NOTRE-DAME EST : LE NOUVEAU PONT DU PORT DE MONTRÉAL CONTROVERSÉ
Le pont d’étagement du Port de Montréal qui surplombe la rue Notre-Dame Est a récemment été mis en service. Si l’Administration portuaire assure que le projet amoindrira la circulation automobile et que la cohabitation avec le voisinage fera partie de ses priorités, des citoyens demeurent dubitatifs.
Après deux années de chantier, le Port de Montréal a annoncé officiellement l’ouverture de son nouveau pont d’étagement dans le secteur Viau, via un communiqué datant du 9 août dernier. Ayant débuté en juin 2021, sa construction représente un investissement total de 47,8 M$, dont 6,7 M$ ont été accordés par le gouvernement du Québec, tandis que 7,7 M$ proviennent du gouvernement fédéral dans le cadre du volet Infrastructures nationales du nouveau Fonds Chantiers Canada.
À terme, la structure devrait « retirer près de 1 500 camions du réseau routier local quotidiennement », particulièrement sur la rue Notre-Dame Est, là où la circulation automobile est fréquemment au ralenti en raison des bouchons.
Le pont offre ainsi un lien direct entre les terminaux de vrac et les terminaux à conteneurs, par la sortie du port de Montréal, pour aller rejoindre directement la rue Dickson, puis l’avenue Souligny, en direction de l’autoroute 25. « En plus de gains de temps pour les camionneurs, d’une plus grande fluidité de circulation des marchandises et d’une amélioration de l’efficacité des opérations portuaires, cette nouvelle infrastructure permettra de limiter les nuisances pour les résidents de l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve », assure l’Administration portuaire de Montréal (APM) dans ledit communiqué. Cependant, la route actuelle est temporaire, car dans l’éventualité où le projet du prolongement du boulevard de l’Assomption venait à être complété, le flot des camions serait alors redirigé de façon permanente sur cette voie.
« [Le pont] permettra d’accroître la fluidité de la circulation des marchandises, tout en s’intégrant harmonieusement dans le paysage urbain et en proposant un design soigné », a ajouté David D’Amboise, vice-président à la gestion des actifs et la logistique portuaire de l’APM.
Des citoyens inquiets
Militant en faveur de la préservation des espaces naturels en friche dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM), les membres du groupe citoyen Mobilisation 6600 doutent des affirmations de l’APM.
« Le projet est présenté comme quelque chose qui va alléger le trafic automobile sur Notre-Dame Est, mais on pense que cela ne sera que temporaire. Très rapidement, nous allons revoir les bouchons de retour sur cette rue », croit Cassandre Charbonneau-Jobin, membre de Mobilisation 6600.
En outre, elle affirme que le groupe craint que le pont soit en service trop tôt le matin et tard la nuit. « Nous avons fait une demande pour qu’il ne soit pas en service la nuit, mais le Port ne nous répond jamais « oui » ou « non ». On nous indique seulement que les heures des terminaux sont entre cinq heure du matin et minuit. Mais nous savons que d’année en année ces heures-là s’étendent ». Le groupe réclame que les heures de service du pont soient limitées entre 7h et 22h.
De plus, pour éviter un « flot de camions constant » à proximité des résidences, les militants demandent que le trajet temporaire sur la rue Dickson devienne permanent. Ils sont en opposition avec le projet de prolongement du boulevard de l’Assomption, qui empièterait sur une partie du boisé Steinberg et irait longer le terrain de Ray-Mont Logistiques. Ce dernier, qui sert de plateforme de transbordement de conteneur, est la source de nombreux désagréments selon les membres de Mobilisation 6600, et a fait l’objet de plusieurs actions de contestation de leur part. « Nous craignions que si le trajet du pont venait à être dirigé vers l’Assomption, cela ne fasse que faciliter les opérations de Ray-Mont », conteste Mme Charbonneau-Jobin.
Pour sa part, l’APM soutient qu’elle a « suivi un processus rigoureux de consultation et d’information tout au long du projet ». Au total, trois consultations publiques auraient été tenues « à des étapes clés de la planification du projet, afin de définir les grandes orientations et de bonifier le concept. »
Au moment d’écrire ces lignes, l’APM portuaire n’avait pas retourné les demandes d’entrevue d’EST MÉDIA Montréal.
Pour sa part, l’Arrondissement de MHM indique ne pas savoir si le port de Montréal envisage de rester à l’écoute de citoyens si le pont devenait une source de désagréments. « L’Arrondissement est informé de l’avancement du projet », a-t-on spécifié dans un courriel. Il a aussi été impossible de savoir de la part du Port de Montréal ou de l’Arrondissement si des études d’impact avaient été menées sur l’éventualité d’un important flot de camions sur le futur prolongement du boulevard de l’Assomption.