Le nouveau Hall pré-commercial intégré du Collège de Maisonneuve est situé au 5600, rue Hochelaga (EMM)

LE COLLÈGE DE MAISONNEUVE INAUGURE SON HALL TECHNOLOGIQUE

Il y avait beaucoup de monde, pas mal de fébrilité et surtout de la joie hier soir lors de l’inauguration du fameux Hall pré-commercial intégré (HPCI) du Collège de Maisonneuve. Mais c’est surtout le sentiment du travail accompli qui se ressentait à l’intérieur de cet impressionnant espace situé au 5600, rue Hochelaga, avec son haut plafond et ses équipements de haute technologie disposés en grande partie dans un concept d’aire ouverte.

Ce n’est donc pas un hasard si la dénomination du complexe porte le nom de « hall ». Mais qu’est-ce au juste qu’un Hall pré-commercial intégré? Pour la direction du Collège de Maisonneuve et ses deux centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) impliqués dans le projet, le CÉPROCQ et l’ITEGA, il s’agit essentiellement d’un concept innovant qui permettra de concevoir et de produire de petits lots de bioproduits pour des entreprises qui désirent tester un marché sans avoir à investir des sommes colossales dans de l’équipement et du savoir. On parle ici notamment des vastes marchés de la bioraffinerie, de la valorisation alimentaire, des cosméceutiques et du nutraceutique, entre autres, dans lesquels évoluent déjà les équipes de chercheurs du CÉPROCQ et de l’ITEGA.

« Ça fait longtemps que je le dis : au Québec, produire des petites quantités de produits, investir là-dedans, c’est un peu s’aventurer dans la vallée de la mort pour des PME. C’est très, très difficile de trouver du financement pour ça et c’est à cette étape que, malheureusement, beaucoup de projets d’innovation et même des entreprises disparaissent, car ces dernières n’ont pas la capacité d’assumer de tels coûts, de tels risques. Qui va acheter une machine d’un million de dollars pour fabriquer un petit lot et voir ensuite si le marché répond bien? Même les grandes entreprises arrêtent rarement leur chaîne de production pour fabriquer de petites quantités d’un produit, c’est trop cher payé », explique le directeur du CÉPROCQ, Yacine Boumghar, qui travaille sur ce concept depuis 2015.

Le directeur du CÉPROCQ, Yacine Boumghar, et Malika Habel, directrice générale du Collège de Maisonneuve, ont pris la parole hier soir lors de l’inauguration du HPCI (EMM)

Ce dernier en a malheureusement trop vu de ces produits intéressants, au potentiel de commercialisation élevé, mais restés au stade de prototype, voire que sur papier, parce que les moyens financiers et techniques n’étaient pas au rendez-vous pour les clients des deux CCTT. Rappelons que les CCTT du réseau collégial québécois sont des centres de recherches autonomes qui se financent comme le secteur privé en grande partie, tout en assurant des retombées sur la formation offerte par leur cégep associé, dans ce cas-ci Maisonneuve (les deux CCTT font partie intégrante du Collège de Maisonneuve). C’est donc ce grand vide que vient combler, enfin, le Hall pré-commercial intégré, une initiative qui risque de positionner l’est de Montréal comme une plaque tournante de l’innovation et de la technologie dans la bioéconomie

« On l’a fait avec nos propres moyens »

Ce n’est pas d’hier que l’institution planche sur ce grand projet. Le 26 juillet 2020, EST MÉDIA Montréal annonçait que le Collège lançait officiellement les démarches pour la mise sur pied d’un complexe de 40 M $ qui devait être situé au Technopôle Angus. Malgré une mise de fonds considérable du cégep, il n’a pas été possible d’aller chercher une contribution importante du secteur privé, étant donné que la pandémie est venue brouiller les cartes pour le développement d’un tel projet. Dans ce contexte, le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) a informé la direction de l’établissement que le projet ne répondait pas aux balises du programme de financement visé et il a demandé qu’il soit redéposé. Qu’à cela ne tienne, la direction du collège n’avait pas l’intention de laisser ce projet sur les tablettes. « Quand on nous a demandé de refaire l’exercice, de rebâtir le dossier, on s’est dit qu’on allait dans ce cas démontrer d’abord que le besoin existe. On a pris 100 % du projet sous notre aile, à même les fonds du collège, et on a été de l’avant avec un projet de moindre envergure, mais la base, l’idée de départ, est maintenant réalisée et opérationnelle », nous dit Malika Habel, directrice générale du Collège de Maisonneuve.

(EMM)

Il n’y avait pas beaucoup de sites à la fois près de l’institution et prêts à accueillir un tel projet, qui demande des exigences particulières comme un haut plafond par exemple et qui a d’autres besoins en termes de techniques de bâtiment. « Le seul d’après nous qui pouvait se prêter au jeu rapidement était le 5600, rue Hochelaga, mais ce n’était pas gagné d’avance. Heureusement, le gestionnaire a tout de suite vu la valeur ajoutée de ce type d’activités et a réussi à nous trouver un local rapidement. Mais cela a tout de même pris une bonne année pour aménager le local et le rendre apte à recevoir les équipements du HPCI. C’était beaucoup de travail et d’investissements », ajoute Mme Habel.

La directrice générale de l’établissement a aussi insisté pour aller de l’avant avec ce projet dans un contexte où beaucoup d’emphase est mise actuellement sur le développement de l’est de Montréal. « On parle d’aider le développement des PME dans l’est de Montréal, on parle du positionnement stratégique de l’est de Montréal, on parle de l’importance d’innover dans l’est de Montréal, et c’est pour ça qu’on voulait que le collège aille de l’avant avec ce projet. Tout de suite et pas dans 10, 15 ou 20 ans… », avance-t-elle.

Si l’ampleur du HPCI n’est pas à l’échelle souhaitée au départ, la direction du collège demeure confiante de voir le projet évoluer au fil des prochaines années. « Le hub belge, sur lequel on prend exemple en partie, a agrandi ses installations trois fois ces dernières années et ils ont même développé des ententes à l’international. Je suis persuadé que le HPCI va très bien fonctionner, mais maintenant on va laisser les autres le dire. Notre objectif actuel, c’est de le démontrer », soutient Yacine Boumghar.

(EMM)


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