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LIBAIR : UN PROGRAMME DU CQTS POUR LIBÉRER LES JEUNES DU VAPOTAGE

Alors que la cigarette « classique » avait été largement délaissée par les jeunes ces dernières années, l’utilisation à la hausse de la vapoteuse par les adolescents devient quant à elle inquiétante. Le Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS) a lancé l’an dernier le programme Libair, une ressource d’aide à l’arrêt du vapotage sous forme d’application à télécharger. L’organisme compte sur le déploiement d’une nouvelle campagne de communication et sur des visites en milieu scolaire pour capter l’intérêt des jeunes utilisateurs de la cigarette électronique.

Le CQTS, dont la mission première est de promouvoir un « Québec sans tabac », s’efforce de sensibiliser les jeunes comme les moins jeunes aux conséquences néfastes de la consommation de produits du tabac sur leur santé. L’OBNL est d’ailleurs derrière le populaire programme J’ARRÊTE, utilisé depuis plusieurs années par de nombreux fumeurs désireux « d’écraser ». Bien que les heures de gloire de la cigarette semblent aujourd’hui lointaines, elle a été largement remplacée par la vapoteuse, cette cigarette électronique pratique, attrayante et offerte en différents formats et couleurs diverses. « Il n’y a presque plus de jeunes qui fument, autour de 4 % de fumeurs de moins de 18 ans seulement. On se disait donc qu’on avait presque gagné la bataille, explique Dominique Claveau, directrice des programmes au CQTS. Mais avec le vapotage, notre unité de mesure dénote environ 30 % d’utilisateurs chez les adolescents de secondaire 4 et 5. On craint donc de voir une nouvelle augmentation des jeunes qui fument la cigarette, puisque ceux qui vapotent ont quatre fois plus de chances de commencer à fumer. »

Dominique Claveau, directrice des programmes au CQTS (Courtoisie)

Mme Claveau, qui habite Hochelaga-Maisonneuve, constate elle-même la situation lorsqu’elle se balade et passe près des écoles de son secteur. « Je réside à côté de l’école Édouard Montpetit et je vois de nombreux jeunes avec leurs vapoteuses qui attendent l’autobus, qui se rendent au parc, ou encore à la sortie de l’école. » 

La directrice des programmes précise que le problème avec le vapotage dont les effets nocifs sur les poumons et le système cardio-vasculaire ont été recensés par certaines études est surtout la forte dépendance qu’il occasionne. « Les jeunes consomment de plus importantes doses de nicotine que dans le cas de la cigarette. Avant, un fumeur adolescent allait consommer en moyenne une ou deux cigarettes par jour, pendant les pauses par exemple. Mais la vapoteuse, c’est un objet que les jeunes ont constamment en main et qu’ils vont utiliser presque partout. En plus, ce n’est pas irritant pour la gorge, donc de grosses quantités de nicotine peuvent être respirées. Un “pods” de vapoteuse, c’est l’équivalent d’un paquet de cigarettes. Certains peuvent inhaler ça le temps d’une récréation », constate-t-elle.

Il devient donc très difficile pour les utilisateurs de se défaire de cette habitude de chaque instant. Ironiquement, la vapoteuse avait été présentée pour aider les fumeurs à cesser leur consommation tabagique. « Les moins de 24 ans ont plutôt embarqué dans cette “mode” de la cigarette électronique. Ce n’est donc pas une substitution, mais bien la création d’une nouvelle génération de jeunes dépendants », note la directrice. 

Le récent projet de loi du gouvernement québécois, qui interdit la vente d’arômes pour vapoteuses autres que celui qui imite le tabac, a encouragé certains consommateurs à abandonner leur bâtonnet électronique, selon Mme Claveau. « L’idée avec cette réglementation était de prévenir l’initiation à la vapoteuse. Ça envoie un message clair : ces produits-là, ce ne sont pas des bonbons. C’est sûr que la loi n’est peut-être pas parfaite, mais je crois qu’elle a quand même aidé à diminuer le nombre de vapoteurs ou, du moins, à encourager certaines personnes à essayer d’arrêter. »

Libair : une application pensée pour et par les jeunes

Lancé l’automne dernier, le programme Libair mise quant à lui sur l’accompagnement pour enrayer la pratique du vapotage chez les jeunes. Ceux qui manifestent l’envie d’arrêter peuvent se tourner vers le programme et son application téléchargeable. Cette dernière a été bâtie en collaboration avec les jeunes, « qui ont choisi le nom, les couleurs, et testé les fonctionnalités, qui respectent les codes de leur génération », précise Mme Claveau.

Dans l’application, un profil est créé à partir des réponses aux différentes questions qui portent sur les habitudes de consommation. « L’application invite l’utilisateur à réfléchir à ses motivations, sur sa dépendance ou encore sur les déclencheurs. Un parcours personnalisé aidant à l’arrêt lui est ensuite proposé », ajoute la directrice des programmes du CQTS.  L’utilisateur peut également suivre en temps réel les économies réalisées depuis qu’il a cessé de vapoter, une importante source de motivation. 

Publicité de l’application Libair (Courtoisie)

Bien que disponible, l’application Libair est toujours en développement, précise Dominique Claveau. « On ajoute encore des composantes pour la bonifier. On vient tout juste d’ajouter le bouton “J’ai une envie”, sur lequel l’utilisateur peut cliquer pour obtenir des trucs qui aident à laisser passer la pulsion de vapoter. »

Le programme Libair s’est aussi basé sur les données récoltées lors de diverses rencontres organisées en milieu scolaire, appelés les Groupes Libair. Ces rendez-vous permettent de demander l’avis des jeunes pour solidifier la pertinence du programme. « On est en contact avec plusieurs écoles, on les informe régulièrement et on leur envoie aussi des affiches de sensibilisation, par exemple », ajoute Mme Claveau.

Une campagne de promotion sera très bientôt lancée par le CQTS pour faire connaître Libair. Quelques actions médiatiques sont prévues au courant de l’été afin de donner encore plus de visibilité au programme, dont l’application dénombre aujourd’hui 2 000 téléchargements. Une offensive d’affichage sur les réseaux sociaux et dans le métro de Montréal fait également partie de la stratégie de communication qui sera bientôt déployée par l’organisme.


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