LE MEILLEUR DES MONDES : MAGNIFIQUE!
NDLR : Est Média Montréal a eu la chance d’assister à la première jeudi dernier de la pièce Le Meilleur des mondes au Théâtre Denis-Pelletier. Le jeune dramaturge Guillaume Corbeil propose ici une adaptation fort réussie et d’une actualité plus que percutante du fameux roman d’Aldous Huxley, appuyée d’une mise en scène originale, moderne et bien ficelée de Frédéric Blanchette. Une magnifique production qui saura plaire tant aux amateurs de théâtre, qui ont d’ailleurs offert une très longue ovation à la fin de la prestation, qu’aux jeunes du secondaire. Rappelons que la principale mission du Théâtre Denise-Pelletier est de faire découvrir aux étudiants les richesses insoupçonnées de la dramaturgie d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs.
Communiqué de presse – 25 septembre 2019 – Théâtre Denis-Pelletier
En ouverture de saison sur son grand plateau, du 25 septembre au 19 octobre 2019, le Théâtre Denise-Pelletier présente Le Meilleur des mondes de Guillaume Corbeil (À tous ceux qui ne me lisent pas, Cinq visages pour Camille Brunelle, Unité modèle) d’après le célébrissime roman d’anticipation dystopique d’Aldous Huxley. Avec le metteur en scène Frédéric Blanchette, (Tribus, Trahison, Consentement), Guillaume Corbeil fera dialoguer ce classique du XXe siècle avec notre époque.
C’est en 1932, entre les deux guerres mondiales, qu’Aldous Huxley publie Le Meilleur des mondes, inventant une humanité qui érige le bonheur en droit universel. Si Huxley s’attaque aux dictatures et au divertissement, on peut maintenant voir dans cette dystopie un monde anticipé qui, aussi fantaisiste et absurde puisse-t-il paraitre, nous rappelle le nôtre.
Dans sa pièce, Guillaume Corbeil choisit de mettre de l’avant le discours d’Huxley sur le bonheur : « Huxley décrit une société du divertissement, du spectacle, des sensations, qui élimine toute pensée critique, et qui brouille le rapport à la vérité. À mes yeux, c’est là qu’il est le plus pertinent, quand il nous demande si, à force de passer d’un divertissement vide à un autre divertissement vide, on a encore les moyens de réfléchir à l’horreur qui se cache sous nos vies, ou si on préfère tout simplement l’ignorer ? »
Le spectacle : Dans un monde où la technologie s’assure que tout soit parfait, Bernard (Simon Lacroix) est convaincu qu’il ne l’est pas. Il se croit différent des autres, ce qui le fait énormément souffrir. Quand chez lui, au beau milieu de la nuit, surgissent Linda (Kathleen Fortin) et son fils John (Benoît Drouin-Germain), deux réfugiés venus d’en dehors des murs, sa vie se transforme. Ces nouveaux amis le rendent célèbre et, au contact de cette gloire, son mal s’éteint. Tous seraient-ils enfin heureux ? John, ce jeune homme qui a fait sa propre éducation en lisant l’œuvre complète de Shakespeare et le seul à ne pas avoir été créé en laboratoire, serait-il l’exception ? Est-il dangereux ? Y a-t-il quelque chose de pourri au royaume du Bonheur ?
Pour le metteur en scène Frédéric Blanchette, l’intention est de créer un monde futuriste tout en tissant un maximum de liens avec notre époque actuelle, avec ce qui existe déjà, ici ou ailleurs – un monde anesthésié par la consommation, par le capitalisme qui englobe toutes les sphères de notre vie, par la recherche obsessive du bonheur. Un monde où la population aurait troqué la liberté et le sens de l’existence contre mille plaisirs spontanés et une consommation de plus en plus débridée. Un monde qui peut paraitre bien familier.
« Ce que j’aimais beaucoup dans le roman, c’est que l’œuvre de Shakespeare est très présente, ajoute Guillaume Corbeil. C’est comme s’il y avait un autre monde possible, un vrai meilleur des mondes, et qu’il se situe dans les arts. Dans le roman comme dans mon adaptation, Shakespeare permet au personnage de John de rêver cet autre monde. Le théâtre lui permet de dire des réalités pour lesquelles son monde ne lui offre pas d’outils. Je pense que mon adaptation appellera le spectateur à réagir. »
Notes biographiques
Aldous Huxley (1894-1963)
Écrivain, romancier et philosophe britannique, Aldous Huxley a laissé une œuvre considérable et variée, reflet de ses interrogations sur l’homme et sa place dans le monde. Humaniste critique (Contrepoint, 1926), puis utopiste inquiet (Le Meilleur des mondes, 1932), il s’intéresse ensuite aux philosophies orientales (La Paix des profondeurs, 1936), au mysticisme (La Philosophie éternelle, 1948), aux drogues (Les Portes de la perception, 1954) et a même écrit, avec L’Art de voir (1942) une méthode de rééducation de l’œil, lui qui avait été frappé dans son adolescence par un mal qui l’avait laissé quasiment aveugle. Il a accompagné les convulsions de son époque avec le regard d’un idéaliste rationaliste méfiant envers les idéologies et les excès du progrès.
L’auteur de la pièce : Guillaume Corbeil
Guillaume Corbeil présentait en 2008 un recueil de nouvelles intitulé L’art de la fugue, grâce auquel il a été finaliste aux Prix du Gouverneur général. En 2009, il publiait son premier roman, Pleurer comme dans les films, puis en 2010, Brassard, une biographie du metteur en scène André Brassard. Depuis, il a écrit pour la scène Tu iras la chercher, Unité modèle et Cinq visages pour Camille Brunelle ; cette dernière pièce s’est vu décerner le prix de la critique pour le meilleur texte, le Prix Michel-Tremblay et le prix du public au festival Primeurs, en Allemagne. Il a récemment cosigné le scénario du film À tous ceux qui ne me lisent pas, pour lequel il a remporté l’Iris du meilleur scénario. En avril prochain, il présentera Pacific Palisades, à la salle Jean-Claude-Germain du CTD’A.
Le metteur en scène : Frédéric Blanchette
Auteur, acteur, traducteur et metteur en scène, Frédéric Blanchette occupe une place importante dans le paysage théâtral d’ici. Après avoir étudié au Conservatoire d’art dramatique de Montréal, il fait sa marque dans tous les domaines de la création artistique. Comme comédien, nous l’avons vu récemment au théâtre, dans Le terrier chez Duceppe ainsi que dans L’idiot au TNM. Frédéric a également écrit plus d’une quinzaine de courtes pièces pour le Théâtre ni plus ni moins, dont il est membre fondateur. Comme metteur en scène, on a pu apprécier son travail entre autres dans Consentement de Nina Raine chez Duceppe, Trahison de Harold Pinter au Rideau Vert, Being at home with Claude de René-Daniel Dubois au TNM, ainsi que dans À présent de Catherine-Anne Toupin et Cheech, les hommes de Chrysler sont en ville de François Létourneau à La Licorne. À la télévision, il a joué notamment dans Tu m’aimes-tu? (dont il était également idéateur et coscénariste), Boomerang et Jean Béliveau. Il est l’auteur entre autres de Le Périmètre et Pour faire une histoire courte.
Le Meilleur des mondes
Texte : Guillaume Corbeil d’après l’œuvre d’Aldous Huxley
Mise en scène : Frédéric Blanchette
Distribution (par ordre alphabétique) : Ariane Castellanos, Benoît Drouin-Germain, Mohsen El Gharbi, Kathleen Fortin, Simon Lacroix et Macha Limonchik
Concepteurs : assistance et régie – Andrée-Anne Garneau; scénographie – Pierre-Étienne Locas; costumes – Linda Brunelle ; éclairages – André Rioux; conception sonore – Ilyaa Ghafouri
Une production du Théâtre Denise-Pelletier, à l’affiche du 25 septembre au 19 octobre 2019
Salle Denise-Pelletier du Théâtre Denise-Pelletier, 4353, rue Ste-Catherine Est, Montréal
Billetterie : 514 253-8974 www.denise-pelletier.qc.ca