Le milieu communautaire dans Rivière-des-Prairies (RDP) est particulièrement actif auprès des ainés qui font face à de nombreux défis sur le territoire, comme la disparition de services de proximité ou le manque de solutions de transport par exemple. La table des ainés de Rivière-des-Prairies, animée et coordonnée par la Corporation de développement communautaire de Rivière-des-Prairies (CDC RDP), permet notamment à ses participants de regrouper les forces du quartier et de mettre en place des projets de façon plus efficace pour cette clientèle.

Une table de concertation dédiée

La table des ainés de RDP a été maintenue pendant la pandémie sous la forme d’un comité de travail, pour continuer à avancer et mieux repartir en 2023 avec de nouveaux intervenants et travailleurs. « Elle fait partie des trois tables sectorielles dans RDP, avec celles Jeunesse et Petite-enfance. Elle ne reçoit pas de financement. Après la pandémie, il a fallu d’abord faire un état de la situation. Puis nous nous sommes dotés d’un nouveau plan d’action 2023-2024, axé sur le terrain et à plus petite échelle, mais avec des actions concrètes et dans le but d’obtenir des victoires », explique Félix Biot, agent de développement à la CDC RDP et délégué à l’animation de La table des ainés de RDP.

Cette table réunit tous les deux mois les acteurs locaux du milieu qui se sentent interpellés par le mieux-être des ainés, même s’il ne s’agit pas nécessairement de leur mission première. On y retrouve entre autres des organisations comme le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, le SPVM, des organismes communautaires comme le CAB RDP ou l’AQDR PDÎ (voir plus loin), des citoyens, des résidences d’ainés, ou encore le Centre Évasion, une entreprise d’économie sociale.

Des événements concrets en découlent. Une « foire aux ainés » sera entre autres organisée en septembre dans le stationnement de l’épicerie Tradition, de même que des cafés-rencontres ou des séances d’information dans les centres d’hébergement. « Mon but est d’emmener des représentants de résidences et des personnes âgées autour de la table, pour encore mieux comprendre les besoins des ainés, et porter leur voix auprès de la table de quartier. Cela nous permettra ensuite d’agir à plus grande échelle », exprime M. Biot.

Briser l’isolement des ainés

Constat bien connu aujourd’hui, la pandémie a malheureusement amplifié le phénomène d’isolement des citoyens les plus âgés. « Pendant cette période difficile, nos associations membres se sont mobilisées pour aider nos ainés, en faisant par exemple des épiceries, des livraisons de repas ou en organisant des lignes d’écoute », se souvient Isabelle Fortin, agente de liaison et d’administration de la CDC RDP.

Des actions se sont donc mises en place un peu partout sur le territoire ces derniers temps pour essayer de briser cet isolement. Pour les familles habitant les HLM Marie-Victorin, notamment, elles peuvent aujourd’hui recourir aux services du centre de promotion communautaire Le Phare. Les ainés peuvent ainsi participer à des échanges volontaires qui se déroulent dans un local au sous-sol de la tour d’habitation, en présence d’une intervenante. « Le but de ces rencontres, qui regroupent environ 40 participants à raison de 15 par semaine, est de prendre des nouvelles des ainés, qui sont des résidents des HLM et du quartier, de parler de plein de sujets qui les préoccupent tels que la religion, la mort, leurs droits, leur culture, le rôle de la femme, etc. Des intervenants externes les sensibilisent aussi sur des sujets importants comme la fraude financière, la cybersécurité, etc. », indique Suzie Desjardins, intervenante pour les 13-17 ans et les ainés au Phare.

Pour atteindre les plus de 80 ans, aux prises souvent avec des défis encore plus grands, Les petits frères sont notamment présents dans le quartier depuis 1962, en complément aux services publics. S’ils offrent des services dans RDP, ils n’y ont malheureusement pas de local actuellement. Comme plusieurs autres organismes offrant des services à plus grande échelle qu’un quartier, ils n’arrivent pas à avoir d’endroit fixe comme point de service dans ce secteur du nord-est de l’île, un problème particulièrement criant à Rivière-des-Prairies (manque de locaux pour les organismes).

Pénurie de ressources humaines… et de bénévoles

Comme dans toutes les sphères d’activité au Québec, le milieu communautaire n’échappe pas à la pénurie de main-d’oeuvre qui perdure. Le recrutement d’intervenants dans les structures devient donc plus ardu, surtout pour attirer les jeunes. Mais il y a aussi les bénévoles qui se font de plus en plus rares.

Les ainés ont également un besoin de stabilité plus grand que d’autres clientèles, ce qui incite les organismes à rechercher tant que possible des bénévoles qui sont disponibles et prêts à s’engager sur une longue période. Encore moins facile quand le quartier est enclavé et mal desservi par les transports en commun comme Rivière-des-Prairies. Une situation qui rend très compliqué le recrutement de personnes sans véhicule et qui résident en dehors du secteur. « Nos ainés sont importants. Mais il faut savoir que la pérennité de nombreux services qui leurs sont destinés est actuellement en jeu, avec des difficultés pour les organismes de trouver une relève et de transmettre à cette dernière le savoir et les compétences nécessaires », ajoute Isabelle Fortin.

Toujours sur la question du transport, rappelons que seules deux lignes d’autobus font le lien entre les deux secteurs de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies−Pointe-aux-Trembles. Ainsi, un parcours inter-quartier en transport en commun peut ressembler à une véritable expédition pour tout utilisateur. Pour un ainé, cela peut même signifier l’immobilité au-delà d’un petit périmètre de proximité, souvent vide de services essentiels, comme une épicerie par exemple.

« Les ainés, au nombre de 23 000 personnes environ dans l’arrondissement, ont vu disparaitre beaucoup de services de proximité ces dernières années, et doivent maintenant aller beaucoup plus loin pour les obtenir. Par exemple, il n’y a plus de « popote roulante» depuis déjà longtemps à Rivière-des-Prairies. Avec la pandémie nous avons aussi perdu un service d’autobus, la Navette Or pour les ainés de RDP. C’est loin d’être idéal et il faudra trouver des solutions, ça commence à être urgent », constate Mme Fortin.

Pour la défense de leurs droits

L’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées, section Pointe-de-l’Île de Montréal, ou AQDR PDÎ, regroupe 727 membres, dont 237 dans RDP. Elle se donne pour mission d’outiller les retraités et de les informer sur leurs droits, surtout lorsqu’ils sont bafoués.

Entre autres dossiers récemment traités, soulignons que toutes les sections de l’OBNL s’étaient engagées ardemment pour obtenir la gratuité des transports pour les ainés de 65 ans et plus, gratuité qui sera effective à partir du 1^er juillet dans l’agglomération de Montréal. « Une grande fierté! », déclare spontanément la coordonnatrice de l’AQDR PDÎ, Noémie Omotuenmhen.

« Nous n’avons pas d’avocats ou de notaires dans nos rangs, mais nous faisons du référencement vers les experts au besoin. Nous organisons plutôt des conférences, des soupers « fraternité » ou des cafés-rencontres avec des professionnels ou des intervenants d’autres organismes. Les sujets présentés sont par exemple les mandats de protection et les testaments, la fiscalité ou le rôle des femmes », explique Mme Omotuenmhen.

Les thèmes qui reviennent souvent dans les discussions avec les membres sont paraît-il le droit au logement (l’AQDR PDÎ agit dans ce domaine en collaboration avec Infologis de l’est de l’île de Montréal), la sécurité, l’âgisme, l’exclusion sociale, la santé ou encore les soins à domicile.

Pour terminer sur une note estivale, l’activité Ainés actifs à vélo dans RDP repart pour une 7e édition cet été. Un service de vélo-taxi sera ainsi offert aux personnes âgées sur le territoire leur permettant de se déplacer facilement et agréablement. Le projet, qui a connu un succès instantanné, avait été développé avec la CDC RDP en 2016.

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Cette série spéciale est financée par la Corporation de développement communautaire de Rivière-des-Prairies.