LE BESOIN EN LOGEMENTS SOCIAUX ET COMMUNAUTAIRES SE FAIT SENTIR DANS L’EST
L’extrême-est de Montréal manque de logements sociaux et communautaires. C’est ce que constate la toute nouvelle Table de concertation logement de la Pointe-de l’Île dans un rapport appelé « Portrait logement » et publié le 11 décembre dernier. L’étude, dévoilée lors d’un événement tenu lundi soir à la Maison du citoyen de Pointe-aux-Trembles, a été réalisée en collaboration avec la firme d’architecture, d’urbanisme et de design Rayside-Labossière.
Les données qui y sont colligées ont permis de « constater que le territoire de la Pointe-de-l’Île possède une faible présence de logements sociaux et communautaires en comparaison avec les autres arrondissements de la Ville de Montréal. » Se basant principalement sur les données du recensement 2021 de Statistique Canada, le rapport indique en effet qu’il y a 63 740 logements sociaux et communautaires sur le territoire de l’agglomération de Montréal, dont 61 654 dans la Ville de Montréal. Toutefois, on rapporte que dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (RDP–PAT), il y aurait seulement 2 556 logements sociaux et communautaires et qu’il n’y en aurait pas plus de 233 à Montréal-Est.
Le rapport poursuit l’analyse en identifiant aussi plusieurs lots vacants ou immeubles à réaménager qui pourraient offrir des opportunités de création de logements sociaux et communautaires dans le territoire visé.
Par ailleurs, la Table de concertation logement de la Pointe-de-l’Île s’inquiète des effets délétères qui risqueraient de découler du réaménagement de l’est envisagé dans les prochaines années. « Bien que l’étude des facteurs de la gentrification ne permet pas de prédire l’amplification du phénomène sur ce territoire, le développement d’un projet structurant comme le PSE [Projet structurant de l’Est] peut devenir un catalyseur », souligne-t-on dans le document. Les zones adjacentes aux futures stations de transport sont plus susceptibles, notamment, de se redévelopper, note le portrait.
Un nouvel acteur dans l’est
La Table de concertation logement de la Pointe-de-l’Île est une instance récemment créée entre autres grâce au financement de la Direction régionale de santé publique (DRSP) de Montréal. « Les organismes Infologis et le Comité logement de l’est de l’île de Montréal ont déposé un projet de mise en place d’une Table de concertation logement de la Pointe-de l’Île dans le cadre de l’appel à projets de la (DRSP) de Montréal nommé : « Des communautés résilientes post-COVID » », se remémore Julie Cayla, coordinatrice de projets à la table. Les ménages les plus vulnérables sont directement impactés par la crise du logement qui touche l’ensemble du Québec, poursuit Mme Cayla : « L’objectif principal de la table est de réunir l’ensemble des acteurs du secteur public et communautaire concernés par la question du logement et, ensemble, de pouvoir échanger autour d’actions structurantes en lien avec le logement avec la volonté d’entamer des réflexions autour de projets concrets, dont la création de logements sociaux et communautaires dans l’est de l’île dans le but d’aider la population vulnérable. »
La table a donc tenu sa première rencontre officielle en septembre 2022 et a, depuis, publié le rapport enquestion dans cet article. Elle envisage aussi de développer un projet de logement social, sous la forme d’une coopérative ou d’un organisme sans but lucratif, dans le secteur de la Pointe-de-l’Île. Pour l’instant, l’idée est en phase de démarrage, selon les documents fournis par la table à EST MÉDIA Montréal.
Son partenaire dans l’élaboration du « Portrait logement », Rayside-Labossière, quant à lui, est impliqué depuis plus de 30 ans dans le milieu communautaire de l’est de Montréal, notamment avec la Corporation Mainbourg, par le biais de son fondateur Ron Rayside. « La firme porte un intérêt particulier à la mise en valeur du potentiel de l’est de Montréal. Elle a d’ailleurs été impliquée lors du Sommet de l’Est en ce qui a trait à la densification et à la création de logements sur le territoire. Nous continuerons donc notre travail avec une diversité d’acteurs du milieu dans les prochaines années », mentionne Mathieu Amyot, chargé de projets en urbanisme chez Rayside-Labossière.
Récemment, la Corporation Mainbourg, au sein de laquelle M. Rayside est membre du conseil d’administration, a racheté le Domaine La Rousselière en novembre dernier afin de justement le mettre à l’abri du marché spéculatif. Ce complexe de Pointe-aux-Trembles possède 720 logements, surtout occupés par des retraités autonomes.