UN NOUVEAU MOUVEMENT SOLIDAIRE ÉMERGE À ANGUS
Le Technopôle Angus est le théâtre de la création d’un nouveau collectif d’économie sociale, le Mouvement des organismes solidaires d’Angus (MOSA), dont les premières actions commencent à voir le jour.
Situé au cœur de Montréal, dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, le Technopôle Angus est le quartier revitalisé par la Société de développement Angus (SDA) à la suite de la fermeture des Shop Angus, une usine de fabrication de trains. « Ce territoire comprend des commerces, des logements et plus d’une centaine de sociétés dont des entreprises d’économie sociale et des organismes communautaires », explique Amélie Olivier, conseillère aux communications et projets sociaux à la SDA, qui est également chargée de projet pour le MOSA.
Créé au début de l’année 2023, le MOSA a pour mission de collaborer au développement d’un modèle novateur de solidarité et d’inclusivité, et de dynamiser le territoire du Technopôle Angus. Comment? En mettant en lumière le pouvoir de l’économie sociale, tout en encourageant la participation de la communauté dans ses actions. À l’instar des entreprises classiques, « les entreprises d’économie sociale ont aussi des objectifs mercantiles, mais leur mission première est tournée vers le social et contribue à améliorer le bien-être des gens et de la société en répondant aux besoins de la collectivité », renseigne Amélie Olivier. Le groupe PART par exemple, qui est membre du MOSA, tient une cafétéria et génère du profit grâce à cette dernière. Cependant, sa mission première est de former des personnes exclues du monde du travail pour différentes raisons, afin qu’elles se sentent utiles et valorisées.
Le MOSA a été mis sur pied « dans une volonté de rallier toutes les entreprises d’économie sociale et les organismes communautaires du Technopôle Angus pour créer de nouvelles initiatives et dynamiser notre territoire », souligne la chargée de projets. Dans le cadre d’une pré-étape du MOSA, la SDA a réalisé des rencontres avec une trentaine d’entreprises qui se trouvent dans le Technopôle Angus pour connaitre leur rapport aux entreprises d’économie sociale présentes sur le site. Puis, lors de la formation de ce qui allait devenir le MOSA, les entreprises d’économie sociale ont décidé collectivement d’agrandir le groupe en accueillant les organismes communautaires du territoire. Des rencontres ont été organisées pour sonder l’intérêt de tous, définir le mouvement, établir les objectifs, dessiner les partenariats avec les entreprises locales, discuter des animations et projets souhaités, ainsi qu’évaluer les autres maillages possibles.
13 membres investis
Financé par la Caisse d’économie solidaire Desjardins, qui lui a octroyé un budget de 2 000$ pour l’année 2023, le mouvement réunit 13 organisations : la Fondation Marie-Vincent, qui offre un soutien aux jeunes victimes de violence; le Phare, Enfants et Familles, qui propose des soins palliatifs pédiatriques; le centre d’autisme À Pas de Géant; la microbrasserie Chope Angus; le Collectif des entreprises d’insertion du Québec (CEIQ); le centre de la petite enfance Coeurs de l’île; les services d’entretien PROPRET; le groupe PART, qui favorise l’insertion dans les métiers de cuisine et de services de personnes possédant des problématiques de santé mentale; Dynamo, qui est une équipe conseil en travail collaboratif; Insertech, qui est spécialisée dans l’insertion de jeunes adultes à l’emploi et qui offre également une seconde vie aux appareils informatiques; UTILE, qui propose des logements abordables pour les étudiants; la Caisse d’économie solidaire Desjardins; et enfin, la SDA, qui est une entreprise d’économie sociale en immobilier.
Hormis UTILE, tous les sièges sociaux des membres se trouvent dans l’est de Montréal. « Sachant que nous sommes une initiative locale, nos actions privilégient le territoire de l’est de Montréal pour le moment, mais les actions de certains de nos membres voient plus loin, comme Insertech qui offre ses services de formation sur tout le territoire par exemple », précise Amélie Olivier. En plus de cet aspect local, les membres possèdent tous « un réel attachement au quartier, au Technopôle Angus », d’après la chargée du projet du MOSA. Cette dernière est très fière et touchée par l’implication de ses membres : « Le fait qu’on réussisse à se réunir constitue déjà une petite victoire, car ces entreprises sont surchargées de travail. Elles sont déjà énormément investies dans leur communauté et ont leurs propres défis. Voir que ces entreprises ont pu dégager du temps et s’investir dans le mouvement, c’est déjà une belle fierté. »
Le MOSA peut profiter de l’expérience de ses membres car ils connaissent bien le territoire, surtout pour certains qui y sont installés depuis longtemps, comme Insertech par exemple. Les employés de cette entreprise d’insertion socioprofessionnelle spécialisée dans le domaine de la technologie récupèrent d’abord des appareils informatiques de grandes compagnies (ordinateurs, imprimantes, téléphones intelligents, etc.). Une fois reconditionnés, ces équipements sont revendus à un prix très abordable au sein de leur boutique, présente au Technopôle Angus et sur leur site Web. En complément, Insertech propose également des services techniques pour la communauté ainsi que des cours d’informatique.
L’entreprise a rejoint le MOSA car « on a l’impression de ne pas être assez connu. Il y a plein de personnes qui travaillent ou habitent ici et qui ne savent pas que le Technopôle Angus est un pôle très actif au niveau de l’économie sociale et qui regorge d’initiatives sociales », avance Saad Sebti, coordonnateur marketing et développement chez Insertech.
Gagner en visibilité
Tous les membres du MOSA ont des missions différentes mais une finalité commune : « Ils ont la volonté de rendre l’économie sociale et les actions communautaires plus visibles en les expliquant et en y sensibilisant la population », déclare Amélie Olivier. Plus concrètement, le MOSA projette de créer de nouvelles initiatives qui aideront, dans le futur, les résidents, les travailleurs et les entreprises du territoire, selon les besoins identifiés.
Pour y arriver, le MOSA souhaite dans un premier temps rayonner au niveau local et se construire une visibilité forte au sein du Technopôle Angus lui-même. Deux actions ont été réalisées cette année en ce sens. Un moment de réseautage a eu lieu au début de l’été à la Chope Angus, une microbrasserie coopérative membre du MOSA. « Le but était de nous faire connaître auprès des autres entreprises qui ne font pas partie de l’économie sociale, mais qui sont sur le Technopôle Angus en échangeant avec elles et en créant de nouveaux partenariats », raconte Amélie Olivier. Le grand événement communautaire du 14 septembre dernier, organisé par la SDA dans le cadre de l’anniversaire des 25 ans du Technopôle Angus, constitue la seconde action du mouvement. Lors de cette grande fête de quartier, chaque membre du MOSA avait un kiosque rue William-Tremblay, qui était fermée pour l’occasion. « C’est vraiment intéressant de bénéficier de cette exposition. Lors de cette fête, c’était super d’être en contact direct avec les résidents du quartier et de pouvoir se faire connaître un peu plus », explique Saad Sebti. Des animations ludiques avaient été mises en place afin que le MOSA puisse présenter ses missions auprès des petits et grands. Cet événement a rencontré un franc succès : « On a eu entre 2 000 et 3 000 personnes sur le site, on est ravis », confie Amélie Olivier. Cet événement a ainsi donné une très belle visibilité au MOSA.
Dans un deuxième temps, le MOSA ambitionne de rayonner dans un spectre plus large, notamment en touchant d’autres quartiers, voire même la ville de Montréal toute entière. « On aimerait créer des liens avec d’autres organisationsen économie sociale qui sont déjà installées et qui ne font pas partie du Technopôle Angus. Agrandir notre cercle est l’un de nos projets pour l’avenir », confie Amélie Olivier.
Saad Sebti est confiant : « On y croit vraiment. Surtout aujourd’hui, on parle de plus en plus d’économie sociale. Une délégation de l’ONU est venue faire un tour au Technopôle Angus au début du mois d’octobre et en a profité pour faire une visite chez Insertech. On va tout faire pour renforcer ce mouvement et le faire rayonner », confie-t-il.
Cette première année a vraiment permis au MOSA de se définir et de mettre en place ses fondations. L’année 2024 servira à créer des outils de communication : « Une page Facebook, une page Instagram, on travaillera sur notre logo et notre charte graphique », indique Amélie Olivier. L’un des objectifs que vise la chargée de projet du MOSA est que « les gens sachent tout de suite qui l’on est lorsque l’on en parle ».
Les membres du MOSA vont d’ailleurs se réunir prochainement afin d’augmenter le nombre d’initiatives du mouvement et préparer le plan d’action pour l’an prochain.