Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal innove en intégrant des infirmières auxiliaires dans ses équipes de soins intensifs.

LES INFIRMIÈRES AUXILIAIRES FONT LEUR ENTRÉE AUX SOINS INTENSIFS

Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de Montréal a récemment lancé un projet d’intégration des infirmières auxiliaires dans l’équipe de soins intensifs de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont et de l’Hôpital Santa Cabrini. Cette initiative précurseure en la matière vient concrétiser l’importance du rôle que peuvent tenir les infirmières auxiliaires auprès du personnel infirmier, mais aussi des patients et de leur famille. Un soutien à caractère humain qui augmente indéniablement la qualité des soins et optimise les pratiques.

L’arrivée aux soins intensifs des infirmières auxiliaires fait suite à la présentation du projet novateur au dernier Congrès 2022 de l’Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec (OIIAQ). L’initiative visait à reconnaître et à mettre à profit le champ d’expertise de ces infirmières en concrétisant un potentiel de collaboration professionnel depuis longtemps admis. Bien que la pénurie actuelle de main-d’œuvre amène à la réflexion et au changement, cette intégration découle surtout d’un désir d’optimisation des services et d’assistance bonifiée aux patients, comme au personnel en poste, selon Laetitia Royer, conseillère cadre en soins infirmiers — soins critiques et médecine spécialisée à la direction des soins infirmiers au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.

« Dans ce contexte de pénurie, nous nous sommes questionnés à savoir comment nous pouvons soutenir nos infirmières dans leur rôle et dans leurs tâches avec les ratios actuels. Elles ont été épuisées pendant la pandémie, et même bien avant. L’arrivée des infirmières auxiliaires permet non seulement de les épauler, mais aussi d’assurer une plus grande sécurité pour nos usagers. Par exemple, lorsqu’un patient instable vient d’être admis aux soins intensifs, elles sont présentes et permettent une vigie plus constante », explique Mme Royer.

Une collaboration, mais pas un remplacement 

Laetitia Royer précise que la présence d’une infirmière auxiliaire dans l’unité de soins intensifs ne vient en aucun cas remplacer une infirmière spécialisée en soins critiques, puisque les interventions pratiquées ne sont pas les mêmes. L’idée est plutôt celle d’une collaboration rapprochée et d’un soutien mutuel lors des quarts de travail. Selon la conseillère cadre, cette intégration n’avait jamais été faite auparavant, notamment car beaucoup d’évaluations doivent être réalisées dans les soins d’urgence, une pratique que ne peuvent pas faire les infirmières auxiliaires. « Il est certain que le champ d’expertise des infirmières auxiliaires est moins étendu que les infirmières attitrées. Mais cela n’empêche pas qu’il va y avoir des pratiques qui vont être faites en collaboration, et qui seront ainsi améliorées. Par exemple, une auxiliaire ne peut pas injecter directement un médicament par intraveineuse ou bien faire l’évaluation médicale d’un patient. Mais elle viendra aider l’infirmière, la soutenir dans ses interventions, comme par exemple dans la prise de notes ou dans l’assistance aux soins prodigués. »  

Laetitia Royer CIUSSS Est Montréal

Laetitia Royer, conseillère cadre en soins infirmiers — soins critiques et médecine spécialisée à la direction des soins infirmiers au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal (photo courtoisie).

Plus de vigilance pour une meilleure qualité des soins 

Pour Laetitia Royer, cette percée innovante en matière de partenariat interdisciplinaire est un succès car elle démontre une augmentation perceptible de la qualité des soins donnés aux patients admis aux soins intensifs. Les infirmières auxiliaires, à l’affût de complications potentielles chez les patients en situation critique, deviennent ainsi des alliées notoires dans la détection des signes précoces de détérioration.

« Les infirmières auxiliaires vont procéder à des tours de garde pour vérifier l’état d’un patient. Cela réduit ainsi la tâche de l’infirmière et ça lui donne l’occasion de s’impliquer davantage dans le processus de soin. Les infirmières auxiliaires deviennent, en quelque sorte, les yeux et les oreilles de l’infirmière en charge et peuvent l’interpeller pour lui partager une réflexion à propos d’un patient, par exemple. Cela permet à l’infirmière auxiliaire de s’impliquer dans le plan thérapeutique, tout en apportant un soutien considérable à l’infirmière, qui gagne plus d’autonomie. »

Véritable tournant pour la profession?

Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de Montréal innove certainement en matière de création de postes d’infirmières auxiliaires en rôle de soutien aux soins intensifs. D’autres établissements ne tarderont pas à emboîter le pas face au succès de l’initiative, selon la conseillère cadre. « Dans les unités coronariennes ou de soins intermédiaires, on peut en retrouver dans certains centres. Mais nous avons été innovants au niveau de leur implication aux soins intensifs. Plusieurs établissements de santé nous ont questionnés à propos de notre fonctionnement et des documents que nous avons développés en lien avec ce projet. Nous les partageons avec plaisir. La présentation de cette initiative porteuse lors du dernier Congrès de l’OIIAQ a interpellé plusieurs personnes. »

Accompagnées étroitement dans cette transition vers leur nouveau rôle, les infirmières auxiliaires suivent une formation de 45 jours sur leur lieu de travail, incluant des cours théoriques et des ateliers, et sont également orientées sur le terrain. « Elles suivent le programme déjà existant pour nos infirmières. Certains cours sont donnés en commun, alors que d’autres seront donnés à part. L’idée est de respecter les champs d’exercice propres à ces deux types d’infirmières », explique Laetitia Royer. 

À l’heure actuelle, l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont a comblé les quatre postes d’infirmières auxiliaires disponibles alors que l’Hôpital Santa Cabrini en compte trois dans son unité de soins intensifs.