Ariane Famelart, membre cofondatrice de La CHOSE (Courtoisie)

LA CHOSE : UNE COOPÉRATIVE POUR RIRE

Née il y a deux ans sous l’impulsion de quatre passionnés de l’humour, La Coop des humoristes optimistes et super efficaces (CHOSE) se démarque dans le paysage de l’économie sociale québécoise. Cette coopérative atypique, qui est le fruit d’une formation du Parcours COOP, incarne en effet une vision singulière du métier d’humoriste. Se tenant loin des paillettes et des projecteurs, La CHOSE place plutôt la solidarité et le travail collaboratif au cœur de son modèle d’affaires. Son objectif premier? Générer des emplois stables et pérennes pour ses membres, tout en contribuant à la diffusion de l’humour sous toutes ses formes.

La coopérative d’humour est un modèle encore récent au Québec. « On a beaucoup d’amis et de collègues qui ont des compagnies d’humour, mais on ne connaît aucune autre coopérative d’humour », renseigne Pierre Castonguay, membre cofondateur de La CHOSE. « Si on n’est pas une vedette, il est très difficile de remplir une salle de spectacle et de trouver du travail. Avec La CHOSE, on essaie de contourner cela en se créant notre propre travail, de façon différente », précise-t-il.

Pierre Castonguay, membre cofondateur de La CHOSE (Courtoisie)

Se diversifier pour assurer des revenus stables

En plus de ses spectacles d’humour, La CHOSE mène plusieurs autres types de projets de front : des conférences, des ateliers d’humour ou encore des formations pour inclure l’humour en milieu de travail. Par exemple, pour ses ateliers, qui se déroulent en virtuel, La CHOSE propose trois niveaux. Le premier niveau permet de découvrir les règles du procédé humoristique. Lors du deuxième, les participants écrivent leur propre saynète. Puis lors du troisième cours, les futurs humoristes font une présentation qui leur permet de tester leurs blagues. Chaque atelier est encadré par un humoriste professionnel, comme Sébastien Haché. « Ça fait presque 15 ans qu’il travaille activement dans le domaine de l’humour. Il est passé par toutes les étapes de ce métier et en connaît bien toutes les ficelles », souligne Pierre Castonguay.

De plus, l’Association des communautés francophones de l’Ontario, de Stormont, Dundas et Glengarry (ACFO SDG), qui travaille seulement en Ontario, a demandé à La CHOSE de se charger du concours LOL à travers l’est du Canada, soit au Québec, au Nouveau-Brunswick, à l’Île-du-Prince-Édouard et en Nouvelle-Écosse. Cette compétition vise à encourager les jeunes de 12 à 18 ans à monter sur scène dans le but de stimuler leur épanouissement et leur construction identitaire. « Avant chaque spectacle, ils ont accès à des coachings privés, dirigés par les membres fondateurs ou par des humoristes externes. Ces formations les aident à prendre confiance en eux et leur offrent des outils pour s’exprimer aussi », précise Ariane Famelart, membre cofondatrice de La CHOSE.

Les derniers participants du concours LOL, organisé par La CHOSE (Courtoisie)

Un modèle financier en construction

Derrière l’aspect divertissant de l’humour se cache un véritable potentiel de développement économique et social, selon les membres de La CHOSE. Actuellement, une partie des revenus des quatre membres fondateurs provient des activités de La CHOSE. « Nos revenus dépendent surtout du nombre de formations que l’on donne. Aujourd’hui, 60 % de mes revenus globaux viennent de la coopérative », explique Pierre Castonguay. « De mon côté, ce serait autour de 15 %, mais ça varie en fonction des mois », confie quant à elle Ariane Famelart. « En tant que coopérative de travail, on priorise le travail des membres actifs. Le jour où on arrivera à vivre tous les quatre de nos revenus grâce à La CHOSE, on aura réussi et on pourra ensuite recruter des personnes supplémentaires », déclare Pierre Castonguay.

Comme le principe d’une coopérative est de réinvestir ses bénéfices à l’interne, La Chose le fait de différentes façons. « Après notre première année, on a par exemple décidé de réinvestir dans la compagnie et aussi de répartir une partie de cet argent entre nous quatre, dépendamment du nombre d’heures de travail réalisées par chacun, puisqu’on avait tous fait des heures non rémunérées la première année », termine Ariane Famelart. Les membres fondateurs espèrent bien sûr pouvoir vivre un jour entièrement des activités de cette coopérative du rire.


Le dossier spécial L’EST COOPÉRATIF 2024 est produit en partie grâce à la contribution financière des partenaires suivants :