Chantal Rouleau, ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire (Emmanuel Delacour/EMM)

PAUVRETÉ, AIDE SOCIALE ET ACTION COMMUNAUTAIRE : D’IMPORTANTES RÉFORMES BIENTÔT PRÉSENTÉES PAR LA MINISTRE ROULEAU

Près d’une année et demie après être entrée en poste à titre de ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire, Chantal Rouleau prépare un important chantier de réformes dans le milieu.

La députée de la Coalition Avenir Québec (CAQ) dans la circonscription de Pointe-aux-Trembles (PAT) est de retour d’une tournée dans toute la province durant laquelle elle a rencontré 500 organismes et personnes d’affaires afin de mieux connaître les besoins du milieu communautaire et de leurs acteurs. « Les organismes communautaires sont importants pour le tissu social, c’est grâce à eux qu’on peut s’assurer d’avoir une bonne cohésion sociale. On a vu avec la pandémie l’importance qu’ils ont », souligne la ministre.

Bien évidemment, au cœur des préoccupations des organismes se trouve le financement. Le prédécesseur de Mme Rouleau, Jean Boulet, annonçait il y a deux ans le Plan d’action gouvernemental en matière d’action communautaire 2022-2027. Ce plan prévoit des investissements de 1,1 milliard de dollars sur 5 ans pour mettre en œuvre des mesures portées dans le but de mieux soutenir les organismes communautaires. Il vise surtout à rehausser le financement à la mission des organismes et à améliorer les conditions de travail de leurs employés, soutient la députée de l’est de Montréal.

En outre, trois gros dossiers sont sur la table de Mme Rouleau depuis son arrivée en poste : la création d’un quatrième plan gouvernemental de lutte à la pauvreté, qui devrait paraître prochainement, une modernisation de la loi sur l’assistance sociale et la création d’une loi-cadre sur l’action communautaire, livrée au plus tard en 2025.

Ainsi, au niveau de la lutte à la pauvreté, un des enjeux centraux au Québec depuis la COVID-19 est sans contredit l’accès à l’alimentation. L’organisme Les Banques alimentaires du Québec (BAQ) dévoilait en octobre dernier qu’un Québécois sur dix faisait appel à de l’aide alimentaire en 2023. Cette nouvelle réalité, il faudra en tenir compte dans le nouveau plan de lutte à la pauvreté, reconnaît Mme Rouleau.

« C’est vrai qu’on voit un accroissement, qu’on a vu une augmentation notable des personnes, des familles qui doivent avoir accès aux comptoirs alimentaires un peu partout. Alors, c’est pour ça qu’on a sensiblement augmenté les budgets concernant l’aide alimentaire et que je travaille sur une stratégie de sécurité alimentaire », affirme l’élue.

En effet, lors du budget provincial dévoilé en mars 2023, une aide de 40 M$ sur 2 ans (30 M$ en 2024-2025 et 10 M$ en 2025-2026) a été annoncée pour le réseau des BAQ.

La ministre soulève aussi la création du Carrefour d’innovation bioalimentaire de l’Est, soutenu par un financement de 900 000 $ provenant à parts égales de Québec, d’Ottawa et de l’Université de Montréal. Cette usine pilote, située au 5600, rue Hochelaga et portée par le Collège de Maisonneuve, La Cuisine Collective Hochelaga-Maisonneuve (CCHM) et PME MTL Centre-Est, ouvre la voie à de la recherche et du développement pour les entreprises d’économie sociale et les organismes communautaires.

Aide sociale et action communautaire

En ce qui a trait à la réforme envisagée de l’aide sociale, la ministre reste un peu plus coite, ne voulant pas dévoiler le détail d’un projet de loi en cours de rédaction et ainsi aller « à l’encontre des règles de l’Assemblée nationale ». Toutefois, la modernisation de la Loi sur l’aide aux personnes et aux familles devrait ainsi aider à dépoussiérer certaines règles qui ne reflètent plus la réalité du travail au Québec. « On est allé à la rencontre d’une centaine de bureaux de Services Québec, s’asseoir avec eux pour comprendre sur quoi on devrait travailler », explique la ministre.

Enfin, dans la création d’une loi pour encadrer l’action communautaire, Mme Rouleau laisse entrevoir certaines mesures qui permettraient de rendre la vie plus facile aux organismes. Elle souhaiterait entre autres alléger le processus de reddition de compte pour les groupes, qui dans certains cas doivent dédier une importante partie de leur budget pour engager des employés dont la principale tâche est de remplir des formulaires. En effet, jusqu’à 23 ministères et organismes connexes octroient des sommes dans le contexte de projets communautaires, et chacune de ces entités peut avoir des méthodes de reddition de compte différentes. Rapporter comment on a utilisé des argents peut ainsi se transformer en véritable casse-tête. « On sait à quel point la reddition de compte peut être lourde pour les organismes. Moi, ce que je souhaite, c’est que l’argent qu’on leur donne ne serve pas à la reddition de compte, mais à leur mission pour les citoyens », insiste Mme Rouleau.

De plus, la ministre entrevoit la possibilité d’outiller les organismes afin qu’ils puissent mieux se loger. Les coûts liés à l’immobilier ne cessent d’augmenter au Québec et il en va de même pour les groupes communautaires qui ont de plus en plus de difficulté à se trouver un loyer abordable. Lorsqu’ils ne paient pas de loyers exorbitants dans le privé, certains subsistent grâce à des baux à rabais contractés auprès d’institutions publiques, comme les centres de services scolaires. Toutefois, comme cela a récemment été le cas avec le PEC Hochelaga, les édifices souvent vétustes doivent être repris pour des raisons de sécurité.

« On est autour de la table avec tous les acteurs pour voir ce qui pourrait être un frein à l’acquisition de locaux. Parfois, les organismes pourraient avoir les sommes nécessaires pour acquérir un édifice, mais n’auraient pas les budgets de fonctionnement ensuite pour faire le maintien d’actifs », explique la ministre.

La mutualisation des services pour les organismes dont l’offre est similaire sur le même territoire, l’implication du milieu philanthropique dans le financement communautaire et l’inclusion de l’économie sociale, dans certains cas, sont toutes des idées sur la table à dessin de la ministre.

Cette dernière espère un dépôt de sa loi-cadre rapidement, « au plus tard en 2025 », termine-t-elle.


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