AUTISME : ST-HUBERT ET À PAS DE GÉANT TRAVAILLENT MAIN DANS LA MAIN
Les rôtisseries St-Hubert proposent nouvellement des emplois adaptés aux personnes autistes ainsi qu’une expérience sensorielle personnalisée pour une clientèle qui possèderait des besoins spécifiques. Ces initiatives, lancées en avril 2023 et qui se déroulent dans plusieurs restaurants de la chaîne, favorisent l’inclusion des personnes autistes à la fois dans le milieu professionnel et la société.
« Quelle est la prochaine étape? Penses-tu qu’il y a assez de vinaigrette? Est-ce que le bouchon est bien fermé selon toi? » Ces questions rythment le quart de travail de Louis-Félix, jeune homme de 26 ans sur le spectre de l’autisme. Grâce à une entente réalisée avec le centre d’autisme À Pas de Géant, ce dernier a commencé un stage dans un restaurant St-Hubert le mois dernier. Louis-Félix passe sa semaine au centre et travaille chaque mercredi matin à la rôtisserie. Il en est à son deuxième stage du genre, car il a aussi oeuvré dans une épicerie Maxi.
Si le jeune stagiaire a débuté par le remplissage de contenant à salade de chou, il est passé à une nouvelle étape et prépare maintenant ladite salade lui-même. Cette dernière est un aliment clef de la chaîne puisqu’elle accompagne tous les mets du menu, dont le hot chicken qu’affectionne particulièrement Louis-Félix. Depuis qu’il travaille ici, il a l’impression d’être plus autonome et d’avoir fait des progrès : « Je sens que j’arrive à me concentrer davantage et à être plus rapide dans mes autres tâches. »
Le jeune homme peut profiter de l’encadrement bienveillant de Michaël Huot, chef de projets pour le partenariat entre le restaurant et le centre d’autisme. Les deux hommes déambulent dans la cuisine dans laquelle Louis-Félix prend ses marques. Chacun de ses gestes est appuyé et conseillé, lorsqu’il en a besoin. Lorsque Michaël sera appelé dans un autre St-Hubert, un éducateur spécialisé d’À Pas de Géant prendra le relais : « Il y aura toujours quelqu’un pour l’accompagner jusqu’au moment où il se sentira suffisamment à l’aise pour être seul éventuellement. On prendra le temps qu’il faut », déclare le chef de projets.
Louis-Félix en est encore au stade de l’apprentissage et une rémunération sera envisagée lorsqu’il maîtrisera des tâches supplémentaires, on parle donc ici d’une formation à visée professionnalisante. Son stage est à durée indéterminée afin de suivre le rythme du jeune homme. Lorsqu’il se sentira prêt, St-Hubert lui proposera un poste dans ses cuisines, si le stagiaire en a l’envie. Louis-Félix est fier de ce stage et formule déjà son désir de tester ses capacités avec d’autres plats : « J’aimerais préparer les côtes levées », confie-t-il.
À travers ce partenariat, l’entreprise tente de démontrer l’importance pour elle d’offrir des emplois adaptés pour des personnes autistes, qu’elles aient des difficultés au niveau de la communication ou des comportements ou encore qu’elles aient des besoins sensoriels particuliers. Cette envie de favoriser une embauche inclusive ne date pas d’hier : « Ça faisait depuis plusieurs années qu’on en parlait. Pendant le tournoi de golf pour l’autisme qui a eu lieu en juin 2023, on a rencontré un employé qui travaille dans l’usine de fabrication de produits alimentaires de St-Hubert, à Boisbriand. Il m’a fait part à quel point il était heureux lorsqu’il a reçu sa première paye, à 36 ans », raconte Sylvain Vézina, franchisé du St-Hubert Cadillac (6225, rue Sherbrooke Est). À ce jour, 10 employés autistes travaillent dans cette usine.
Pourtant, certaines entreprises ou patrons peuvent avoir du mal à emboiter le pas et à employer des personnes autistes : « Parfois, les gens pensent qu’un employé différent peut représenter une charge de travail supplémentaire pour toute l’équipe, alors qu’au final, on se rend compte que tout se passe bien et qu’on est en train d’aider », souligne le franchisé. Le fait d’avoir Louis-Félix dans son équipe est vraiment bénéfique : « C’est le fun de voir que ces personnes réussissent à faire leur place, participent à l’évolution du restaurant avec nous, et de les voir créer des liens », ajoute-t-il.
Les collègues de Louis-Félix ont fait des commentaires très positifs à son sujet depuis son arrivée et le jeune homme a été « bien accueilli et évolue dans un environnement chaleureux », confirme Mickaël Huot.
S’adapter aux besoins de sa clientèle
Avoir un enfant autiste implique certaines spécificités et peut rendre une sortie familiale parfois complexe : « Beaucoup de familles ne sont jamais allées au restaurant avec leur enfant autiste, ou alors elles y sont allées une fois lorsqu’ils étaient petits et n’y sont pas retournées depuis car ça n’avait pas fonctionné », déplore Michaël Huot.
La chaîne de restauration souhaitait donc proposer un accueil adapté à toute sa clientèle. Pour ce faire, elle a eu l’idée de proposer aux personnes autistes et à leurs familles un moment personnalisé tous les dimanche, de 11 h à 13 h. Si le St-Hubert Cadillac proposera cet accueil spécial à partir du 5 novembre prochain, plusieurs franchisés l’ont déjà mis en place : Lajeunesse, Lasalle, Saint-Eustache, Saint-Hyacinthe et Charlesbourg. À ces endroits, les familles peuvent profiter, durant la plage horaire visée, d’un environnement adapté et se faire servir par du personnel qui se montre compréhensif.
Les salles à manger créent une ambiance propice aux différentes sensibilités sensorielles, notamment grâce à une diminution du volume de la musique, à une baisse de la luminosité ou encore à une présélection des tables. Les employés du dimanche sont spécialement formés avec des capsules vidéo, diffusées sur la plateforme de formation de la chaîne. Elles abordent ce que sont l’autisme, les sensibilités sensorielles, les comportements, la communication, et elles donnent des conseils et astuces afin que les membres du personnel puissent se préparer au mieux pour accueillir les personnes autistes. « Si leur enfant se met à crier, il ne se fait pas expulser du restaurant; au contraire, nos équipes viennent l’aider, lui et sa famille, en cas de besoin », rassure le chef de projets. Des trousses sensorielles sont également mises à la disposition des clients sur le spectre de l’autisme tout au long de la durée de leur repas. Elles contiennent des jouets sensoriels, des coquilles insonorisantes, un minuteur et un tableau de communication.
Michaël Huot est venu visiter au préalable la succursale Cadillac pour justement voir comment le restaurant pouvait optimiser son accueil afin de satisfaire les besoins des personnes autistes. « L’un des enjeux majeurs est le bruit. Pour y pallier, nous les installerons à des tables éloignées de la cuisine. Et évidemment, on s’acclimatera à leurs besoins au fur et à mesure », précise Sylvain Vézina. Le chef de projets a beaucoup échangé avec le franchisé : « Au début, j’avais demandé à Michaël s’il souhaitait leur dédier un espace calme et en retrait. Finalement, ils auront un endroit où ils pourront trouver la quiétude dont ils ont besoin, tout en étant intégrés au reste de la clientèle », explique Sylvain Vézina.
Cette inclusivité est bénéfique à tous : « Dans un St-Hubert où ce dispositif est déjà mis en place, tous les enfants jouaient ensemble dans la salle de jeux. Les parents étaient contents de voir que leurs enfants sont exposés à cet échange. C’est gagnant autant pour les familles autistes que pour les autres », termine Michaël Huot.
Pour réserver une table et transmettre des demandes particulières, rendez-vous sur le site de St-Hubert.