MILIEUX DE VIE ATTRAYANTS : LE CÉGEP MARIE-VICTORIN PREMIER DE CLASSE
Si l’aménagement de milieux de vie agréables et bien adaptés est aujourd’hui un aspect important dans la planification de nouveaux bâtiments institutionnels, pensons ici aux écoles, centres hospitaliers et autres, il ne faut pourtant pas reculer bien loin dans le temps pour retrouver des édifices plutôt mornes et sans âme…
Comme la plupart des infrastructures institutionnelles au Québec datent de plus ou moins quelques décennies, beaucoup de lecteurs se souviendront de couloirs, de classes et de gymnases aux couleurs beige ou blanc jauni, mal éclairés, à la ventilation déficiente, et où la décoration intérieure était visiblement un sujet réservé aux magazines. Si vous demeurez dans l’est de Montréal, pensez aux bâtiments d’origine des hôpitaux Maisonneuve-Rosemont et Santa Cabrini, ou encore aux nombreuses anciennes écoles primaires et secondaires sur le territoire.
Bref, s’il y a eu certes beaucoup d’améliorations au rythme des rénovations, plusieurs de ces bâtiments traînent encore avec eux les vestiges architecturaux peu stimulants des années 1950. Ces derniers ont marqué nombre de bâtisses publiques jusqu’au début des années 2000, alors qu’une nouvelle tendance vers du « plus beau » et du « meilleur » s’est heureusement installée petit à petit dans la construction des édifices institutionnels.
La métamorphose du Cégep Marie-Victorin
Situé au nord-est de la métropole aux frontières des arrondissements de Montréal-Nord et de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, le Cégep Marie-Victorin, qui fut d’abord le Scolasticat central de Montréal, a ouvert ses portes en 1965. Il deviendra une institution privée d’ordre collégial à la fin des années 60, et c’est en 1993 que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Science du Québec l’achète finalement pour en faire le 47e cégep de la province, et le 3e dans l’est de Montréal après Rosemont et Maisonneuve.
Certaines ailes et nouveaux pavillons se sont graduellement ajoutés à l’impressionnant campus (rappelant le style universitaire américain) depuis le milieu des années 1970, puisque l’aspect intérieur des bâtiments, surtout ceux d’origine, avait le teint plutôt terne, à l’image des standards de l’époque.
Mais ça, c’était avant 2008. Un vent de changement viendra alors complètement métamorphoser, au fil des années suivantes, l’aménagement intérieur des espaces communs du cégep et un grand nombre de lieux et de salles associés à des programmes d’études spécifiques. À un tel point qu’aujourd’hui, le Cégep Marie-Victorin est reconnu comme un exemple éloquent de réussite dans ce domaine, avec preuve à l’appui les nombreux prix de design remportés par l’institution depuis une douzaine d’années.
L’initiateur de ce mouvement est le directeur général de l’établissement depuis 2013, Sylvain Mandeville, qui en 2008 occupait le poste de directeur des ressources humaines. Lors de sa rencontre au cégep la semaine dernière, EST MÉDIA Montréal a profité de l’occasion pour faire une visite des lieux avec cet homme de vision, de conviction et de passion. Pour M. Mandeville, la qualité des milieux de vie rime avec beauté et efficacité, mais influe aussi sur la motivation et la stimulation de tous ceux et celles qui fréquentent le collège. « Offrir un environnement d’étude et de travail agréable et stimulant est une priorité pour l’administration du cégep parce, bien sûr, cela favorise la réussite éducative, la satisfaction au travail et le sentiment d’appartenance au collège. Mais c’est aussi toute la communauté qui fréquente nos installations qui en profite, que ce soit nos étudiants, notre personnel, ceux qui utilisent le centre sportif, qui vont voir des spectacles à la Salle Désilets, etc. Bref, un bel environnement bien adapté fait partie d’une expérience positive et quand ça fait partie de notre quotidien, ça devient un élément super important qui déteint sur notre qualité de vie », déclare d’entrée de jeu Sylvain Mandeville. Ce dernier n’hésite pas à mentionner régulièrement dans ses présentations concernant les aménagements du cégep que « lorsqu’on améliore les lieux, qu’on les rend plus agréables, on favorise la persévérance scolaire et la réussite éducative, de même que l’attraction et la rétention du personnel. Un cégep, ce n’est pas qu’un endroit où les étudiants viennent prendre des cours, c’est aussi un milieu où ils vivent pendant deux ou trois ans, et même parfois un peu plus. »
Design, arts et création : dans l’ADN du Cégep Marie-Victorin
Le cégep du nord-est de l’île, il faut le dire, a des atouts considérables dans sa propre cour pour se lancer dans des projets d’aménagement intérieur… Question création, design et arts en général, l’institution peut compter sur une vaste expertise à l’interne. Il est par exemple le seul cégep au Québec à proposer les techniques en design de mode, commercialisation de la mode et production de la mode; et il est l’un des neuf établissements du secteur public à offrir le programme de technique de design d’intérieur au Québec et graphisme. Plusieurs programmes associés aux arts jouissent également d’une excellente réputation à Marie-Victorin tels que musique (préuniverstaire et techniques), arts visuels, arts, lettres et communication (média, théâtre, cinéma, littérature, langues), etc.
« Depuis que nous avons amorcé la transformation de nos aménagements en 2008, l’objectif, le concept en fait, est toujours demeuré le même, soit de mettre en valeur le talent de notre personnel et des étudiants. Tous les projets sont créés et conçus entièrement avec la collaboration du personnel enseignant des programmes de Design d’intérieur, de Graphisme et d’Arts visuels du Cégep, et les étudiants peuvent y participer dépendant du type d’aménagement retenu. Nous avons toute cette expertise dans notre propre établissement, pourquoi ne pas en faire profiter tout le monde et la mettre fièrement en valeur? », affirme Sylvain Mandeville. Autre aspect non-négligeable, ce concept permet à l’institution de faire beaucoup plus avec les mêmes moyens financiers qu’un autre cégep, et cela est encore plus vrai depuis six ans avec l’embauche de Louise Gélinas, une designer d’intérieur chevronnée qui a été confirmée dans un emploi à temps complet dans l’équipe des ressources matérielles. C’est elle qui est dédiée aux aménagements des milieux de vie et à l’environnement du cégep.
Ci-haut : exemple d’un corridor d’origine réaménagé par des employés du cégep. (Photos courtoisie CMV).
Depuis 2008, la direction de l’établissement donne le feu vert (et les budgets) pour au moins un projet d’aménagement d’un milieu de vie par année, souvent deux, et parfois trois, parmi ceux proposés par le personnel. Ces 15 dernières années, pas moins de 32 aires communes et autres milieux de vie ont ainsi été revampés, dont plusieurs de façon spectaculaire. C’est le cas de la fameuse cafétéria, qui continue d’épater la galerie, de la magnifique bibliothèque, de la piscine, et de l’entrée de la Salle Désilets, pour ne nommer que ces réalisations.
Aujourd’hui, la plupart des aires communes du collège, du moins les principales, ont eu droit à leur cure de rajeunissement, donnant un nouveau look stylisé, moderne, unique et artistique aux quatre coins de l’établissement. Depuis quelques années, on s’affaire donc surtout à revoir l’ambiance dans les différents secteurs associés à des programmes d’études. Par exemple, certains corridors principaux et salles de classe ont fait l’objet d’un nouveau design, toujours en lien avec la thématique des programmes d’études. On parle notamment des secteurs fréquentés par les étudiants en informatique, en mode, en sciences de la nature, en sciences humaines, en arts ou en techniques humaines. Un processus qui devrait se poursuivre au cours des prochaines années, assure la direction du cégep.
Une fois la visite de l’institution terminée, honnêtement, on ne peut s’empêcher de faire un lien avec l’expérience que peut procurer certains types de musées… bien sûr jusqu’à un certain point. Mais la création et l’art, omniprésents, proposent définitivement une ambiance lumineuse unique au Cégep Marie-Victorin dans le réseau collégial. C’est impressionnant et stimulant, et si vous avez la chance, le coup d’œil vaut le détour.
Un cégep en croissance
Selon les prévisions du ministère de l’Enseignement supérieur, le Cégep Marie-Victorin devrait connaître une augmentation de près de 25 % de sa population étudiante à l’enseignement régulier d’ici 2029. Ainsi, on s’attend à accueillir à la fin de la présente décennie quelque 4 635 étudiants, alors qu’on en compte actuellement 3 750. Cette hausse serait le fruit d’une augmentation continue des résidents dans les arrondissements excentrés de l’est de l’île de Montréal, dont les élèves fréquentent déjà en nombre croissant les écoles du Centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île. Une tendance qui devrait se poursuivre encore dans les prochaines années croit le ministère, compte tenu que l’est de Montréal est considéré aujourd’hui comme un territoire en développement. Ces chiffres ne tiennent pas compte des étudiants à temps partiel, ni des 2 500 étudiants adultes qui, bon an mal an, sont inscrits en formation continue dans des programmes crédités ou non-crédités et aux services aux entreprises.
Parmi les stratégies pour convaincre les étudiantes et étudiants à s’inscrire au Cégep Marie-Victorin, l’une des plus efficaces, sinon la plus efficace, est l’organisation de journées portes ouvertes. Selon la direction, c’est évidemment un moment parfait pour faire découvrir l’environnement exceptionnel de l’institution, qui joue un rôle important dans la décision des jeunes de fréquenter ou non l’établissement. « Quand on réussi à attirer les jeunes aux portes ouvertes, beaucoup sont charmés par nos installations, mais aussi par le caractère convivial, presque familial qui se dégage ici. Ça on l’entend souvent. C’est sûr que notre configuration de type pavillonnaire contribue à ce sentiment, parce que ça permet une certaine intimité pour chacun des programmes d’études qui sont regroupés dans des ailes distinctes ou des bâtiments particuliers. En plus d’offrir des programmes d’études de qualité, d’avoir un personnel dédié et dévoué, l’aménagement des milieux de vie par et pour le personnel et les étudiants rend le cégep plus lumineux, agréable et vivant, et cela est définitivement un atout », conclut le directeur général.