LE COLLÈGE DE MAISONNEUVE ENVISAGE LA CONSTRUCTION D’UNE IMPORTANTE INFRASTRUCTURE DE RECHERCHE ET D’INNOVATION AU TECHNOPÔLE ANGUS

 

La nouvelle est maintenant officielle : le Collège de Maisonneuve a confirmé ces derniers jours à EST MÉDIA Montréal qu’une entente est intervenue entre l’institution collégiale et la Société de développement Angus pour l’analyse de la faisabilité d’une nouvelle infrastructure de recherche et d’innovation d’envergure, sur le site du Technopôle Angus, dans le quartier Rosemont.

Le projet évalué pour l’instant à 40 M $ est lié au développement de deux des trois Centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) du Collège de Maisonneuve, soit le Centre d’études des procédés chimiques du Québec (CÉPROCQ) et l’Institut de technologie des emballages et du génie alimentaire (ITEGA), situés au 6220, rue Sherbrooke Est. Rappelons que la mission principale des CCTT est de faire de la recherche appliquée pour les entreprises (en majorité des PME) et de les accompagner dans leurs projets d’innovation, tout en fournissant de la formation de pointe dans des secteurs d’activités bien précis.

La rumeur d’un tel projet pour le Collège de Maisonneuve circulait depuis quelques temps mais l’entente entre la SDA et le cégep, qui prévoit un bail emphytéotique, vient finalement concrétiser, en quelque sorte, les assises du prochain pôle de recherche et d’innovation en chimie verte et développement durable que la direction de l’institution nomme pour le moment Hall Pré-Commercial Intégré (HPCI).

Les nouvelles infrastructures du Collège de Maisonneuve seraient situées au sud du siège social de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, rue Molson dans le Technopôle Angus.

Un centre unique au pays

La grande particularité du projet de HPCI réside dans le fait qu’il deviendra le seul au Québec, et même au Canada dit-on, à offrir aux entreprises, surtout dans les secteurs alimentaires, pétroliers, et de la chimie verte, toutes très présentes dans l’est de Montréal, de fabriquer des petits lots de produits innovants pour tester les marchés avant une commercialisation à grande échelle. «Ce qui est fantastique avec ce projet, c’est que l’on vient vraiment combler une lacune importante dans la chaîne d’innovation. Lorsque l’on est impliqué dans un développement de produit actuellement, nous faisons la recherche, nous fournissons les équipements de laboratoire et l’expertise pour produire le produit à l’échelle pilote, mais habituellement notre intervention s’arrête là. Avec le HPCI, nous serons alors en mesure de produire des quantités suffisantes de ces produits-pilotes pour que nos clients puissent tester véritablement leurs marchés, et prendre ensuite la décision de produire, ou non, le produit à large échelle. Nous serions parmi les rares au pays à offrir cette étape cruciale dans nos secteurs d’expertises, qui est finalement le nerf de la guerre pour les entreprises qui innovent et qui veulent lancer de nouveaux produits. Nous pourrons dorénavant accompagner les entreprises à partir de l’idée jusqu’au marché», explique Yacine Boumghar, directeur du CÉPROCQ.

Yacine Boumghar, directeur du CÉPROCQ.

Toujours selon M. Boumghar, le HPCI aura également un impact majeur sur le développement des deux CCTT technologiques du Collège de Maisonneuve dans l’est de Montréal, mais aussi au Québec. «Ça va nous permettre de diversifier et d’augmenter considérablement nos activités, de les adapter encore plus aux besoins des entreprises et d’offrir ainsi un accompagnement optimisé», dit-il.

Le HPCI pourra aussi servir de vitrine pour les entreprises qui voudront démontrer la pertinence de leurs nouveaux produits ou de leurs solutions technologiques à des investisseurs potentiels, le tout appuyé par l’expertise scientifique du CÉPROCQ ou de l’ITEGA.

Projet majeur pour l’est de Montréal

Plus de revenus certes pour le Collège de Maisonneuve, mais l’investissement reste toutefois très important pour une institution collégiale. Selon Malika Habel, directrice générale de l’établissement, le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI), selon ses programmes de financement en cours, pourrait assumer jusqu’à 80 % du financement du projet de HPCI, alors que le cégep et ses partenaires privés devront assumer le 20 % restant. «Il faudra effectivement trouver cet argent-là, probablement via des donations et des partenariats avec des grandes entreprises de l’est, notamment dans les secteurs de la pétrochimie, de l’alimentation et aussi dans le secteur bancaire. Des approches en ce sens ont déjà été entamées et nous espérons les voir se conclure d’ici peu», affirme Mme Habel.

Il faut dire également que le projet de HPCI, qui circule dans les officines de l’est montréalais depuis deux ou trois ans, bénéficie déjà de nombreux appuis officiels, dont ceux de la ministre et députée de Pointe-aux-Trembles Chantal Rouleau, de la mairesse de Montréal Valérie Plante, de plusieurs autres élus locaux et organismes, ainsi que du milieu des affaires via la Chambre de commerce de l’est de Montréal, qui a d’ailleurs inscrit le projet dans son livre blanc lancé en octobre dernier. «C’est un projet très important pour l’est de Montréal car il s’inscrit parfaitement dans le cadre des plans de revitalisation du territoire annoncés par Québec et Montréal, particulièrement dans leur volonté de stimuler et de créer des pôles d’innovation et de savoir dans la région. De plus, on parle ici d’innovation en procédés industriels qui sont en lien direct avec deux secteurs d’activités que veulent promouvoir les instances gouvernementales dans l’est de Montréal au cours des prochaines décennies, soit la chimie verte et l’industrie agroalimentaire», explique Malika Habel.

Malika Habel, directrice générale du Collège de Maisonneuve.

Le HPCI devrait donc occuper un vaste espace «plus grand qu’un terrain de football» voisin du siège social de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, rue Molson sur le site du Technopôle Angus. À noter qu’à propos du type d’équipements visés par le HPCI, l’institution pourrait aussi recevoir une aide financière, cette fois du gouvernement fédéral, qui subventionne depuis quelques années et de façon assez généreuse l’achat d’équipements pour fin de formation et d’innovation, notamment dans les secteurs technologiques et industriels.

Si le Collège de Maisonneuve n’en est pas encore à la première pelletée de terre, sa direction espère toutefois pouvoir débuter les travaux dès 2021, en autant que la Covid-19 ne vienne pas bousculer le calendrier. «Nous travaillons actuellement tout le volet des plans d’architecture et sur le montage financier, et prévoyons présenter l’ensemble du projet au MEI à l’automne 2020. Si tout suit son cours normalement, et que le projet est encore dans les priorités du ministère, nous devrions avoir une réponse cet hiver, ce qui nous permettra de débuter les travaux», avance Mme Habel, qui ajoute que «si l’est est prêt à recevoir ce projet, nous on est prêt à l’implanter

Pourquoi avoir choisi le Technopôle Angus, dans Rosemont, alors que le Collège de Maisonneuve est historiquement lié au secteur de l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve? «Parce qu’il n’y a pas de terrain propice à notre projet dans MHM actuellement. Il y aurait eu peut-être le secteur de l’Assomption-Sud d’intéressant, mais l’administration municipale en a encore pour des années à requalifier le site industriel, ce qui nous amenait trop loin dans le temps. Angus, qui est à quelques minutes des installations principales du Collège, et qui est aussi évidemment dans l’Est de Montréal, s’avérait intéressant pour sa situation géographique, mais également pour la synergie d’entreprises technologiques et innovantes qu’il abrite, avec beaucoup de panache d’ailleurs», explique la directrice générale.

Vue intérieure du futur HPCI.

Une phase II déjà en réflexion

Le développement du créneau de pré-commercialisation des CCTT du Collège de Maisonneuve, selon les plans d’avenir de l’institution, risque d’être fort impressionnant avons-nous appris lors de l’entrevue avec Mme Habel et M. Boumghar. La mise sur pied du HPCI, au Technopôle Angus, ne serait qu’une première phase du projet. «Nous sommes convaincus que le service de pré-commercialisation prendra une importance telle dans les prochaines années que nous devrons acquérir de nouveaux espaces et équipements pour fournir à la demande. Dans notre vision, nous aimerions éventuellement opérer un centre de recherche et d’innovation spécialisé uniquement en agroalimentaire, probablement dans le secteur Assomption-Sud, et un autre spécialisé en pétrochimie et chimie verte plus à l’est, au cœur des entreprises de ce secteur d’activité», affirme Malika Habel. On parlerait ici d’un horizon de 10 à 15 ans pour initier une deuxième phase du HPCI.


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