MHM VEUT COMBATTRE LA POLLUTION LUMINEUSE
Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM) a publié lundi soir un guide visant à aider les entreprises et industries de son territoire à adopter de meilleures pratiques en matière d’éclairage, afin de réduire les nuisances et de favoriser la cohabitation avec les citoyens.
C’est au Planétarium de Montréal, en présence d’experts de la Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic, que l’arrondissement a présenté le document d’une douzaine de pages. Le Guide de bonnes pratiques en matière d’éclairage a pour objectif de répondre adéquatement au besoin des compagnies de s’éclairer tout en limitant les impacts négatifs de la lumière nocturne, explique le maire de MHM, Pierre Lessard-Blais.
« On a déjà une réglementation [concernant la pollution lumineuse] qui est à jour, mais on voulait aller un peu plus loin. C’est en souhaitant sensibiliser et éduquer les entreprises pour les amener à justement aller plus loin dans leurs efforts de cohabitation qu’on a créé ce guide », souligne l’élu.
MHM est le premier arrondissement à mettre en place ce genre d’outil, insiste M. Lessard-Blais. Cependant, le maire indique que son administration ne vise pas pour l’instant à resserrer sa réglementation en matière de pollution lumineuse.
Celle-ci peut avoir de nombreux effets délétères, selon les experts présents lors du dévoilement du guide. « La pollution lumineuse est une source de nuisances pour la qualité de vie des résidents ainsi que pour la biodiversité et les espèces vivantes, telles que les oiseaux, les pollinisateurs et les espèces aquatiques », explique Rémi Boucher, coordonnateur scientifique et porte-parole à la Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic. De plus, il s’agit d’une source de gaspillage énergétique qui entraine d’autres problèmes, tels que l’éblouissement et un faux sentiment de sécurité, affirme-t-il. « En appliquant les bonnes pratiques d’éclairage identifiées dans ce guide, il est possible de limiter les multiples nuisances associées à la lumière artificielle nocturne, tout en améliorant la visibilité et la sécurité des citoyens. Réduire la pollution lumineuse, ce n’est pas cesser d’éclairer, c’est simplement éclairer mieux. »
Mieux éclairer en quatre étapes
Le guide propose quatre méthodes concrètes pour réduire les nuisances liées à l’éclairage mal ajusté et ainsi préserver la faune urbaine.
En premier lieu, on suggère d’orienter le flux lumineux vers le sol en choisissant des luminaires qui n’envoient aucune lumière vers le ciel et le voisinage. Cette mesure s’applique autant aux entreprises qu’à la Ville Centre, qui remplace progressivement ses lampadaires pour se conformer aux meilleures pratiques, selon M. Lessard-Blais.
En second lieu, le guide plaide pour l’utilisation de la bonne quantité de lumière selon la situation. On propose d’opter pour « un éclairage plus sobre et uniforme ».
Troisièmement, l’arrondissement promeut l’éclairage de couleur chaude. On veut minimiser l’usage de lumière blanche et froide, plus agressante pour le voisinage.
Enfin, le guide demande aux entreprises de réduire la lumière en dehors des périodes d’activités en créant des heures d’utilisation pour les dispositifs d’éclairage. Ceci permettrait entre autres de limiter le gaspillage énergétique.
Bien que le guide soit distribué sur l’ensemble du territoire de MHM, le maire confirme que certains secteurs posent de plus importants problèmes en matière de pollution lumineuse, comme Assomption Sud–Longue-Pointe (ASPL), en raison de la proximité des entreprises, des industries, du Port de Montréal et des quartiers résidentiels. Un rapport commandé par MHM l’an dernier mettait en lumière différentes nuisances avec lesquelles les résidents de d’ASPL vivent quotidiennement. Le présent guide découle en partie de cette enquête selon le maire. D’ailleurs, en juin 2023, la Ville de Montréal présentait sa nouvelle vision pour le secteur de l’ASPL, privilégiant dorénavant « un aménagement du territoire visant à améliorer la qualité de vie des résidentes et des résidents par la diminution des impacts des activités industrielles et l’augmentation du verdissement », plutôt qu’une vision principalement centrée sur le développement économique.
« C’est un guide pour tout l’arrondissement. On veut la meilleure cohabitation, mais on ne veut pas non plus être un arrondissement-dortoir. On veut pouvoir y vivre, y travailler et s’y amuser et avoir des quartiers complets », indique M. Lessard-Blais.
En plus du Guide de bonnes pratiques en matière d’éclairage, l’arrondissement distribuera bientôt aux citoyens 24 000 exemplaires d’un autre guide pour mieux diriger leurs plaintes, autant en ce qui concerne la pollution lumineuse que les autres désagréments urbains. « On veut clarifier le processus, pour que les gens sachent où déposer leurs plaintes », affirme le maire.
La Ville inclut dans ce second guide diverses nuisances (ex. : bruit, vibration, qualité de l’air, vermine, etc.) et les coordonnées des services responsables de leur gestion. Ainsi, on explique dans le document comment joindre l’arrondissement de MHM, le Service de police de la Ville de Montréal, le Service de l’environnement, l’Administration portuaire de Montréal ainsi que la Société de développement et de mise en valeur du Parc olympique.