OÙ EN EST LE HOCKEY DANS L’EST DE MONTRÉAL?
On entend parfois que la pratique du hockey sur glace serait à la baisse au Québec. Est Média Montréal a donc fait enquête auprès de plusieurs intervenants de notre région afin d’en savoir davantage. La situation serait en réalité assez stable, la baisse de participation chez les joueurs mineurs n’étant que de l’ordre de 20 % sur dix ans, ce qui n’est guère visible d’une année à l’autre.
Parmi les associations de hockey mineur (jeunes nés après 1996), la diminution au sein des équipes dites « civiles », non associées à des écoles, a été partiellement compensée par une hausse aux programmes scolaires, bien que ceux-ci soient passablement plus dispendieux. Par ce choix, les parents, qui en ont les moyens, n’ont plus à se soucier du transport des joueurs et s’assurent qu’ils soient encadrés par une institution ayant à cœur surtout le rendement scolaire. Ces Sports-Études, ou autres programmes spécialisés, coûtent de 2 500 à 5 000 $ par année, plus les frais de scolarité lorsque dispensés dans une école privée.
De Bébitte à Junior
L’Est de Montréal comporte tout de même neuf associations civiles de hockey mineur très actives, gérant bénévolement des centaines d’équipes allant du niveau Bébitte (dès trois ans) au niveau Junior (jusqu’à 21 ans). La plupart de ces associations organisent aussi des tournois régionaux approuvés par Hockey Québec et sa division Hockey Montréal.
Vous avez bien lu, le hockey mineur recrute des enfants d’à peine trois ans, nés en 2014 ou 2015, comme c’est la coutume dans de nombreux sports. Au hockey, il est quand même étrange de voir des bambins, sachant parler depuis peu, tenter de patiner, munis d’un petit bâton, protégés par un équipement complet qui semble doubler leur poids. Lors des festivals très ludiques de catégorie Bébitte, des enfants peuvent compter dans leurs propres buts, abandonner la partie en se couchant sur la glace, ou même ne pas trop comprendre ce qu’ils font là.
43e Tournoi Pee-Wee Anjou National
Durant la rédaction de notre article, en fin janvier, le tournoi le plus impressionnant de l’Est de Montréal semblait être le 43e Tournoi Pee-wee Anjou National, du 21 janvier au 3 février, appuyé par plus de cent bénévoles. L’arrondissement d’Anjou est doté de deux arénas qui se prêtent bien aux tournois, en particulier l’Aréna Chaumont, où les gradins surélevés sont placés juste devant l’ensemble des services, dont la cafétéria et les salles de réunion. De plus, le système de son est excellent, ce qui fait souvent défaut dans les arénas.
Selon Jean-Pierre Paquette, co-fondateur de ce tournoi en 1976 et aujourd’hui responsable des inscriptions, l’événement a acquis sa renommée au fil des ans, de sorte qu’il affiche complet dès le mois de septembre, soit 78 équipes. Le terme péjoratif de « pee-wee » (qu’on emploie parfois pour dire débutant ou maladroit) ne s’applique certes pas à ces jeunes joueurs talentueux, dont plusieurs équipes sont de catégories AAA, ou AAA relève, soit les meilleurs au Québec parmi les nés 2006 ou 2007.
En plus de l’entrée gratuite aux parties, les parents et autres spectateurs ont droit à un programme de 40 pages, avec messages de bienvenue des députés et du maire, comme il est de mise dans les grands événements.
Des filles dans la plupart des équipes
L’immense majorité des joueurs de hockey mineur, ou adulte, sont des gars. Pourtant, à tous les niveaux, les filles compétitives peuvent se joindre aux équipes. Comme résultat, la plupart des formations, jusqu’au niveau Midget, comportent d’une à quelques filles. Il n’y a pas de minimum, ni de maximum. Elles apprécient souvent le rôle de gardienne de but.
Tel que révélé par Jean-François Lamy, entraineur de gardiens de but pour l’association de Pointe-aux-Trembles, les filles partagent le vestiaire des joueurs avec les garçons, étant habituées de les côtoyer. À leur choix, les filles peuvent aussi migrer dans une ligue entièrement féminine, mais le niveau de jeu sera moins fort, et le transport aux matchs plus laborieux.
L’an dernier, parmi les 6 445 équipes sanctionnées par Hockey Québec, 6223 étaient essentiellement masculines, soit plus de 96 %. Cette association québécoise, dont le siège social de 25 employés est situé près des Galeries d’Anjou, encourage néanmoins le hockey féminin. Par exemple, lors de la prochaine Coupe Dodge (les championnats provinciaux, en avril 2019), presque toutes les équipes de filles auront accès direct au tournoi (à Montréal et Laval), alors que le volet masculin sera réservé aux équipes d’élite (AA, BB par exemple). En tout, la Coupe Dodge attirera environ 3 000 garçons et 2 000 filles, soit 50 % plus de compétiteurs qu’à une Finale des Jeux du Québec, laquelle comporte environ 25 disciplines.
Plus civilisé, mais encore très robuste
Le hockey mineur est beaucoup plus discipliné qu’il y a 20 ans, explique le président de Jeunes Sportifs Hochelaga, Mathieu Bourdelais. Auparavant, plusieurs joueurs s’identifiaient aux durs à cuire de la Ligue Nationale de Hockey et se signalaient en les imitant. Maintenant, les jeunes sont plutôt inspirés par les habiletés de jeu. Les batailles ou impolitesses envers l’arbitre, de plus en plus rares, sont sévèrement sanctionnées. Les organisations ont compris qu’il n’était pas rentable de tolérer ces excès, car ils faisaient abandonner le hockey à des joueurs comme à leurs parents.
En revanche, les garçons demeurent très intenses et les accrochages fréquents. À partir du niveau Midget, les joueurs se serrent d’ailleurs la main avant la partie, et non pas après, car des opposants pourraient alors « péter une coche ». Le déplacement des équipes est aussi conduit par les arbitres et les entraîneurs, pour éviter les confrontations après matchs. Dans les pires cas, une équipe peut être invitée à quitter l’aréna avant l’autre.
Chez les adultes
Après le niveau Midget, les joueurs peuvent poursuivre leur hockey au niveau Junior, ou bien migrer avec les adultes, lesquels disposent de ligues dites « de garage », ou simplement louer une glace entre amis. Cependant, les coûts deviennent bien plus élevés, puisque les arénas chargent environ 300 $ de l’heure pour une patinoire. Les subventions municipales sont habituellement réservées au hockey mineur.
295 millions $ pour la mise aux normes
Le hockey sur glace demeure un sport très favorisé par la Ville de Montréal, puisqu’elle a consacré pas moins de 295 millions $, sur dix ans, pour la mise aux normes de ses 34 arénas comportant 40 patinoires intérieures. Il s’agissait de moderniser les systèmes de réfrigération des glaces, d’améliorer le rendement énergétique des bâtiments, d’y ajouter des accès pour fauteuils roulants ou poussettes, de redécorer, et de remplacer tout ce qui était désuet.
Ces arénas servent en majorité pour le hockey sur glace, en considérant les locations privées pour adultes, mais elles sont aussi utilisées amplement pour le patinage libre, le patinage artistique, le patinage de vitesse et la ringuette.
Neuf associations
Les territoires couverts par Est Média Montréal comportent neuf associations de hockey mineur, à savoir : Rosemont La-Petite-Patrie, Pointe-aux-Trembles, Anjou, Montréal-Nord, Saint-Léonard, Montréal-Est, Fédération de l’Est, Club de hockey Saint-Donat – Rivière-des-Prairies et Jeunes Sportifs Hochelaga. On trouve les coordonnées de ces associations locales à partir du site web de Hockey Montréal, de même que les calendriers des parties.
Bien que fondé en 1963 et ayant formé plusieurs générations de joueurs, dont Francis Bouillon qui a atteint la LNH, Jeunes Sportifs Hochelaga (JSH) se dévoue maintenant à des équipes d’enfants, de l’initiation jusqu’à Novice.
JSH sera l’objet de changements importants dès l’automne prochain puisque, selon une nouvelle règle de Hockey Canada, les débutants jusqu’à la catégorie Novice joueront désormais sur des demi-patinoires, à quatre contre quatre, avec des buts plus petits. Ainsi, le hockey pour enfants deviendra davantage récréatif que compétitif, tout en accueillant plus de joueurs sur la même glace.
Hockey de calibre élevé
Si vous désirez voir de bonnes parties de hockey à Montréal, le premier choix est bien sûr les Canadiens au Centre Bell, suivis de leur club école, le Rocket de Laval (jouant juste à côté de la station de métro Montmorency). Quant à l’équipe régionale de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, l’Armada, elle est basée à Boisbriand, en banlieue Nord.
Le calibre suivant est le Junior AAA, talonné par le Midget AAA. Dans le Junior AAA, les Rangers de Montréal-Est sont basés au Centre Édouard-Rivet, alors que l’Artic de Montréal-Nord a pour domicile l’Aréna Garon, situé derrière l’hôtel de ville. La ligue de hockey junior AAA du Québec présente 13 équipes, dont les meneuses sont actuellement Terrebonne, Longueuil, Princeville et Granby.
Pour la saison 2018-2019, les catégories de hockey mineur sont: Bébitte (nés en 2014 ou 2015), Pré-Novice (2012-2013), Novice (2010-2011), Atome (2008-2009), Pee-wee (2006-2007), Bantam (2004-2005), Midget (2001 à 2003) et Junior (1997 à 2000). Dans chaque catégorie se déclinent ensuite des niveaux, le AAA étant le plus fort, suivi du AA, du BB, du A, du B et du C.
À nous la glace, à la Grande Bibliothèque
En terminant, signalons la tenue d’une magnifique exposition gratuite sur l’histoire du hockey amateur au Québec, à la Grande Bibliothèque, près du métro Berri-UQAM. Puisqu’il s’agit d’une institution provinciale, beaucoup de documents de l’exposition sont aussi en ligne, à partir de cette adresse : http://numerique.banq.qc.ca/p/promo/hockey/
Cette exposition, qui plaira autant aux enfants (disons à partir de la catégorie Atome) qu’à leurs grands-parents, restera accessible jusqu’au 3 novembre 2019, sur place ou en ligne.