EXCLUSIF – DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES MAJEURES À POINTE-AUX-TREMBLES
Les fouilles archéologiques effectuées cet été dans le cadre de l’aménagement de la Plage de l’Est, à Pointe-aux-Trembles, se sont avérées des plus exceptionnelles nous a confirmé mercredi dernier Marie-Claude Morin, archéologue et conseillère en aménagement pour la Ville de Montréal, et responsable du dossier.
Cette deuxième intervention archéologique, cette fois sur la portion riveraine du site en développement (les premières fouilles ont eu lieu en 2017 à l’emplacement du pavillon d’accueil et des terrains de volleyball), aurait paraît-il été spectaculaire, permettant d’évaluer l’occupation de ce territoire par les amérindiens (Iroquoiens) à quelque 2 400 ans avant aujourd’hui, alors que les fouilles de 2017 concluaient à une présence humaine pouvant reculer jusqu’à environ 1 000 ans. Plus de 12 000 artéfacts ont également été trouvés en huit jours de fouilles, dont 500 outils. « Ce qu’il faut retenir de ces découvertes, c’est d’abord qu’il y a très peu de sites préhistoriques de cette envergure-là recensés à Montréal, et encore moins dans l’est de l’île. C’est le site le plus riche au niveau artéfactuel jamais découvert dans l’est et qui nous fait reculer l’occupation du territoire de 2 400 ans. C’est majeur comme événement », affirme Marie-Claude Morin. Le rapport officiel des résultats des fouilles est actuellement en rédaction finale et devrait être déposé sous peu a confirmé cette dernière.
La mairesse de l’arrondissement de Rivière-des-Prairie−Pointe-aux-Trembles et responsable des dossiers de l’est de Montréal au sein du Comité exécutif de la Ville, Caroline Bourgeois, ne cache pas sa joie face aux découvertes historiques annoncées aujourd’hui. « L’histoire de Pointe-aux-Trembles est déjà riche, et on vient d’en découvrir un tout nouveau chapitre. Je suis très heureuse de ces découvertes et cela nous rappelle l’importance de mettre en valeur l’histoire de ce lieu qui deviendra, j’en suis convaincue, une signature pour notre arrondissement », déclare-t-elle.
Campement temporaire
Les nombreux artéfacts trouvés sur le site par la firme mandatée Ethnoscop témoigneraient d’une fréquentation sporadique mais régulière des lieux par les Iroquoiens du Saint-Laurent. Il s’agissait donc vraisemblablement d’un lieu de passage, d’une halte de transit. On dénombre parmi les objets découverts beaucoup d’outils reliés à la chasse et à la pêche, des grattoirs pour la préparation des peaux d’animaux, des outils pour la préparation des aliments, des pointes de flèches, et des tessons de poterie amérindienne datant de plus de 2 000 ans, entre autres.
« Ce qui est aussi très intéressant, c’est la découverte de quelques outils en pierre que l’on qualifie d’exotiques parce que l’on sait que ces matériaux ne sont pas originaires du Québec. Par exemple, nous avons trouvé des outils fabriqués avec des pierres provenant du New Hampshire et du Maine, ce qui témoigne d’une circulation et d’échanges sur certaines distances », explique l’archéologue.
Pas d’autres fouilles prévues
Les interventions archéologiques sur le site de la future Plage de l’Est n’auraient pas retardé les projets d’aménagement soutient-on à la Ville de Montréal. Et pour le moment il n’y aurait pas non plus de nouvelles fouilles à l’horizon. « Il reste certainement des espaces à fort potentiel archéologique dans le coin de la Plage de l’Est mais comme nous procédons généralement à des fouilles que lorsqu’il y a des projets d’aménagement, donc de l’excavation prévue, et bien ces zones ont été en grande partie passées au peigne fin jusqu’à maintenant pour les installations prévues à la Plage de l’Est. S’il y a d’autres aménagements qui pourraient perturber le potentiel archéologique du terrain, il faudra penser à créer une réserve pour protéger le site et adapter les travaux en conséquence, ou bien procéder à de nouvelles fouilles pour prélever l’information avant qu’elle ne disparaisse. Mais pour l’instant il n’y a pas de tels scénarios en vue », avance Marie-Claude Morin.