40 ANS DE SOLIDARITÉ AU CENTRE DES FEMMES DE RDP
Depuis sa création, le Centre des femmes de Rivière-des-Prairies est de tous les combats. Que cela soit pour l’amélioration de la sécurité urbaine, pour une meilleure desserte de transports en commun ou encore pour la création d’espaces culturels ouverts à tous, les femmes qui ont porté ses revendications depuis quatre décennies sont toujours aussi présentes dans la communauté.
Ces temps-ci, les membres de l’association s’activent plus que jamais. Les comités se multiplient afin de préparer les activités en prévision de l’anniversaire officiel de l’organisme, le 8 mars 2024. D’ici là, des événements marqueront ponctuellement la longue histoire du Centre, afin de le faire connaitre à celles qui en ignoreraient encore l’existence.
Le Centre prévoit pour sa programmation estivale des activités de discussion, du soutien aux nouvelles arrivantes, diverses activités sportives, des ateliers sur le mode de vie « zéro déchet », un club de théâtre, un cercle de lecture et des soirées cinéma. Des services réguliers sont aussi offerts au centre tout au long de l’année, incluant un accès internet, une halte-garderie et des paniers d’alimentation solidaires.
Ces derniers ont été créés durant la pandémie pour répondre à un besoin urgent causé par la crise sanitaire. Toutefois, plusieurs femmes subissent encore des difficultés économiques et sont de plus en plus nombreuses à faire une demande pour des paniers. « Cela a commencé avec quelques demandes aux deux semaines, mais les besoins sont devenus de plus en plus importants. Hier, elles étaient 35 à réclamer leur panier », raconte Isabelle Rivard, directrice du Centre.
Créer des outils pour combattre la pauvreté et l’isolement, mais aussi être aux premiers rangs lorsque vient le moment de dénoncer les injustices est au cœur des actions de l’organisme depuis 1984.
Des revendications variées
Plusieurs enjeux ont avancé dans le quartier et découlent de revendications faites par les membres du Centre des femmes. Parmi leurs chevaux de bataille, on compte la piétonnisation du boulevard Gouin ou encore la création d’une maison de la culture. Elles ont aussi su prendre part au mouvement collectif dans RDP pour que le poste de quartier 45 du Service de police de la Ville de Montréal ne déménage pas, dans le cadre d’une fusion avec le poste de Pointe-aux-Trembles, rappelle la directrice.
Bien qu’à priori ces enjeux ne soient pas fondamentalement féministes, il n’y a rien d’étonnant dans le fait qu’ils soient portés par des femmes de RDP, croit Mme Rivard. « Le mieux-être des femmes dans leur milieu a un impact direct sur l’ensemble de celui-ci. À partir du moment où les femmes sont bien dans une communauté, se sentent en sécurité, se sentent entendues et écoutées, elles sont capables de fonctionner et de jouer leur rôle de femme. Cela se répercute sur la communauté. »
Puisque que l’on compte souvent sur leur soutien dans la vie quotidienne, les femmes connaissent fréquemment des difficultés communes. « Leur filet social peut se réduire rapidement et elles peuvent vivre un important fardeau personnel, parce qu’elles doivent assurer par exemple la garde des enfants ou encore être proches aidantes pour un parent », explique Mme Rivard.
« Elles ne savent pas qu’elles vivent des choses similaires. C’est pour cela que le Centre est important, car elles peuvent tout d’abord discuter de leurs problèmes et constater qu’elles ne sont pas seules dans leurs difficultés. »
Un récent grand accomplissement fut de faire croître le nombre de jeunes membres. Aujourd’hui, près de 60 % des membres ont 65 ans et plus, alors qu’autrefois cette statistique frôlait plutôt les 90 %, selon Mme Rivard. L’entité compte maintenant environ une centaine de membres, une cinquantaine de bénévoles et une dizaine d’employés.
Des défis de taille
Il y a eu des victoires, mais aussi des coups durs, comme la perte de services au CLSC de RDP la fin de semaine ou encore la fermeture du seul centre de jour dans le quartier. De plus, les popotes roulantes qui sillonnaient les rues de RDP ne sont plus offertes, tandis qu’un bureau de Service Canada a lui aussi disparu durant les dernières années. « Cela se fait souvent de façon insidieuse. On nous dit que la perte de services est temporaire, puis elle devient permanente », constate Mme Rivard.
Le Centre connaît de nombreux défis en tant qu’organisme communautaire. Parmi eux, l’installation ces dernières années de plusieurs nouveaux arrivants et demandeurs d’asile, surtout en provenance d’Haïti, alors que les ressources dédiées sont peu nombreuses dans le quartier. Le Centre assume donc une partie de leur prise en charge, venant en aide à ces femmes récemment immigrées.
De plus, le recrutement est difficile. Durant la pandémie, la majeure partie du personnel du Centre a vécu de l’épuisement professionnel, affirme sa directrice. « Aussi, c’est plus compliqué de recruter pour un organisme de RDP, parce que les transports en commun ne sont pas aussi accessibles et il n’y a pas de « centre-ville », de lieu attrayant où une vie de quartier peut se développer. »