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PENSER UN MODÈLE ÉCONOMIQUE AXÉ SUR LA TRANSITION SOCIO-ÉCOLOGIQUE

Actuellement, les enjeux environnementaux et sociaux sont nombreux, mais aussi interconnectés. L’équipe de PME MTL Centre-Est croit qu’une réflexion commune et approfondie sur les modèles économiques actuellement privilégiés permettra d’apporter des changements qui contribueront positivement au développement des communautés.

Inondations importantes, enjeux d’accessibilité au logement, classe moyenne fragilisée par une économie inflationniste ou défis de transition énergétique, les enjeux sociaux et environnementaux sont bien présents dans l’est de Montréal, un peu partout dans la métropole et même à l’échelle de la province. 

Gaëlle Généreux, chargée de projets – développement économique local chez PME MTL Centre-Est (Courtoisie)

Les structures économiques actuelles, particulièrement celles qui privilégient « la croissance à tout prix », sans réellement prendre en compte les problématiques sociales et écologiques actuelles, ne sont pas soutenables à long terme, croit Gaëlle Généreux, chargée de projets – développement économique local chez PME MTL Centre-Est, qui compte plus de 10 ans d’expérience dans le milieu de l’entrepreneuriat et de l’économie sociale. « Oui, on veut qu’il y ait de la vitalité économique sur le territoire, du développement, mais c’est surtout de s’assurer que ce développement-là se fasse de manière réfléchie, de manière consciente des besoins des collectivités et en s’adaptant aux changements climatiques », précise-t-elle.

Mandaté par la Ville de Montréal, le réseau PME MTLest chargé de piloter « le virage des entreprises » en les assistant dans leur parcours vers une transition socio-écologique efficace. « On va les accompagner dans tout ça, jouer un rôle dynamisant, mais on prend ce virage aussi plus largement en disant : cette transition-là devient aussi le fil conducteur du développement de notre organisation. Donc oui, le modèle actuel est à parfaire et à revoir, mais je crois que les entreprises de notre secteur ont cette capacité de se réorganiser rapidement pour adopter des pratiques qui feront avancer le développement économique local », indique Jean François Lalonde, directeur général de PME MTL Centre-Est.

Jean François Lalonde, directeur général de PME MTL Centre-Est (Courtoisie)

Ce dernier ajoute que la recette d’un nouveau modèle économique axé sur la transition socio-écologique « va se réaliser collectivement pour se déployer au bon moment ». « L’idée n’est pas d’arriver du jour au lendemain avec la solution ultime, mais ce qu’on souhaite faire, c’est plutôt d’amorcer un virage qui va peu à peu définir les balises d’un changement innovant sur le long terme. Par exemple, on est en pleine réflexion actuellement avec la Ville de Montréal à propos de nos outils financiers, notamment pour les adapter à cette transition. »

L’est comme laboratoire socio-écologique

Pour PME MTL Centre-Est, le secteur de l’est représente « un laboratoire vivant vers une transition socio-écologique exemplaire » puisque ce territoire de l’île au fort potentiel de développement peut jouer un rôle d’importance dans la réalisation de nombreux projets innovants. « Le fait que l’est soit en train de se redévelopper, de se redéployer, ça positionne le territoire comme un super terrain de jeu. C’est l’occasion de tester des initiatives, en repensant les approches un peu plus traditionnelles. Mais pas à travers une approche descendante où les décisions sont prises au sommet, plutôt en travaillant avec les citoyens, le milieu du communautaire et de l’entrepreneuriat et avec les différents acteurs socio-économiques pour créer des innovations sociales qui vont être efficaces », explique Gaëlle Généreux. 

La chargée de projets donne comme exemple la création l’an passé du fonds pour soutenir les initiatives locales dans les quartiers Guybourg et Haig-Beauclerk du secteur Assomption Sud–Longue-Pointe, initiée par l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. « On a constaté qu’il y avait un défi de cohabitation entre les résidents et les entreprises du secteur, qui sont pour certaines à vocation industrielle. On s’est demandé comment on pouvait tisser des maillages, débuter des dialogues, pour que les enjeux et les réalités de chaque partie soient reconnus et compris. »

Selon Mme Généreux, cette initiative a porté ses fruits en générant un échange positif entre les citoyens et les industries de ce territoire de l’est. L’objectif est donc de réfléchir à la manière d’y créer collectivement des quartiers « plus complets » qui comprendront du commerce, des pôles d’emploi, du résidentiel et des espaces verts, pour favoriser une mobilité plus durable ou encore pour encourager l’achat local. « L’est est un endroit fabuleux pour mettre en place ce type de développement social qui va améliorer la qualité de vie des citoyens », indique-t-elle.

Des modèles qui considèrent différentes réalités

Pour le directeur général de PME MTL Centre-Est, l’économie circulaire et l’économie sociale sont des piliers essentiels de la transition socio-écologique puisqu’elles comprennent la composante de « réduction à la source et de réutilisation », dirigée vers un modèle économique beaucoup plus « sobre ». Jean François Lalonde ajoute que puisque l’actionnariat privé demeure cependant majoritaire, l’accompagnement des entreprises à propriété individuelle vers un modèle à impact reste primordial. « L’économie sociale va jouer un rôle important dans cette transformation économique vers un modèle plus durable. Mais elle ne sera pas seule, même si elle demeure un acteur clé. Il ne faut pas tomber dans l’utopie, mais comme organisation, avec nos fonds et notre expertise, on va pouvoir prendre en compte les réalités du privé, tout en considérant les besoins sociaux et communautaires, et en mettant de l’avant les valeurs de l’économie sociale. »

Le repreneuriat collectif est une approche qui prend aussi de plus en plus de place dans les discussions, notamment au niveau du gouvernement du Québec, car ce modèle représente une solution prometteuse qui favorise l’inclusion sociale et économique, ajoute le directeur général. 

« Au lieu de fermer ses portes ou d’être vendue à des intérêts étrangers, une entreprise peut être reprise collectivement par ses employés. Le repreneuriat collectif n’est pas encore très répandu, mais il faut amorcer cette approche, et plus largement le changement. Les modèles d’aujourd’hui ne seront plus ceux de demain, tout est évolutif. Mais il faut d’abord se donner les moyens de réaliser des projets innovants, et on compte bien y participer activement », conclut Jean François Lalonde.


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