Melsa Montagne et Natanaël Major, copropriétaires de la Galerie MËL située au 3140, rue de Rouen (Sophie Gauthier/EMM)

GALERIE MËL DE HOCHELAGA : DÉMOCRATISER L’ART ALTERNATIF

La Galerie d’art MËL, un espace culturel de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, vient de souffler sa première bougie. Ses expositions variées mettent en lumière la créativité de la scène artistique montréalaise et plus largement québécoise. 

Son appellation est née de la contraction des prénoms des artistes et fondateurs Melsa Montagne et Natanaël Major, qui sont partenaires de travail et de vie. La galerie, officiellement ouverte depuis le 30 septembre 2023, est installée dans un bâtiment de 2 150 pieds carrés divisé en 2 espaces : une galerie d’exposition ouverte au public et un atelier, véritable fourmilière créative.

Le duo de galeristes et artistes peut y passer des heures, de jour comme de nuit, pour créer leurs nouvelles oeuvres qui y sont également exposées. Melsa Montagne, artiste peintre montréalaise, a laissé son empreinte sur le paysage urbain en créant de nombreuses murales dans la métropole. Le sculpteur Natanaël Major, quant à lui, crée des œuvres uniques composées de métal, façonnant des feuilles métalliques avec des gestes précis de coupe, de martelage et de soudure.

À deux pas du tunnel de la Grand’Mare, situé aux coins des rues Rouen et Moreau et connu pour ses graffitis autorisés, la Galerie MËL officie dans un quartier propice à la création. « Depuis l’ouverture, notre porte est un aimant à curieux. Les passants n’hésitent pas à nous solliciter pour entrer et découvrir les œuvres exposées », souligne Melsa Montagne. La galerie a remplacé un ancien garage de quartier, bien connu des résidents. 

Plusieurs tableaux de Melsa Montagne sont exposés sur les murs de la Galerie MËL (Sophie Gauthier/EMM)

Les artistes au défi 

Sculptures, peintures ou encore dessins, les oeuvres exposées à la Galerie MËL sont fabriquées en plusieurs formats et à partir de différentes matières (carton, fer, bois, béton…), mais se rejoignent toutes par leur style artistique qui se veut « alternatif et underground », comme l’explique Melsa Montagne. 

Sculpture en acier martelée à la main, intitulée Véritas et créée par Natanaël Major (Sophie Gauthier/EMM)

Environ tous les mois, les deux fondateurs de la galerie exposent leurs propres oeuvres ainsi que celles de leurs collègues artistes en fonction d’une thématique définie :  « Malaisant et dérangeant », « Petits formats : juste du gros doux », « Curiosité » ou encore « Béton » à l’occasion de l’anniversaire de la galerie, clin d’oeil au matériau de construction du bâtiment. 

Pour accompagner les artistes, Nathanaël Major enfile la casquette de coach. « Pour notre thématique « Béton », j’ai conçu une toile inédite : un support en béton brut sur lequel les artistes sont invités à exprimer leur talent. C’est une invitation à l’expérimentation, à repousser les limites de leur pratique artistique », confie-t-il.

Depuis son ouverture, la galerie a accueilli 10 expositions. Le nombre d’artistes par exposition varie entre 12 et 35, et chacun expose en moyenne 6 oeuvres. Ces dernières doivent être créées spécialement pour l’exposition en respectant la thématique imposée. 

Même si les œuvres sont hétérogènes, elles partagent un but commun, celui de susciter une émotion chez le spectateur. « En tant qu’artiste, il n’y a rien de pire que de ne procurer aucun sentiment. L’important est que mon oeuvre fasse réagir, que ce soit positivement ou négativement. Mon oeuvre est finie lorsqu’elle véhicule un message émotionnel », raconte Melsa Montagne. 

Certaines oeuvres, à l’instar de celles du duo, utilisent l’art comme un outil pour décrypter et critiquer les mécanismes de la société. Par exemple, l’une des dernières sculptures de Natanaël Major renvoie à la statue de la Liberté. Ses yeux sont fermés et un voile de tristesse obscurcit son visage. « Je souhaitais mettre en lumière la façon dont les libertés fondamentales sont aujourd’hui menacées à l’échelle mondiale avec la guerre en Ukraine, l’élection de Donald Trump aux États-Unis ou encore le conflit israélo-palestinien », explique l’artiste. 

Démocratiser l’art

L’une des missions fondamentales de la galerie est de rendre l’art accessible à tous les publics. « On entend souvent dire que l’art est réservé à une élite. Or, on n’a pas besoin de connaitre l’art [pour l’apprécier], il suffit de le ressentir », souligne Melsa Montagne. 

Preuve étant, la galerie propose une sélection d’œuvres à des prix variés, allant de 5 $ à 45 000 $, afin de s’adapter à tous les budgets. « Notre clientèle d’exposition actuelle est intéressée par les petits formats, en dessous de 500 $ », indique l’artiste peintre. 

Les deux propriétaires ont fait le choix de toucher un pourcentage moindre que les galeristes traditionnels. « Habituellement, les galeries classiques ont tendance à toucher 50 % au minimum de commission », renseigne-t-elle. Le duo préfère toutefois ne pas divulguer le montant exact de leur commission. 

Ils ont également mis en place un service de bar avec un système de contribution volontaire qui offre aux visiteurs la possibilité de se rafraîchir tout en admirant les oeuvres. 

Si les revenus de la galerie ne sont pas encore stables, leurs activités d’artistes leur permettent d’atteindre une certaine sécurité financière. Des tableaux de Melsa Montagne ou des sculptures de Natanaël Major peuvent se vendre à plusieurs milliers de dollars. 

La Galerie MËL, ouverte de 13 h à 17 h du mardi au dimanche, présente sa nouvelle exposition Voodoos et Corbeaux jusqu’au 31 octobre. 

Tableau à l’acrylique sur bois d’Olivier Dumoulin pour l’exposition  « Voodoos et Corbeaux » (Courtoisie Galerie MËL)