. Mais aussi l’amélioration du transport collectif avec un grand projet structurant. Jusqu’à présent ça ne marche pas avec la CAQ; le REM de l’est c’est par ailleurs un désastre. Et autre exemple, quand on parle de revitaliser les zones industrielles, d’amener du développement durable, et qu’on annonce concrètement que l’arrivée de gros entrepôts comme Costco et Amazon sur d’anciens terrains enfin décontaminés, il manque un leadership dans l’est de Montréal c’est certain, et pour des projets d’ampleur nationaux comme ceux-ci, ça doit venir de Québec en premier lieu. Là on dirait que Valérie Plante est toujours obligé de quêter pour avoir un soutien de Québec, ça n’a pas de bon sens », clame Marissal.

Bourget dans la mire

Contre toute attente en 2018, Québec Solidaire avait récolté près de 30 % des voix dans la circonscription de Bourget (entre Hochelaga-Maisonneuve et Pointe-aux-Trembles), que la CAQ a ravi au PQ par seulement 500 votes. Le député solidaire d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, a d’ailleurs été très présent dans certains dossiers touchant particulièrement le secteur ces dernières années, concernant notamment Ray-Mont Logistiques et le REM de l’est. S’il y a donc un autre comté « prenable » dans l’est de Montréal pour Québec Solidaire, c’est certainement Bourget. Une lutte qui s’annonce d’autant plus intéressante que le PQ sera cette fois représenté par nul autre que son chef, Paul St-Pierre Plamondon. La candidate de QS, Marie-Ève Rancourt, est une avocate militante bien connue dans secteur, surtout pour son activisme au sein du groupe citoyen Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM.

« Nous avons beaucoup d’espoir pour la circonscription de Bourget. Notre candidate est solide, Alexandre a fait du bon boulot dans ce secteur limitrophe au sien ces quatre dernières années, et je pense que le député caquiste actuel n’était pas vraiment visible ces quatre dernières années. La question qui demeure en ce moment incertaine à mes yeux : le vote traditionnellement péquiste ira de quel côté dans Bourget si la chute du PQ se poursuit ? », exprime le député de Rosemont.

Quant à sa propre campagne qui s’annonce, Vincent Marissal s’attend toujours à une lutte serrée, « mais certainement pas plus difficile qu’en 2018 », conclut-il.