MHM : « LA COLLECTE DES ORDURES MÉNAGÈRES AUX DEUX SEMAINES DONNE DE BONS RÉSULTATS »
D’ici la semaine prochaine, l’ensemble de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM) adoptera un nouvel horaire de collecte des ordures ménagères; les éboueurs ne passeront plus qu’aux deux semaines dans le secteur d’Hochelaga-Maisonneuve. L’initiative, qui a comme objectif de diminuer la quantité de matières résiduelles qui partent vers les dépotoirs et d’encourager la participation citoyenne au recyclage et au compostage, semble déjà porter ses fruits.
Il y a plus de deux ans déjà que certains des quartiers de l’est de MHM s’adonnent à la pratique de l’espacement des collectes des ordures ménagères. Récemment, l’arrondissement a publié un rapport dans lequel on démontre, statistiques à l’appui, que la mesure est efficace pour réduire les ordures ménagères collectées et augmenter les déchets de table envoyés au bac brun.
Ainsi, dans le quartier de Saint-Justin, l’espacement de la collecte a été déployé le 28 février 2022; dans Mercier-Ouest, il est présent depuis le 13 novembre 2023; et dans Tétreaultville, l’espacement a commencé le 22 mars 2024. Les résultats obtenus dans ces zones de projet pilote ont été analysés grâce à des comparaisons « avant-après » sur des périodes respectives de 12, 6 et 3 mois. Dans le Rapport d’étape d’octobre 2024 « Espacement de la fréquence de collecte des ordures ménagères dans MHM », on indique que les résultats dans Mercier-Ouest et Tétreaultville sont intéressants, mais demeurent préliminaires.
Toutefois, les données collectées dans Saint-Justin sont prometteuses. On affirme assister à une réduction de 13 % des ordures ménagères collectées durant les 12 mois où la mesure a été mise en place, en comparaison des 12 mois précédents son implantation. Par une règle de 3, on calcule ainsi que cela représenterait 2 445 t en moins de déchets qui se retrouveraient au dépotoir. Le compostage pour sa part connaît une tendance à la hausse, avec 31 % de résidus alimentaires collectés, soit 1 204 t en plus destinées au compostage.
Le taux de contamination des résidus alimentaires a aussi diminué de 68 % dans les industries, les commerces et les institutions, et le taux de participation à la collecte dans le secteur résidentiel a crû de 18 %.
« Dans tous les secteurs où l’espacement a été déployé, une diminution significative des ordures ménagères collectées et une augmentation importante des résidus alimentaires collectés sont observées », souligne-t-on dans le document.
À la publication de ces statistiques, le maire de MHM, Pierre Lessard-Blais, s’est réjoui de ces résultats. « La crise climatique est bien réelle, et nous n’avons plus le luxe de faire dans la demi-mesure. Les résultats du rapport d’étape confirment que l’espacement de la fréquence des collectes d’ordures ménagères est une mesure fonctionnelle et efficace. Ce que nous faisons présentement, c’est un changement profond des habitudes qui nous ont été inculquées dès l’enfance. Je suis fier des citoyens qui changent leurs habitudes devant les défis de notre époque et je les en remercie », a souligné l’élu.
L’Opposition demande une pause l’été
Pour les élus de l’Opposition officielle à l’arrondissement de MHM, on se dit pour l’initiative d’espacement de la collecte des ordures ménagères, tout en émettant des réserves.
« Du côté de MHM, on a voté en faveur de la mesure en déposant une motion et un amendement, pour demander que pendant la saison estivale, la collecte reste hebdomadaire », indique Julien Hénault-Ratelle, conseiller de la Ville pour le district de Tétreaultville et membre d’Ensemble Montréal.
En raison de son cadre bâti très dense, comprenant plusieurs édifices à multilogements, le territoire d’Hochelaga-Maisonneuve présente plusieurs défis à l’espacement de la collecte des poubelles. La collecte hebdomadaire durant la saison estivale serait appropriée dans les résidences pour personnes âgées, les garderies ou les grands complexes immobiliers, où l’espace vient à manquer lorsqu’il faut entreposer les ordures et les bacs verts et bruns. « Tout ce qui pue ne va pas au compost », rappelle M. Hénault-Ratelle, en référence à certains déchets, comme les couches jetables et les litières pour animaux, qui sont forcément destinés aux ordures.
La motion proposée par les élus de l’Opposition a été rejetée, mais M. Hénault-Ratelle demande tout de même qu’on considère un meilleur accompagnement auprès des citoyens.
Ce dernier relativise aussi les données publiées par l’arrondissement quant à la participation au compostage. Selon le conseiller, c’est plutôt parce qu’on a distribué des bacs de compostage aux citoyens durant les projets pilotes qu’on a observé une hausse de la pratique dans les secteurs cernés. « On ne voit pas que Mme Laviolette mettait un kilo de compost dans son bac avant la mesure et qu’elle en met désormais deux. La hausse qui se produit, ce qu’on constate, c’est que les citoyens qui n’avaient pas accès au compost, maintenant, le font au même taux que ceux qui le faisaient précédemment », insiste M. Hénault-Ratelle.