De gauche à droite : Josefina Blanco, responsable au comité exécutif de la diversité et de l’inclusion sociale; Arij El Korbi, conseillère de l’arrondissement; Steve Beaudoin, directeur de l’arrondissement; Michel Bissonnet, maire de Saint-Léonard; Suzanne De Larochellière, conseillère de l’arrondissement; Bochra Manaï, commissaire au Bureau de la lutte au racisme et aux discriminations systémiques; et Angela Gentile, conseillère de la Ville (Courtoisie Saint-Léonard)

SAINT-LÉONARD PREND UN PAS D’AVANCE EN MATIÈRE DE DIVERSITÉ

L’arrondissement de Saint-Léonard a récemment adopté son Plan pour l’équité, la diversité et l’inclusion 2024-2026 afin d’offrir à ses employés « le cadre de vie professionnel le plus adapté aux besoins et aux réalités changeantes de la communauté ».

Ce plan qui orientera les décisions, les réflexions et les actions qui seront mises de l’avant au cours des trois prochaines années a un dessein simple, selon Steve Beaudoin, directeur de l’arrondissement : « On veut que tous nos employés soient bien au travail. » Pour y parvenir, l’arrondissement reverra sa façon de faire dans le cadre de l’embauche et de la gestion de son personnel. On pense même changer le langage au travail afin d’être plus inclusif.

L’initiative a une portée sur six « phases de l’expérience de l’employé(e) », peut-on lire dans le document, le tout dans un contexte d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI). Le Plan aborde ainsi l’attractivité de Saint-Léonard en tant qu’employeur valorisant les aspects EDI. « Donc, notre plan se veut inclusif et équitable. On veut mettre de l’avant la richesse de la diversité, et je pense qu’avec ce plan-là on va réussir. On travaille fort déjà sur des concepts de respect de la personne depuis plusieurs années et, aujourd’hui, on travaille plus particulièrement sur l’équité et l’inclusion », affirme M. Beaudoin.

D’après les données fournies par l’arrondissement, il existe en effet quelques lacunes en ce qui a trait à l’embauche de minorités dans certains secteurs du service public léonardois. On remarque une sous-représentation significative des minorités visibles parmi les gestionnaires et les contremaîtres, une faible représentation des femmes dans les emplois de l’accréditation des cols bleus, une sous-représentation des personnes handicapées et une sous-représentation des Autochtones. (Voir tableau ci-bas)

(Tableau tiré du Plan pour l’équité, la diversité et l’inclusion de Saint-Léonard)

« La représentativité de la population léonardoise à l’intérieur même de nos employés comme tels, c’est une priorité. Effectivement, je vous dirais que la sous-représentation au niveau des femmes cols bleus, elle est là depuis toujours à la Ville de Montréal. Ce n’est pas simple d’attirer les femmes dans les emplois qui sont historiquement davantage liés aux hommes. Le portrait s’améliore au fil des années, mais pas suffisamment rapidement à notre goût. Donc, oui, il y a des efforts qui vont être faits de ce côté-là », souligne le directeur de l’arrondissement.

La transformation démographique rapide qu’a vécue Saint-Léonard dans la dernière décennie est aussi à l’origine des disparités dans l’embauche des minorités visibles. Après avoir connu un creux historique d’immigration dans les années 1980 jusqu’au début des années 1990, le visage de Saint-Léonard s’est ensuite transformé. Selon les données du recensement de 2021, la population a crû de 10 000 résidents depuis 2001 et atteint aujourd’hui le nombre de 79 495 Léonardois. On compte maintenant 36 360 résidents d’origine étrangère dans l’arrondissement, ce qui représente un peu plus de 45 % de la population de Saint-Léonard. (Voir graphique ci-bas)

Tendance de l’immigration à Saint-Léonard depuis les années 1980 (Données tirées du recencement 2021/Graphique : EMM)

Le récent afflux des personnes issues de l’immigration fait en sorte que l’administration doit reconsidérer sa façon de recruter son personnel, selon Arij El Korbi, conseillère de l’arrondissement. « À l’arrondissement, les changements sociaux démographiques se sont faits assez rapidement pour la grosse machine de la Ville de Montréal. Donc, on n’est pas une exception à l’arrondissement de Saint Léonard, mais je pense qu’on est assez avant-gardistes comparé à la Ville », insiste-t-elle.

Objectifs et cibles

Parmi les objectifs identifiés par l’arrondissement dans sa stratégie, il souhaite « positionner Saint-Léonard comme un employeur de choix, reconnaissant l’EDI, où chaque personne se sent respectée, valorisée et à sa place ». De plus, le Plan espère « favoriser la transparence dans les différents processus de recrutement à Saint-Léonard » et « accueillir, intégrer et réintégrer tous les membres du personnel par le biais d’un processus équitable et adapté aux différentes accréditations ». Une des cibles concrètes est d’améliorer la diversité des personnes considérées à l’étape du recrutement. Ces attentes n’iront toutefois pas à l’encontre de l’embauche des personnes les plus compétentes, bien au contraire, assure M. Beaudoin.

Pour réaliser ces objectifs, l’arrondissement est prêt à entreprendre plusieurs actions, incluant l’élargissement du bassin de candidats en utilisant divers canaux de recrutement, afin de favoriser l’embauche des groupes de personnes sous-représentées. En outre, on songe à améliorer et personnaliser les annonces d’emploi dans un langage non genré, inclusif. De plus, l’arrondissement veut « former le personnel sur la communication bienveillante et non violente ».

« Il faut qu’on prenne conscience de nouveaux termes dans le milieu du travail; il y a un changement de culture et ça vient avec un changement du langage qui est approprié. Il y a certains termes qui, par exemple, ne seront plus acceptables, explique Mme El Korbi. Ce qu’on veut, c’est vraiment d’offrir un climat de travail sain pour nos employés où chacun peut se retrouver, où tout un chacun peut travailler en étant entièrement lui-même. Donc, la personne peut venir travailler sans qu’elle subisse de micro-agression, sans qu’elle subisse de racisme, de discrimination sur une base quotidienne dans son emploi. »