(Image tirée du site redefinemontrealeast.com)

LE MYSTÈRE PLANE TOUJOURS SUR LES TERRAINS D’ESSO

Si le gouvernement du Québec ne cache plus son intention de mettre la main sur une partie des terrains en friche de la pétrolière Esso situés à Montréal-Est, il est tout de même difficile, voire impossible actuellement, d’obtenir des informations quant à l’avancement du dossier qui implique plusieurs entités du secteur public. Dans le cadre du dossier spécial Montréal-Est 2024, EST MÉDIA Montréal s’est buté à des refus de commenter de la part de toutes les parties impliquées.

Situation étonnante, compte tenu de l’annonce faite en grande pompe le 13 novembre dernier par l’administration Legault, lors du Sommet de l’Est, de la création de la Société de mise en valeur des terrains dans l’est de Montréal pour acquérir, décontaminer et revendre les terrains industriels contaminés. Dans une optique similaire à celle des terrains de Bécancour, Québec vise prioritairement, mais sans jamais le dire de façon explicite, à acquérir une parcelle importante des fameux terrains d’Esso afin de protéger le secteur d’un développement non souhaité par les différents paliers de gouvernement, avec en tête de liste les administrations municipales de Montréal-Est et de Montréal. Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, et ministre responsable de la région de Montréal, Pierre Fitzgibbon, avait déjà confirmé cette information à EST MÉDIA Montréal en octobre 2023.

La nouvelle société est dotée d’un fonds initial de 100 M$ injecté par Investissent Québec, et c’est Fondaction qui est mandatée pour la gérer. Lors du Sommet de l’Est, l’annonce gouvernementale avait été faite conjointement par le ministre Pierre Fitzgibbon et la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, impliquée dans ce dossier. Cette dernière a refusé notre demande d’entrevue, jugeant le moment trop tôt pour en discuter publiquement, alors qu’au cabinet du ministre Fitzgibbon, on n’a pas répondu à nos appels ni courriels. Quant à Fondaction et Investissement Québec, les deux services des communications ont aussi refusé nos demandes d’entrevue pour le moment. Ce que nous avons toutefois appris de différentes sources, c’est qu’une équipe de Fondaction rencontrait ces temps-ci des représentants des administrations municipales concernées pour mieux évaluer leurs visées quant à ce secteur stratégique. Du côté d’Esso, la direction précise qu’elle ne désire pas commenter le dossier actuellement, mais ne dément pas non plus être en négociations avec le gouvernement du Québec.

Rappelons que la Ville de Montréal-Est a déjà exposé récemment un ambitieux plan directeur pour la revitalisation notamment des zones occupées autrefois par les anciennes pétrolières, et que la Ville de Montréal a aussi déposé un plan directeur pour le Secteur industriel de la Pointe-de-l’Île (SIPI), qui englobe les terrains industriel de Montréal-Est (vision établie en collaboration avec la Ville de Montréal-Est et l’agglomération de Montréal).

Partie des terrains d’Esso à vendre située au nord de l’autoroute 40; l’autre partie, que l’on voit en image de couverture du texte, est située entre Sherbrooke et Notre-Dame (Image tirée du site redefinemontrealeast.com)

Nouvelle vocation pour le secteur

La Ville de Montréal-Est s’est assurée il y a quelques mois déjà que ces terrains n’accueilleront plus d’industries lourdes. La réglementation autorise aujourd’hui seulement de l’industriel léger et du commercial à cet endroit, et même peut-être une zone mixte avec un peu de résidentiel si les projets proposés s’y prêtent et si l’agglomération accepte une autre modification du zonage. Mais il s’agira principalement d’une revitalisation axée sur l’industriel léger, précise l’administration municipale, avec une vive attention portée au développement durable et écologique, dit-on.

En mai 2022, Esso annonçait mettre enfin en vente ses 13 millions de pi2 laissés en friche depuis la fin de ses opérations, au milieu des années 1980. Selon nos informations, la parcelle visée par le gouvernement du Québec serait d’une superficie d’environ 7 millions de pi2. La valeur de ce terrain est considérable selon le marché actuel. Un article du défunt journal Métro indiquait en octobre 2021 que l’entreprise Broccolini avait acquis 2,5 millions de pi2 des anciens terrains de Shell du Groupe C. Laganière pour 56,8 M$, soit environ 23 $ le pi2. Toutefois, ce terrain avait été décontaminé par Groupe C. Laganière, alors que sur celui d’Esso, à proximité, tout reste encore à faire.


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