CONTRÔLE DES CHATS ERRANTS : LA SPCA EN QUÊTE DE SOLUTIONS
Comme toutes les métropoles nord-américaines, Montréal abrite des dizaines de milliers de chats errants qui vivent à l’état sauvage ou semi-sauvage. Puisqu’une chatte a le potentiel de mettre bas une douzaine de petits par année, ce phénomène peut rapidement devenir un problème si aucune action de contrôle n’est prise par les instances gouvernementales.
Sur l’Île de Montréal, c’est en 2010 que la SPCA locale mettait sur pied le programme Capture-stérilisation-retour-maintien (CSRM), un service offert aux arrondissements montréalais et municipalités situées sur le territoire. L’idée consiste à capturer, stériliser, vacciner et vermifuger au besoin des chats adultes vivant en colonie à l’extérieur. Ces chats sont ensuite réintégrés dans leur milieu où l’on espère que leur nombre diminuera graduellement grâce à l’interruption du cycle de reproduction. Les animaux jeunes et en bonne santé trouveront pour leur part une famille via le service d’adoption de la SPCA.
Depuis l’instauration graduelle du programme, c’est plus de 7 000 chats de la rue qui ont été ainsi stérilisés par la SPCA de Montréal.
Un succès tributaire de la générosité des bénévoles
La plupart des arrondissements montréalais et quelques municipalités de l’Île participent au programme de la SPCA en lui octroyant une enveloppe annuelle couvrant la formation des bénévoles et la stérilisation des chats. Seuls les bénévoles « accrédités » par leur administration municipale, donc qui ont suivi la formation et qui possèdent un permis de leur ville pour participer au programme, peuvent capturer des chats errants et les faire stériliser.
Le principal problème de la méthode CSRM, c’est que les bénévoles n’ont qu’un seul endroit où amener les chats capturés, et les récupérer par la suite, soit aux installations de la SPCA, sur Jean-Talon Ouest. Pour les résidents de l’Est de Montréal, ça fait plutôt loin et ce n’est évidemment pas facile d’accès pour tous. De plus, les bénévoles doivent laisser 100 $ en dépôt pour emprunter une cage de capture, et la nourriture des chats errants qu’ils veulent bien nourrir est à leurs frais. Un bénévolat exigeant qui à ce stade se rapproche de la vocation…
C’est d’ailleurs principalement pour la raison de l’éloignement du centre de traitement que l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve a décidé cette année de se retirer du programme de la SPCA, mais de continuer la même démarche en collaboration avec un vétérinaire sur leur territoire. Aussi, les bénévoles ne se voient pas dans l’obligation de donner un dépôt de 100 $ pour la cage. Quant à la ville de Montréal-Est, la seule administration de l’Est montréalais à n’offrir aucun programme de type CSRM à ses résidents, le programme est « beaucoup trop exigeant pour les bénévoles, d’autant plus que la ville n’a pas vraiment de colonies de chats errants sur son territoire », soutient la directrice des communications, Francine McKenna.
Si le nombre de chats capturés et stérilisés augmente tranquillement chaque année selon la SPCA, 7 000 animaux ça reste peu en huit années pour un vaste territoire comme l’Île de Montréal. Une participante au programme, qui réside à Saint-Léonard, a confié à Est Média Montréal que le problème du succès mitigé du programme est assurément en lien avec le peu de soutien accordé aux bénévoles. Cette dernière affirme que pour s’occuper de quelques chats errants par année, elle dépense facilement plus de 1 000 $ en nourriture, et en transport, et que beaucoup de bénévoles qu’elle côtoie en font autant.
La SPCA de Montréal cherche des solutions
A la SPCA, on affirme bien connaître la problématique et on travaillerait à l’amélioration du programme. « La SPCA est bien consciente que la grande superficie de l’Île pose un problème de mobilité pour certains bénévoles qui doivent faire un long trajet pour venir à nos bureaux. Nous essayons en ce moment d’identifier des solutions pour régler ce problème. Peut-être devrons-nous faire des alliances avec des cliniques vétérinaires pour ouvrir d’autres points de services, peut-être offrirons-nous un service de transport pour récupérer et retourner les animaux, nous étudions présentement toutes les options », affirme la directrice des communications à la SPCA de Montréal, Anita Kapuscinska.
L’objectif de la SPCA est d’arriver d’ici quelques années à unifier l’ensemble des administrations municipales de Montréal autour d’un même service partout sur le territoire. « Les chats bien évidemment sont mobiles et traversent d’un arrondissement à l’autre. Il y a des colonies de chats errants partout sur l’Île et si nous pouvons assurer un programme de contrôle identique et efficace sur l’ensemble de la ville, nous serons vraiment sur la bonne voie pour réussir à contenir le phénomène », soutient Mme Kapuscinska.
Voici la liste des arrondissements de l’Est de Montréal qui participent au programme CSRM en collaboration avec la SPCA de Montréal :
- Anjou
- Montréal-Nord
- Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles
- Rosemont–La Petite-Patrie
- Saint-Léonard
- Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension
L’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve offre sensiblement le même programme, mais sans association avec la SPCA.
La Ville de Montréal-Est n’a pas de programme similaire.