ITINÉRANCE : PLUSIEURS CAMPEURS SUR NOTRE-DAME EST SERONT ÉVINCÉS
Certaines personnes en situation d’itinérance qui campent aux abords de la rue Notre-Dame Est, dans le quartier Hochelaga, devront plier bagage. Le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) a annoncé à ces derniers leur éviction prochaine afin d’assurer la sécurité des lieux.
L’information a été confirmée lundi par le MTMD. Des avis ont été placardés sur des tentes et à proximité des campements depuis vendredi dernier. On peut y lire qu’« une éviction et [qu’]un nettoyage complet de l’espace » occupé seront faits le jeudi 21 novembre*. La notice indique que les biens laissés à l’abandon seront jetés à la suite de l’opération, qui devrait débuter à partir de 7 h 30.
*Mise à jour: Un article de La Presse publié mardi rapportait que le démantèlement n’aurait pas lieu avant le 1er décembre. Ce sursis survient alors que la Clinique juridique itinérante a envoyé une requête au Procureur général du Québec d’attendre l’ouverture des haltes-chaleur pour procéder au démantèlement. Au moment d’écrire ces lignes, EST MÉDIA Montréal (EMM) n’avait pas pu confirmer cette information auprès du gouvernement ou de la Clinique juridique.
Un porte-parole du ministère a confirmé à EMM que le démantèlement aura lieu à trois endroits stratégiques sur le terre-plein longeant la rue Notre-Dame Est, soit entre les rues Joliette et Aylwin, à l’angle « est » de l’avenue Bourbonnière et au sud du parc Morgan.
« Le vendredi 15 novembre, le ministère a remis un avis d’éviction aux usagers de [ces] trois endroits spécifiques le long de Notre-Dame. Cet avis d’éviction découle d’un avis de non-conformité qui a été reçu par le ministère des Transports et auquel on doit se soumettre », a affirmé Gilles Payer, porte-parole du MTMD. Des employés du ministère et des travaux publics seront donc sur place jeudi matin pour retirer les dizaines de tentes et les objets qui s’y trouvent. Des agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) porteront également assistance à ceux-ci.
Cet avis de non-conformité a été envoyé par l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM), a confirmé M. Payer.
En effet, le Journal de Montréal rapportait lundi qu’en marge du conseil municipal de la Ville de Montréal, le responsable de l’itinérance au comité exécutif, Robert Beaudry, avait confirmé que des « observations inquiétantes » avaient été rapportées sur le terrain, notamment des activités criminelles et des risques d’incendie. Contacté lundi par EMM, le cabinet de la mairesse de Montréal et du comité exécutif de Montréal n’ont pas pu confirmer ces dires au moment de la rédaction de cet article.
Au MTMD, on n’était pas en mesure de prédire si tous les campeurs devaient quitter le terrain ce jeudi, ou seulement ceux situés aux endroits « névralgiques ». Impossible non plus d’anticiper si d’autres opérations de démantèlement suivront si les campeurs en venaient à se réinstaller sur ces sites durant l’hiver.
« Le MTMD agit en bon propriétaire et va faire respecter les règles. Il faut le faire rapidement en faveur de la sécurité des lieux pour les citoyens du secteur et, évidemment, pour la sécurité des usagers qui sont en situation illégale sur les terrains concernés. On se préoccupe de la sécurité de tout le monde. Ce qui adviendra dans l’avenir, c’est difficile à prédire. Et à ce moment-ci, c’est hypothétique, parce que l’hiver est à nos portes et que ce n’est pas un endroit qui est fait pour être habité et, à plus forte raison, il s’agit d’un endroit qui est une emprise de route qui est assez achalandée », a informé M. Payer.
Lundi, au passage d’EMM, plusieurs campeurs étaient encore présents sur les lieux. Cependant, selon nos observations, nombreux sont ceux qui avaient quitté les lieux depuis cet été. Des amoncèlements de déchets et d’objets variés étaient aussi présents, particulièrement aux abords du parc Morgan.
D’importants problèmes
Du côté du cabinet du maire de MHM, Pierre Lessard-Blais, on dit s’inquiéter de ce qui attend les campeurs à la suite de leur éviction. « Où iront les gens qui doivent vivre présentement sur la friche? Les refuges sont pleins et les organismes dans Hochelaga-Maisonneuve sont débordés. La ligne dure de M. Carmant sur le nombre de lits disponibles pour les personnes en situation d’itinérance est incompréhensible dans ce contexte », a soutenu le cabinet du maire dans un courriel.
L’équipe de M. Lessard-Blais reconnaît qu’il y a « d’importants problèmes sur la friche du MTMD » et demande que l’on trouve une solution à court terme. On souhaite notamment l’implication active du réseau de la santé auprès des gens qui dorment sur la friche. « Malheureusement, c’est silence radio du côté de la ministre des Transports; nous n’avons toujours pas de réponse à notre lettre envoyée en septembre », poursuit le message.
L’équipe du maire fait référence à une lettre envoyée au MTMD mettant fin à une entente prise en 1985, qui fait du ministère le propriétaire du terrain, tandis que l’administration municipale est responsable de son entretien. Cet accord visait à faciliter un projet de reconstruction de la rue Notre-Dame Est, qui a été depuis abandonné. Dans ce contexte, le maire de MHM a demandé au MTMD de céder à la Ville le terrain afin qu’il puisse en faire la gestion.
Questionné à ce propos, le porte-parole du ministère a indiqué qu’aucune décision n’avait été prise à cet égard actuellement.