UN VIRAGE ÉNERGÉTIQUE IMPORTANT AU PORT DE MONTRÉAL
On pourrait bientôt voir des panneaux solaires recouvrir certaines portions du Port de Montréal et les navires qui y transitent pourront aussi y faire le plein de carburants de type « zéro émission ». En effet, l’Administration portuaire de Montréal (APM) a entrepris depuis quelques années une transition énergétique qui s’accompagne de nombreuses mesures.
Les zones industrialo-portuaires posent d’énormes défis en matière d’environnement. À eux seuls les navires de marchandise sont parmi les effectifs les plus polluants en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans les installations portuaires et représentent 3,7 % des émissions mondiales. Selon un livre blanc rédigé par le Centre interuniversitaire de recherche sur les réseaux d’entreprise, la logistique et le transport pour le compte du Port de Montréal, « le transport maritime à l’échelle mondiale compte pour 940 mégatonnes d’émissions de CO2. Dans les zones portuaires, entre 55 % et 77 % des émissions de GES proviennent des navires ».
Consciente de cette problématique, l’APM a récemment pris plusieurs engagements pour combattre les émissions de GES. En marge de la 26e Conférence des parties (COP26) qui s’est tenue au début du mois de novembre 2021, les administrations portuaires de Montréal et d’Anvers ont notamment signé une entente de collaboration pour la création d’un premier corridor maritime vert transatlantique.
Par conséquent, les deux organisations procèdent actuellement à un balisage de marché et le cadre législatif de l’Union européenne, plus ambitieux, « force les armateurs et les ports à mettre de l’avant des mesures à court terme qui sont compatibles avec les mesures mises en place à Montréal », explique Renée Larouche, directrice des communications à l’AMP.
« Dans la foulée de cette entente, le Port de Montréal est devenu, en avril 2022, membre de la « Getting to Zero Coalition », rejoignant ainsi une alliance internationale regroupant plus de 150 compagnies des secteurs maritimes, énergétiques, des infrastructures et de la finance qui poursuivent un objectif commun, à savoir mettre en service, d’ici 2030, des navires à émission zéro, alimentés par des carburants à émission zéro », insiste Mme Larouche.
Un objectif important pour l’APM dans le cadre de cette entente sera de promouvoir et rendre disponibles des carburants verts ou renouvelables aux navires qui fréquentent le port.
Rappelons qu’à l’occasion de la COP26, le Canada a pris part à une délégation de 22 pays qui ont signé la « Clydebank Declaration For Green Shipping Corridors 2021 », s’engageant à créer, d’ici 2025, au moins six corridors maritimes internationaux à émissions nulles de carbone.
Appareils hybrides et certification verte
Localement, l’Administration portuaire a progressivement mis à la disposition de sa clientèle des énergies renouvelables et fait l’acquisition de véhicules écoresponsables. Ainsi, les armateurs ont accès à plus de 43 branchements électriques à quai afin d’arrêter les génératrices lorsque les navires sont amarrés.
De plus, de nombreux équipements dans les terminaux sont maintenant électriques « notamment des grues et l’alimentation énergétique pour les conteneurs à température contrôlée », souligne l’APM. « En vue d’une augmentation des équipements électriques de manutention des marchandises, l’ensemble des sous-stations électriques ont été surdimensionnées de près du double de leur capacité afin de combler la demande future anticipée. Depuis plus de 4 ans, il est aussi possible de se procurer du gaz naturel liquéfié pour des navires. Et près de 20% de la flotte de camions d’entretien est hybride », indique Mme Larouche.
Récemment, l’atelier mécanique du garage de l’APM a reçu le niveau platine de la certification environnementale Clé verte, « pour son exemplarité en matière de gestion environnementale ». Le garage, qui est notamment consacré à l’entretien de l’ensemble des véhicules utilisés par le Port de Montréal, soit plus de 100 véhicules au total, fait preuve d’exemplarité en ce qui concerne la gestion des matières résiduelles, les méthodes d’entreposage, la gestion énergétique du bâtiment, les systèmes de séparateurs d’eau, le contrôle des déversements, ainsi que la qualité des produits utilisés. C’est Nature-Action Québec, un organisme à but non lucratif, qui a développé le programme de certification volontaire. L’APM participe à ce programme de certification depuis 7 ans.
Le port de demain
Le Port de Montréal se penche sur plusieurs projets dans les prochaines années pour améliorer son empreinte environnementale. On étudierait entre autres la possibilité de recouvrir de grandes surfaces avec des panneaux solaires. En outre, les clients de l’APM ont signifié de l’intérêt pour de l’hydrogène vert et du méthanol vert.
« L’APM analyse les opportunités pour diversifier l’offre et modifier nos façons de consommer. L’APM et ses locataires évaluent la possibilité d’utiliser la technologie de batteries pour électrifier des équipements qui ne peuvent pas être branchés », conclut Mme Larouche.