L’AVENIR DU TECHNOPÔLE ANGUS : PÉRENNISER UNE FORMULE GAGNANTE
La Société de développement Angus (SDA) a rassemblé dès les balbutiements du projet une équipe aussi fidèle que professionnelle, qui, pendant 25 ans, s’est dévouée pour voir évoluer son initiative de développement. Dans quelques années, une relève reprendra le flambeau tenu fièrement par Christian Yaccarini, les membres du conseil d’administration (CA) de la SDA et son équipe. L’aventure d’Angus continuera dans l’est, mais aussi à l’extérieur de la métropole.
Depuis les débuts, la planification stratégique du CA de la SDA a comme priorité d’intervenir dans l’est de Montréal afin de développer son territoire, son économie sociale et ses opportunités d’emploi. 25 ans plus tard, le CA et toute l’équipe d’Angus dirigent encore et toujours leur énergie vers cette mission, entourés de professionnels d’industries diverses qui bonifient le projet de leurs expertises. « Je pense qu’une de mes qualités, parce que je ne suis pas ingénieur, avocat ni financier, est d’avoir été capable de fédérer des gens ensemble, même s’ils ne proviennent pas du même réseau », partage Christian Yaccarini.
Et c’est là que réside la force d’une initiative avant-gardiste comme celle du Technopôle Angus : une équipe complémentaire et soudée qui profite des connaissances de tous et chacun pour réaliser un projet réellement innovant. Mais pas uniquement. La réussite tient également de cette envie partagée que le projet ne cesse jamais de s’adapter, d’évoluer et de se transformer, son regard bien tourné vers l’avenir.
C’est notamment dans cet esprit qu’a vu le jour la Phase II du Technopôle, qui, par la force des choses, s’est imposée comme la suite logique de la stratégie de développement initialement amorcée. « Avant de faire la planification de la Phase II, on faisait des bâtiments, on ne développait pas vraiment un site. Ensuite, quand est arrivée l’idée, on a pris une petite pause pour bien réfléchir au développement, dans son entièreté cette fois, et pas juste pour que ça devienne une série de bâtiments. Au niveau du développement durable, c’était un peu la même chose : comment peut-on se rendre plus loin, tout en étant économiquement rentable? », illustre M. Yaccarini.
De fil en aiguille, Angus a pris son erre d’aller. Plusieurs bâtiments sont construits, des rues et des places publiques sont aménagées, le parc Jean-Duceppe voit le jour. C’est la création d’un quartier. La SDA gagne en confiance, puis elle acquiert une crédibilité, pour finalement devenir un véritable modèle de développement. « L’idée est de toujours s’assurer que dans l’avenir, le Technopôle Angus continuera d’être un laboratoire, ajoute Christian Yaccarini. Que quand il sera terminé, on ne devienne pas un simple gestionnaire immobilier, mais qu’on réfléchisse en continu pour que le Technopôle demeure un lieu d’innovation sociale. »
Développement précurseur et équipe sollicitée
Pour l’aménagement du site de la deuxième partie du Technopôle, la SDA a fait appel à la renommée firme d’architecture montréalaise Provencher_Roy. Son embauche contribuera à faire du projet Angus un précurseur en matière d’aménagement du territoire, solidifiant sa notoriété. « On a réfléchi au plan d’aménagement de 450 000 pieds carrés. Et c’est à ce moment que j’ai découvert l’architecture de paysage et que nous avons compris qu’elle servait à toute la question écologique. Le drainage de l’eau, la filtration, la biodiversité. Ç’a été une révélation pour nous », explique Christian Yaccarini.
Le brio du projet Angus fait jaser, et pas juste dans la métropole. L’équipe de la SDA est régulièrement sollicitée par plusieurs municipalités qui souhaitent profiter de son expertise en matière de développement territorial innovant et d’aménagement vert. « Et parfois, nous devons dire non, précise M.Yaccarini. Si on nous demande de construire un immeuble, une tour de logements par exemple, eh bien, n’importe qui est capable de faire ça. Tout le monde veut du logement, et c’est correct, parce qu’il en faut. Mais le mandat de la SDA est de répondre avant tout aux besoins des communautés en développant des projets mixtes. »
La société souhaite plutôt contribuer à développer des milieux de vie bien réfléchis, qui profiteront aux communautés. C’est dans cette optique que la SDA a approché le projet lancé par la Ville de Rimouski, aux prises avec une importante pénurie de logements. Celle-ci a fait appel au savoir-faire de l’équipe de Montréal pour développer un nouvel aménagement résidentiel. La SDA est embarquée dans l’aventure et s’est vue confier le réaménagement de deux terrains situés sur le bord de l’eau. « À cet endroit, à Rimouski, c’est des marées de stationnements et des derrières de commerces. On a donc dit au maire que si on venait pour construire du logement, on allait aussi faire de l’urbanisme et créer des milieux de vie autour de ça », souligne le président de la SDA. Les propriétés construites – 300 unités lors de la première phase d’aménagement et 200 unités lors de la deuxième phase – seront ensuite transférées vers une fiducie d’utilité sociale rimouskoise. Cette dernière deviendra « un levier de développement économique local qui permettra à la Ville d’accumuler des fonds pour la réalisation de futurs projets », ajoute Christian Yaccarini.
La pérennité d’une vision innovante
Christian Yaccarini tient profondément à Angus, aux entreprises qui s’y sont installées, depuis longtemps pour certaines, et à ses commerçants passionnés qui insufflent leur dynamisme au quartier. La SDA leur assure donc que les augmentations de loyer restent raisonnables et suivent l’inflation, et non le marché. « À la fin de certains baux, on pourrait tripler le montant du loyer. Mais dans l’acte de fiducie, on a spécifié qu’on n’allait pas fonctionner comme ça. La fidélité est là, et on est tellement heureux que tous nos locataires relouent, reconduisent leurs baux. C’est la même chose pour le résidentiel, quand on va le mettre en fiducie, il n’y aura pas de rénoviction chez nous. »
Présentement, quelques terrains situés au cœur de l’îlot central restent encore à être aménagés. Un bâtiment carboneutre de quatre étages verra aussi prochainement le jour dans la Phase II du Technopôle Angus. De plus, l’organisme Habitations communautaires Loggia démarrera son nouveau projet de logements sociaux sur le site, un édifice comprenant 78 appartements destinés aux personnes et ménages à faible revenu.
Autre projet d’envergure inauguré au Technopôle l’automne dernier, le nouveau centre de l’organisme À Pas de Géant, qui accueille aujourd’hui 120 élèves autistes dans un bâtiment situé rue Molson. L’établissement, qui est actuellement le seul centre du genre pour personnes autistes au Canada, a été réalisé par les architectes de Provencher_Roy, en collaboration avec les entreprises Pomerleau et NIPPAYSAGE. « Andrée Dallaire, membre du CA d’À Pas de Géant et co-présidente de la campagne de financement pour la construction du nouveau centre, est entrée dans le CA d’Angus récemment. C’est sûr que ça amènera quelque chose de l’avoir. Et un projet comme celui-là dans le quartier, ça donne vraiment un sens à ce qu’on fait », croit M. Yaccarini.
Passer le flambeau
Puisque rien ni personne n’est éternel, Christian Yaccarini et les membres de son CA d’origine se préparent tranquillement à céder les rênes de la SDA à la relève. Actuellement, de nouveaux ajouts au CA sont en cours, confie le président. « Nous voulons des personnes expérimentées et solides au conseil, qui nous aideront vraiment à faire cette transition. D’ailleurs, nos plus jeunes membres du CA se sont engagés pour plusieurs années, ce qui facilitera la transition vers une nouvelle équipe de direction. »
Yaccarini est confiant que le nouveau modèle de leadership de la SDA, qui sera selon lui partagé plutôt qu’assumé par une seule personne, assurera un aussi grand succès aux prochains projets sur lesquels l’organisation se penchera. « L’important est d’avoir une bonne équipe de direction, et j’ai vraiment une excellente relève en place », résume-t-il.
Même s’il ne sait pas s’il quittera la SDA dans cinq ans ou bien dans dix ans, Christian Yaccarini est sûr d’une chose : lorsqu’il partira, ce sera pour de vrai. « Je ne suis pas pressé de partir. J’ai la santé, la passion, je me sens encore pertinent. Mais quand je vais partir, je ne resterai pas dans les parages. J’irai manger chez Annette, lire le journal chez Hoogan et Beaufort et, de loin, je regarderai… », conclut-il.