Photo : OCPM.

NUISANCES DANS ASSOMPTION SUD-LONGUE-POINTE : UN RAPPORT POUR ENCADRER LES INDUSTRIES

Les activités industrielles et logistiques dans le district Maisonneuve-Longue-Pointe ont des impacts très variables, pouvant parfois causer de forts désagréments. Dans d’autres domaines, les effets sur la population sont minimes, selon un rapport commandé par l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.

Cette étude environnementale, confiée à la firme SNC-Lavalin, brosse un portrait global des nuisances dans le secteur Assomption Sud–Longue-Pointe et tire plusieurs conclusions. Quatre thématiques ont été abordées : le bruit, la pollution de l’air, les vibrations et la pollution lumineuse.

Les constats les plus graves du rapport proviennent de la pollution sonore et lumineuse. En effet, l’analyse des données et des études sonores disponibles ont permis d’observer que le niveau de gêne au sein des secteurs résidentiels à l’étude varie « d’acceptable à fort » selon la localisation des points de mesure. Ce serait surtout la circulation sur la rue Notre-Dame Est qui apparaitrait comme la principale contributrice au climat sonore dérangeant le long de cette route. On note que le bruit des activités du voisinage est toutefois aussi prépondérant, mais qu’au cœur des secteurs résidentiels, loin des principaux axes routiers et des interfaces avec les secteurs industriels, « la gêne sonore est la plus faible ».

En ce qui concerne la pollution lumineuse, les analyses menées démontrent que la grande proximité des rues résidentielles avec certains bâtiments et terrains commerciaux et industriels, ainsi que le manque d’application de bonnes pratiques d’éclairage extérieur, sont responsables de plusieurs cas de lumière intrusive dans les habitations et d’éblouissement sur la voie publique. De plus, on souligne que la luminosité du secteur a diminué de 2018 à 2020, possiblement grâce à la conversion des luminaires routiers de la ville de Montréal. Toutefois, avec le développement amorcé des terrains en friche, « il est à prévoir que la luminosité du secteur augmentera au cours des prochaines années », anticipe-t-on dans le rapport.

Peu de nuisances au niveau des vibrations et de l’air

Somme toute, le document se garde d’être dévastateur à l’endroit du milieu industriel dans le quartier, notant par exemple que « dans l’ensemble, la gêne occasionnée par les vibrations aux points de mesure sélectionnés apparait généralement acceptable » et que « pour la pollution de l’air, l’analyse des données de stations de mesures ainsi qu’une étude antérieure ont permis d’observer que des dépassements des normes pour les types de particules analysés surviennent occasionnellement ». On ajoute dans le rapport qu’une « analyse du bilan annuel du Service de l’environnement de la Ville de Montréal démontre qu’à la station Hochelaga-Maisonneuve, la qualité de l’air est généralement de bonne qualité (82 % du temps) et que le nombre de jours considéré « bon » est plus élevé qu’aux autres stations du réseau montréalais ».

Cependant, l’étude rappelle que le secteur Assomption Sud-Dickson est visé par plusieurs projets de développement, en cours ou en planification, dont notamment ceux de Ray-Mont Logistiques, du pont d’étagement de l’APM, du prolongement du boulevard de l’Assomption, du poste d’Hydro-Québec et du centre de transport de la STM. « Ces projets auront pour effet de ramener de l’activité dans ce secteur où plusieurs lots sont vacants », indique-t-on.

« Il était temps »

Les conclusions de ce rapport étaient attendues avec beaucoup d’anticipation par les citoyens engagés dans la défense des droits environnementaux des résidents du secteur. Pour Anaïs Houde, porte-parole du groupe Mobilisation 6600, « il était temps » que ce rapport soit rendu public, car il met la table pour instaurer des mesures efficaces afin de protéger la qualité de l’environnement et la santé des habitants en périphérie.

Les membres de Mobilisation 6600 se mobilisent fréquemment pour protester contre le projet de plateforme de transbordement de Ray-Mont Logistiques. (Photo: Facebook/Mobilisation 6600).

« On est heureux que ce rapport soit enfin publié. C’est quelque chose qu’on demande depuis des années. Quand on a obtenu des consultations de la part de l’Office de consultation publique de Montréal, en 2019, les recommandations qui ont suivi ont été de « réduire et limiter les nuisances ». Mais pour les limiter, il faut qu’on les connaisse. Ça fait donc quatre ans qu’on demande un état des lieux, un portrait de notre quartier », souligne Mme Houde.

Cette dernière pense que malgré les constats mi-figue, mi-raisin de l’étude, il reste encore beaucoup de travail à accomplir pour que le secteur demeure agréable pour les résidents. La porte-parole note que les nombreux projets anticipés dans le secteur tels que la plateforme de transbordement de Ray-Mont Logisitiques, le prolongement du boulevard de l’Assomption et la construction du pont à étagement du Port de Montréal, pourraient faire augmenter le camionnage à plusieurs milliers de passages supplémentaires dans les rues du secteur.

« Avec l’arrivée de Ray-Mont Logistiques, ça va être pire. Par exemple, en ce qui concerne les trains. Actuellement, c’est un train de sept wagons qui passe environ aux deux semaines. Avec Ray-Mont, c’est un train de cent wagons chaque jour! Et les trains, c’est une des sources les plus importantes de vibration », insiste cette dernière. Elle ajoute que des suivis au niveau des nuisances devront être réalisés dans le futur, parce que la situation dépeinte au moment de la rédaction du récent rapport ne sera plus la même une fois que les nouveaux projets nommés ci-haut seront complétés.

Des mesures adoptées par l’arrondissement

À la suite de la publication de ce rapport, les élus à la tête de l’administration de MHM promettent de mettre en place une série de mesures pour limiter les nuisances et continuer leur suivi.

La conseillère de la Ville, Alia Hassan-Cournol. (Photo: Courtoisie Ville de Montréal).

« L’étude réalisée par SNC-Lavalin découle des efforts de concertation menés avec les citoyens au sujet du projet de Ray-Mont Logistiques », rappelle la conseillère de Ville responsable du district de Maisonneuve-Longue-Pointe, Alia Hassan-Cournol. On souhaite donc mettre en œuvre différentes actions, incluant la production d’un guide qui facilite le processus des plaintes, ainsi que l’élaboration d’un document des bonnes pratiques d’éclairage à l’intention des entreprises.

De plus, l’élue confirme que des portraits et analyses des nuisances seront périodiquement effectués, avec divers experts, dont ceux de la Direction de la Santé publique de Montréal et le Service de l’environnement de la Ville de Montréal.

Enfin, l’arrondissement adoptera lundi prochain une modification de son règlement sur le bruit qui sera soumise au conseil afin de « s’arrimer aux normes provinciales en matière de contrôle du bruit ». « On s’inspire des plus hauts standards de mesure du bruit, qui sont tenus par Québec, au ministère de l’Environnement. Ça vient nous donner les bons outils de mesure, les bons instruments pour s’assurer que les données que l’on va collecter vont être dans les meilleurs standards », souligne Mme Hassan-Cournol.

À l’opposition, on indique que l’étude environnementale confirme la nécessité d’implanter des mesures de mitigation pour améliorer la qualité de vie des résidents du secteur. « En ce sens, je réitère mes demandes à l’administration afin qu’elle implante rapidement une station d’échantillonnage de la qualité de l’air et un règlement afin de limiter le niveau des vibrations liées aux chantiers », souligne dans un courriel Julien Hénault–Ratelle, conseiller de Ville du district de Tétreaultville dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve pour Ensemble Montréal.

Ce dernier ajoute que les analyses de la qualité de l’air « ne sont pas représentatives de la réalité du secteur en raison notamment de l’impact des vents dominants en provenance du sud-ouest sur les données des stations d’échantillonnage. Notre constat est le même pour les vibrations qui n’ont pas été évaluées près des endroits potentiellement problématiques. Plutôt que de mener les études sur la rue Notre-Dame, où il y a une importante circulation de camions par exemple, celles-ci ont été réalisées au sein des artères locales où le niveau des vibrations est moins important.»