LA MÉNAGERIE DE VERRE : FAMILLE ET FRAGILITÉ
La ménagerie de verre, l’ultime production de la 60e saison du Théâtre Denise-Pelletier, se tiendra du 12 mars au 9 avril 2024. Basée sur l’oeuvre originelle de Tennessee Williams, cette nouvelle pièce, mise en scène par Alexia Bürger et traduite par Fanny Britt, explore les fils qui construisent et détruisent l’amour familial.
La metteur en scène et la traductrice font revivre le chef-d’œuvre qui a rendu célèbre Tennessee Williams. Ce dramaturge américain du XXe siècle est connu notamment pour Un tramway nommé Désir et La chatte sur un toit brûlant, grâce auxquelles il a été décoré deux fois d’un prix Pulitzer.
L’action se déroule dans un appartement exigu du sud des États-Unis où se trouvent Amanda, une mère au tempérament instable et possessif, ainsi que ses deux enfants, tous deux âgés d’une vingtaine d’années. Tom, fou amoureux du septième art, se réfugie au cinéma où il s’évade dans les projections hollywoodiennes de Greta Garbo et Mickey Mouse. Sa soeur Laura, au caractère très introvertie, trouve refuge quand à elle dans son univers d’animaux en verre, dans sa chambre.
Pendant 1 h 45 min, ces trois personnages explorent des problématiques de responsabilités et de devoirs familiaux, des thèmes universels et intergénérationnels.
Les liens du sang
Le huis clos se déroule dans un appartement familial, lieu où se tissent et évoluent les relations d’interdépendance : « C’est fascinant d’observer les fantômes de la dynamique familiale qui suivent les personnages alors même qu’ils sont adultes et qu’ils ont quitté le nid familial », souligne la metteure en scène Alexia Bürger.
À travers le personnage de Tom, la pièce démontre qu’il est parfois nécessaire de quitter ses proches pour devenir soi-même : « Ce déchirement peut justement parler à la jeunesse qui peut être en train de vivre cette période », explique le comédien Fabrice Yvanoff Sénat, qui est à la fois le narrateur et l’interprète du rôle de Tom. Ce dernier s’est tout de suite attaché à son personnage : « Ce qui m’a beaucoup plu dans le rôle de Tom est l’amour qu’il a pour sa soeur. Il fait tout ce qu’il peut afin qu’elle puisse s’épanouir, elle aussi », confie-t-il.
Mettre en scène la mémoire
Cette nouvelle version se veut fidèle au texte original. Bien qu’elle ait été écrite en 1944, le sujet de cette pièce reste intemporel pour la metteure en scène : « J’ai été happée par sa modernité », explique Alexia Bürger. Il s’agit de l’une des rares pièces de l’époque à ne pas posséder de quatrième mur, notion théâtrale qui désigne le mur imaginaire séparant la scène du public. Lorsque le quatrième mur est brisé, les comédiens s’adressent directement aux spectateurs, qui peuvent ainsi participer à la fiction. Côté jeu, les comédiens ont dû assimiler cette façon de jouer non conventionnelle : « Il fallait qu’on assume ce niveau de jeu à 100 % », admet Fabrice Yvanoff Sénat.
Du début à la fin, le spectateur est plongé dans la mémoire du narrateur. La mise en scène vise à faire ressentir au spectateur les sensations du souvenir : « Avec Frannie Holder, conceptrice sonore, on est allées enregistrer des sons dans le sud des États-Unis. C’était des sons d’ambiance de la nuit, des soirées de bingo ou encore d’un champ de criquets », raconte-t-elle Alexia Bürger. Les deux femmes se sont promenées en Louisiane, plus précisément à Lafayette et à Bâton-Rouge, pendant plusieurs semaines. L’auteur Tennessee Williams a passé son enfance sur ce territoire avant de déménager à Saint-Louis à l’âge de huit ans avec sa mère : « Après avoir déménagé, il a raconté s’être beaucoup ennuyé du sud des États-Unis », explique la metteure en scène.
Un titre métaphorique
Au sens propre, La Ménagerie de verre renvoie à la collection d’animaux en cristal de Laura. Au sens figuré, le titre peut faire référence au caractère de ce personnage : « Elle représente elle-même un petit objet en cristal auquel il faut faire attention et qu’on peut casser si on le bouscule trop », explique Fabrice Yvanoff Sénat.
Cette fragilité peut s’appliquer également aux autres personnages : « Tous les personnages ont la fragilité et la transparence du verre, et ils tentent de refléter la lumière malgré la dureté de la vie », explique Alexia Bürger.
Finalement, le titre peut également être une métaphore du lieu de la pièce : « Ces trois sortes de solitude vivent ensemble dans ce petit appartement, situé dans le sud-ouest des États-Unis, sur lequel un seul souffle peut tout faire basculer à cause de sa fragilité », termine Fabrice Yvanoff Sénat.
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