Soraya Martinez Ferrada (Emmanuel Delacour/EMM)

CHEFFERIE D’ENSEMBLE MONTRÉAL : SORAYA MARTINEZ FERRADA PRÉSENTE SES IDÉES POUR L’EST

On apprenait la semaine dernière que la députée fédérale d’Hochelaga et maintenant ex-ministre Soraya Martinez Ferrada faisait le saut dans la course à la mairie de Montréal en se présentant comme candidate à la chefferie d’Ensemble Montréal. En entrevue avec EST MÉDIA Montréal, celle-ci explique son choix de revenir à la politique municipale et ses ambitions pour l’est de la ville.

Nommée par le gouvernement de Justin Trudeau au poste de ministre du Tourisme et de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, Mme Martinez Ferrada explique sa décision en citant son amour pour la métropole. « Je suis montréalaise dans l’âme, dans mon ADN. C’est la ville dans laquelle je suis arrivée comme immigrante. C’est la ville dans laquelle j’ai élevé mes enfants et où j’ai fait ma carrière professionnelle, que ce soit dans le milieu communautaire, des communications ou de la politique. […] Ma première carrière politique, c’est au conseil municipal, donc je connais bien Montréal. C’est pour cela que j’ai vraiment décidé de choisir Montréal », insiste-t-elle. En effet, avant d’être députée fédérale, l’élue a été conseillère municipale pour Union Montréal dans Saint-Michel pour ensuite passer sous la bannière de Vision Montréal.

Soraya Martinez Ferrada dit avoir choisi le parti d’opposition actuel à la Ville, Ensemble Montréal, comme véhicule pour sa campagne, car il représente à son avis une alternative au parti au pouvoir, Projet Montréal. « Je pense que l’administration actuelle de Montréal, il faut y présenter une alternative qui, selon moi, est un parti qui va être beaucoup plus ancré dans le pragmatisme que dans le dogmatisme. C’est ça la grande différence avec le parti qui est à l’administration actuelleJe veux une vision pour les Montréalais qui est dans la collaboration, pas dans la chicane », souligne-t-elle.

Depuis l’annonce de sa candidature, sept élus d’Ensemble Montréal ont donné leur appui à Mme Martinez Ferrada, dont Aref Salem, chef intérimaire du parti, Christine Black, mairesse de l’arrondissement de Montréal-Nord et Julien Hénault-Ratelle, conseiller du district de Tétreaultville.

Soraya Martinez Ferrada promet une administration qui sera à l’écoute des citoyens et qui leur assurera « les services de base ». Dans l’ensemble, son administration prioriserait trois dossiers : le développement économique, la question du logement et de l’itinérance, et enfin, celle de la sécurité urbaine. Sur ce dernier point, celle-ci croit que les Montréalais perçoivent un sentiment d’insécurité générale dans leur ville depuis les dernières années.

« Regardez juste dans Hochelaga. On vit les campements. Il y a une crise humaine liée à l’itinérance. Mais cette crise a un impact sur le sentiment de sécurité des citoyens qui cohabitent avec une situation d’itinérance. Moi, je le vois quand les gens ont peur de prendre la piste cyclable [de la rue Notre-Dame Est] ou quand ils se retrouvent avec des personnes qui sont en situation d’itinérance ou en crise de toxicomanie sur leur perron de maison. Eh bien, les gens ne se sentent pas en sécurité, ils ne savent pas quoi faire. Je pense qu’on a besoin d’une administration qui doit aussi être à l’écoute de ces sentiments d’insécurité chez les citoyens », constate Mme Martinez Ferrada.

Une vision pour la revitalisation de l’est

Celle qui a été l’une des instigatrices du Somme de l’Est, grand rassemblement des forces vives du secteur qui s’est tenu pour la première fois en novembre 2023, affirme vouloir remettre la question du développement économique au cœur de la revitalisation de l’est.

« L’est doit avoir une vision de revitalisation qui passera par une transition. On a une économie qui était basée sur les raffineries et l’industrialisation qui doit aller vers une économie verte et durable », affirme-t-elle. Pour ce faire, il faudra beaucoup de collaboration entre les divers paliers de gouvernement et il sera nécessaire d’investir dans la décontamination des sols, les infrastructures et les transports. Ces thèmes ont déjà été soulevés dans la Déclaration pour revitaliser l’est de Montréal, signée en 2018 par la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et l’ancienne ministre caquiste responsable de la Métropole et de la région de Montréal, Chantal Rouleau. Toutefois, la candidate à la chefferie d’Ensemble Montréal croit que ce pacte entre Montréal et le gouvernement du Québec n’a pas atteint ses objectifs.

« Ce qui est arrivé, c’est que le Québec s’est associé à la Ville de Montréal, notamment sur la décontamination des sols, mais les sols n’ont pas été décontaminés. Montréal a pris l’argent et a fait d’autres choses avec celui-ci. On a acheté d’autres terrains et pas nécessairement fait de la décontamination. Moi, je pense qu’encore une fois, on doit avoir une administration qui travaille concrètement. Collaborer sur des actions livrables, imputables avec les autres paliers de gouvernement, sans nécessairement pointer du doigt qui que ce soit. Je pense que c’est ça la différence », constate la candidate à la chefferie d’Ensemble Montréal.

Rappelant que Montréal est la capitale économique du Québec, elle souhaite aussi poser des actions concrètes pour favoriser la santé économique de la Ville, en abolissant par exemple la taxe sur la construction des immeubles résidentiels établie dans le Règlement pour une métropole mixte, mieux connu sous le nom du 20-20-20. Celui-ci est un échec, selon Mme Martinez Ferrada.

Ce règlement force les promoteurs immobiliers à intégrer 20 % de logements sociaux, 20 % de logements abordables et 20 % de logements familiaux dans leurs projets. Ceux qui se soustraient à cette exigence doivent débourser une compensation financière à la Ville. Or, la plupart des bâtisseurs ont choisi la seconde option depuis la création du règlement, qui a été allégé en mars dernier pour favoriser la construction d’immeubles dans le contexte actuel de la crise du logement.

Transports et cohabitation

En ce qui a trait aux transports, Mme Martinez Ferrada souhaite mettre en place un « calendrier clair » pour le déploiement du Projet structurant de l’Est (PSE), aussi connu sous le nom de tramway de l’Est. La question des grands axes routiers mérite aussi de ne pas être mise au rencard, insiste-t-elle. « Qu’est-ce qu’on fait avec la rue Notre-Dame? Il faut travailler là-dessus, il faut travailler aussi sur l’investissement de l’entretien de l’[autoroute] Métropolitaine. Alors comment la Ville va-t-elle contribuer aussi à l’entretien et à la vision de l’entretien de la Métropolitaine? », soulève la candidate, qui affirme désirer sortir l’administration montréalaise de la mobilité axée sur les pistes cyclables à tout prix.

Enfin, en ce qui concerne la cohabitation entre les citoyens et les entreprises industrielles et la protection de l’environnement, Mme Martinez Ferrada assure avoir ces enjeux à cœur, rappelant qu’elle a œuvré pour la création d’un corridor vert comme zone tampon à proximité du site de Ray-mont Logistiques, par exemple. « Les zones d’aménagement définissent le développement de notre territoire. Est-ce que la zone où se trouve Ray-mont aurait dû être définie autrement? Je crois qu’on ne serait pas rendus où on en est si ça avait été fait différemment. Malgré tout, moi, je me suis battue avec le gouvernement fédéral pour qu’on puisse avoir un corridor vert. […] Je suis pour le vivre-ensemble à Montréal. Par exemple, lorsqu’on développe une piste cyclable, il faut s’assurer que les aînés puissent continuer de se faire livrer leur épicerie. On ne peut pas être dans le dogmatisme des actions », souligne-t-elle.