Des légumes frais dans un kiosque solidaire tenu dans MHM (Courtoisie de l’arrondissement de MHM/Mélanie Dusseault)

MHM SOUHAITE AIDER LES CITOYENS À REPENSER LEUR ALIMENTATION

Dans le but de développer un système alimentaire plus résilient et équitable, l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM) lance la phase 2 de consultation pour bâtir son Plan de développement d’une communauté nourricière (PDCN). Dans le cadre de celle-ci, les citoyens du secteur seront conviés à se prononcer pour la première fois. Certains acteurs derrière cette démarche, dont des organismes en aide alimentaire, partagent avec EST MÉDIA Montréal les défis qu’ils rencontrent et les pistes de solution envisagées.

La première phase de consultation, menée au printemps dernier, révèle que l’arrondissement de MHM fait face à plusieurs enjeux en matière d’alimentation. Les résultats de cette consultation (disponibles ici) mettent en évidence une grande vulnérabilité alimentaire dans certains ménages, une distribution inégale des services alimentaires sur le territoire, ainsi qu’une capacité limitée des organismes à répondre à la demande. La phase 1 permet aussi de constater que la collaboration entre les acteurs du milieu est à renforcer et que les efforts en matière de réduction du gaspillage alimentaire doivent être intensifiés.

En plus des représentants de l’arrondissement, plusieurs organismes locaux en sécurité alimentaire étaient présents lors de cette première rencontre. « La première phase a permis d’établir un diagnostic précis des besoins du quartier. La deuxième étape vise désormais à réfléchir et trouver des solutions concrètes. La troisième phase présentera le plan d’action pour répondre à ces besoins », explique Marc-André Simard, directeur général du Chic Resto Pop, organisme alimentaire bien connu d’Hochelaga et membre du comité de pilotage du PDCN. 

Esther Tremblay, conseillère en planification, section transition écologique et résilience, à la Direction d’arrondissement de MHM (Courtoisie)

La conception du PDCN, incluant les 3 phases de réflexion, est financé à hauteur d’environ 100 000 $, comprenant un montant de 50 000 $ octroyé par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) et un autre de 52 300 $ donné par l’arrondissement. « Ce financement servira de catalyseur pour mobiliser des investissements supplémentaires auprès d’autres partenaires gouvernementaux, ce qui permettra de démontrer la capacité du projet à susciter des collaborations et à générer des demandes de subventions complémentaires », explique Esther Tremblay, conseillère en planification, section transition écologique et résilience, à la Direction d’arrondissement de MHM. 

Pour la phase 2 du plan de consultation du PDCN, l’arrondissement organise un forum citoyen le 5 novembre prochain au CRC St-Donat (6547, rue de Marseille) de 15 h à 17 h puis de 18 h à 20 h. Élus, acteurs et, pour la première fois, citoyens locaux sont invités à partager leurs visions pour l’avenir de l’alimentation dans leur quartier.

Un territoire aux multiples enjeux 

Si les enjeux en alimentation sont communs à l’ensemble du territoire de l’arrondissement, qui regroupe quelque trente organismes et ressources offrant de l’aide alimentaire diverse d’après les données de l’arrondissement, chaque quartier a ses spécificités propres. « Mercier-Est et Mercier-Ouest sont confrontés à un accès limité aux commerces de proximité, tandis qu’Hochelaga-Maisonneuve souffre d’une offre alimentaire abondante mais peu équilibrée », renseigne Marc-André Simard. 

Historiquement, Hochelaga-Maisonneuve est un quartier reconnu pour son offre abondante de dépanneurs et de restauration rapide. « Cette offre commerciale transforme ce quartier en un véritable « marais alimentaire », où l’abondance d’aliments ultra-transformés nuit à une alimentation équilibrée. Il est urgent de trouver des solutions pour inverser cette tendance et promouvoir une alimentation saine », insiste le directeur général du Chic Resto Pop. 

Du côté de Mercier-Ouest, les besoins alimentaires sont de plus en plus diversifiés, notamment en raison de l’arrivée grandissante d’une population immigrante. « On nous demande de plus en plus de nourriture halal. Sauf qu’en plus de ne pas avoir les moyens d’en acheter, ce type de nourriture ne figure pas parmi les dons que l’on reçoit », regrette Denis Poirier, président du conseil d’administration de l’épicerie solidaire du Groupe d’entraide de Mercier-Ouest (GEMO), également membre du comité de pilotage du PDCN. 

L’organisme à but non lucratif (OBNL), qui existe depuis 1999, opère une épicerie de quartier qui offre une gamme de produits en vrac zéro déchet pour tous les citoyens ainsi qu’une aide alimentaire pour les personnes à faible revenu. À l’instar de ses confrères, le GEMO rencontre de plus en plus de difficultés. « Notre principal défi réside dans l’approvisionnement en denrées alimentaires. La diminution constante des dons, couplée à une baisse des financements, nous contraint à acheter davantage de produits, ce qui alourdit considérablement notre budget, alors que les besoins de la population ne cessent d’augmenter », confie-t-il. 

Les chiffres de la banque alimentaire du GEMO témoignent d’une hausse significative de 40 % de la fréquentation cette année, soulignant ainsi une augmentation des besoins alimentaires dans le secteur.

L’épicerie du GEMO, située au  6765, rue de Marseille (Courtoisie)

 Vers une alimentation durable, locale et abordable 

Marc-André Simard, directeur général du Chic Resto Pop (EMM/Sophie Gauthier)

Afin de répondre à ces défis, le PDCN a donc « l’objectif de mettre en place un système alimentaire durable, frais et résilient, accessible au plus grand nombre », souligne Esther Tremblay.

Pour ce faire, plusieurs solutions seront prochainement proposées. « La création d’un pôle communautaire alimentaire permettrait aux citoyens de se procurer des denrées sans stigmatisation, dans un système clair et organisé. Actuellement, la distribution alimentaire d’urgence à Hochelaga-Maisonneuve est morcelée entre une dizaine d’organismes. La centralisation de ces services au sein d’un seul centre permettrait une meilleure coordination et une plus grande efficacité », argumente Marc-André Simard. 

Le directeur général du Chic Resto Pop propose également comme solution de multiplier les initiatives d’agriculture urbaine, avec la création de plus de « pieds carrés nourriciers » dans le quartier, et de gérer différemment les déchets : « Ce serait intéressant d’avoir une usine à compost qui permettrait d’éviter de payer des gros montants pour nous débarrasser des déchets », propose-t-il en terminant.

La mise en oeuvre du PDCN de MHM est prévue pour l’été 2025, une fois les trois phases finalisées.

Forum citoyen au sujet du PDCN

Quand? Le mardi 5 novembre
À quelle heure? De 15 h à 17 h puis de 18 h à 20 h
Où? Au CRC St-Donat (6547, rue de Marseille)