UN CAFÉ AVEC… LES SOEURS ELKAHNA ET INES TALBI, ENFANTS DE MONTRÉAL-NORD
Actrices, metteures en scène, chanteuses, compositrices, poétesses…. Elkahna Talbi et sa soeur cadette Ines Talbi explorent toutes les deux plusieurs formes d’expression artistique. Les deux artistes ont passé leur enfance et leur adolescence dans une maison située en face du parc Pilon, à Montréal-Nord, lieu où elles ont au fil des ans forgé leur identité créative.
EST MÉDIA Montréal (EMM) : À quoi ressemblait votre enfance à Montréal-Nord?
Ines Talbi (IT) : Nos parents nous inscrivaient et nous emmenaient à une multitude d’activités parascolaires. Pour ma part, je faisais du plongeon, du cirque, plein de danses différentes, de la gym… On n’a jamais côtoyé l’ennui à Montréal-Nord!
Elkahna Talbi (ET) : Notre mère épluchait toutes les activés et spectacles à faire dans le quartier. Il y avait toujours un événement au parc ou à la bibliothèque. En sport, j’ai fait de la nage synchronisée, du karaté, du soccer, du cheerleading, de la course… On résidait en face du parc Pilon, où il y avait un terrain de basketball, de tennis, de baseball, de pétanque, une patinoire l’hiver…. On avait aussi trois bibliothèques de quartier situées à seulement 15 minutes à pieds de chez nous.
EMM : De quelle façon Montréal-Nord a-t-il contribué au développement de votre vocation artistique?
ET : On a commencé à prendre nos premiers cours de théâtre dans le sous-sol de l’église Sainte-Gertrude. En ce qui me concerne, j’y étais élève de mes 12 ans à mes 16 ans, puis professeure de théâtre jusqu’à mes 19 ans. Ces ateliers faisaient partie des cours proposés par l’arrondissement. On payait environ 60 $ pour une session de 12 cours, c’était accessible. La personne que je suis aujourd’hui, humainement et artistiquement, est liée à cet endroit où je me suis construite.
EMM : En plus d’aimer jouer, aviez-vous déjà l’envie de créer lorsque vous étiez petites?
IT : Quand on était enfants, avec notre cousine qui est aussi devenue comédienne, on passait des heures dans notre cour à jouer aux poupées Barbie et on se racontait des histoires. C’était nos premières mises en scène!
ET : On avait l’habitude de faire des spectacles. Je me souviens d’un numéro de danse de six minutes où on dansait ensemble sur Earth Song, de Michael Jackson.
EMM : Quel était votre endroit préféré à Montréal-Nord?
IT : La bibliothèque Henri-Bourassa, sans aucun doute! Elle était entièrement vitrée et très lumineuse.
ET : L’un de mes endroits préférés à Montréal-Nord, et même au monde, est lorsqu’on dépasse le boul. Henri-Bourassa et qu’on va vers le boul. Gouin, juste au bord du fleuve. Je me rendais à cet endroit en vélo et j’y passais des heures à écrire, en regardant l’eau.
IT : Je pense aussi non pas à un endroit, mais au fait que beaucoup de noms de rues renvoient à des grandes villes du monde entier : avenue de Rome, rue de Marseille, avenue de Paris, avenue de London, rue de Bruxelles… Je pense qu’on a dû visiter presque toutes ces villes aujourd’hui! Quelque part, je me demande s’il n’y a pas un lien…
EMM : Vous partagez aujourd’hui votre passion pour les arts et vous travaillez régulièrement ensemble. À quoi ressemble votre dynamique de travail?
ET : Je suis l’aînée, et évidemment, Ines a décidé de tout faire comme moi! Plus sérieusement, Ines est comme ma meilleure amie, et c’est très naturel de travailler ensemble. Travailler avec elle me permet d’être dans une zone de confiance, car je sais que je peux être complètement moi-même.
IT : Je suis un peu plus impulsive que ma soeur. Plus j’ai peur… et plus j’y vais! Je vais faire en sorte qu’on plonge, et ma soeur se débrouille pour qu’on ne se noie pas!
EMM : Vous êtes actuellement aux commandes de la mise en scène d’Incendies, la célèbre pièce de Wajdi Mouawad qui sera présentée au Théâtre Duceppe du 30 octobre au 30 novembre 2024. Est-ce un défi de monter cette tragédie contemporaine de renommée internationale?
IT : C’est effectivement un défi et un grand privilège de nous approprier cette pièce, sans dénaturer l’oeuvre originelle. J’espère que ce spectacle touchera beaucoup de gens et pas seulement les résidents du Plateau-Mont-Royal, du Mile-End et du centre-ville. Le Québec, terre d’accueil par excellence, a vu passer de nombreuses personnes ayant vécu des expériences de déracinement, de violence et de pardon. Je suis convaincue que cette histoire trouvera un écho particulier auprès de beaucoup d’entre elles.
ET : Concernant la mise en scène, nous évoluerons dans l’étrangeté et l’onirisme. Bien que le jeu des comédiens sera réaliste, la vision restera très lunaire et très féminine.
Pour réserver votre place pour la pièce Incendies, le Théâtre Duceppe a ouvert sa billetterie au public depuis le 8 août , cliquez juste ICI.