La dizaine d’organismes qui résidait au 1691, boulevard Pie-IX, un édifice appartenant au Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), a quitté les lieux, un peu plus d’un an après avoir reçu un avis d’éviction.

Durant les premières semaines de 2024, le Pavillon d’éducation communautaire d’Hochelaga-Maisonneuve (PEC) et les huit autres organismes qui sous-louaient les espaces de celui-ci ont été forcés de se trouver un nouveau toit. Lors d’une visite de notre journaliste vendredi dernier, l’ensemble des groupes communautaires avaient d’ores et déjà évacué leurs locaux, tandis que les déménageurs s’affairaient à transporter les biens du PEC.

Le PEC relocalisera pour la prochaine année ses opérations au 4650, rue Ontario Est, dans un local plus petit, note Martha Ortiz, directrice générale (DG) de l’organisme.

« On ne pourra pas offrir toutes les activités que l’on offrait précédemment dans les espaces du 1691, Pie-IX. Les cours de danse pour les aînés par exemple, ça ne sera pas possible. On risque de perdre beaucoup de nos membres, de les décevoir, parce qu’on ne peut plus proposer toutes nos activités », affirme cette dernière. Le PEC proposait jusqu’à tout récemment des activités à près de 600 membres.

L’organisme s’est ainsi vu dans l’obligation de se départir de plusieurs articles et appareils en tout genre faute d’espace. La friperie qu’il opérait a fait don de l’entièreté de ses vêtements à des organismes de bienfaisance. Des jouets, des appareils électroniques et même des moules de poterie ont été vendus, donnés ou recyclés, le PEC n’ayant pas la possibilité de les entreposer. Le reste sera mis en consigne dans des espaces d’entreposage, ce qui engendrera d’importants coûts pour l’organisme, qui survit surtout grâce à des subventions. Mme Ortiz estime à 4 000 $ ou 5 000 $ par années ses frais d’entreposage pour les objets qui ne pourront pas être conservés aux locaux du 4650, rue Ontario Est. Par ailleurs, lors du passage d’EST MÉDIA Montréal, elle estimait que ses frais de déménagements pourraient monter jusqu’à 10 000 $.

De plus, il faudra sans doute répéter ce manège en 2025, car le nouveau bail négocié auprès du CSSDM est temporaire et prendra fin à l’été de l’année prochaine, se désole Mme Ortiz. « Étant donné que le PEC n’a pas réussi à trouver un nouvel endroit, nous avons offert d’accommoder l’organisme en lui louant un espace transitoire temporaire. Ce sera au PEC de trouver un nouveau lieu », confirme-t-on au CSSDM.

Pour un nouveau pôle communautaire dans Hochelaga

Pour sa part, Stéphanie Thibault, formatrice et cogestionnaire du Tour de lire, un des huit organismes précédemment locataires du 1691, boulevard Pie-IX, revendique la création d’un nouveau pôle communautaire dans le quartier.

« Nous sommes loin d’être satisfaits de ce dénouement. La façon dont s’est déroulée cette histoire témoigne du mépris du gouvernement par rapport à la situation des organismes communautaires, martèle-t-elle. Hochelaga-Maisonneuve a besoin d’un pôle communautaire accessible à tous. »

Son organisme, ainsi que le Comité BAILS, Entraide Logement, le Comité Chômage de l’Est de Montréal et le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi ont été relocalisés au 1935, rue Cuvillier. Ceux-ci espéraient pouvoir trouver un autre local appartenant à un propriétaire institutionnel, tel que le CSSDM, mais ils se sont vus dans l’obligation d’aller négocier un bail au privé. Leur loyer aurait ainsi explosé de 160 % par rapport au précédent. Le CSSDM a toutefois offert son support logistique pour déménager certains des organismes.

« Vu que nos budgets proviennent surtout de subventions, cela signifie que c’est de l’argent public qui ira encore une fois se retrouver dans les poches d’intérêts privés lorsque nous défraierons notre loyer ou lorsque nous procéderons aux travaux nécessaires à notre aménagement dans ces locaux », constate Mme Thibault. Cette dernière indique que les cinq organismes ont signé une entente pour cinq années d’occupation avec le propriétaire des lieux.

Vétusté avancée

Pour sa part, le CSSDM rappelle que l’état de vétusté du 1691, boulevard Pie-IX nécessite des travaux majeurs. « Les expertises démontrent qu’à défaut de réaliser ces travaux, l’occupation de l’immeuble ne peut se poursuivre. La responsabilité du CSSDM est d’assurer que les lieux sont sains et sécuritaires », affirme-t-on par courriel aux relations médias du CSSDM.

C’est en décembre 2022 que le CSSDM a signifié aux responsables du PEC la fin de l’occupation du bâtiment au 31 décembre 2023. EST MÉDIA Montréal avait rapporté en janvier 2023 que les organismes avaient reçu avant le temps des Fêtes un avis d’éviction de la part du propriétaire du bâtiment.

« En ce qui concerne l’avenir de l’édifice au 1691, boulevard Pie-IX, lors des discussions avec les responsables du PEC, il leur avait été offert d’acquérir l’immeuble. Il semble que l’organisme poursuive ses démarches d’acquisition. Et de notre côté, nous analysons toujours l’avenir de ce bâtiment. Chose certaine, l’édifice, dans son état actuel, ne peut accueillir d’occupants en raison de sa vétusté », ajoute le CSSDM.

Pourtant, des documents sur l’état de la bâtisse obtenus par les organismes locataires auprès du CSSDM par la Loi de l’accès à l’information révélaient qu’une firme d’architectes privilégiait la rénovation des lieux sans le déménagement des organismes. Qui plus est, aucun document d’analyse obtenu ne prescrivait l’évacuation immédiate des lieux pour des raisons de sécurité.

Selon le Plan triennal de répartition et de destination des immeubles 2021-2024 du CSSDM, aucun projet n’est sur la table pour cet édifice d’ici les prochaines années, la note « statu quo » étant inscrite au dossier jusqu’en 2024.