Photo courtoisie Veinage.

UN PEU DE VEINE POUR VEINAGE

Cela fait maintenant 10 ans que Violaine Tétreault confectionne des sacs, des porte-monnaie et autres accessoires avec des tissus et matériaux récupérés. En cette année de COVID particulièrement éprouvante pour certains commerçants, l’entrepreneure a été choisie par les Talents M, un collectif de professionnels en communication-marketing, afin de l’aider à trouver des entreprises bien établies qui accepteraient de la « marrainer » et d’amener ainsi sa petite boutique encore plus loin. Bref retour sur son histoire.

Après une douzaine d’années en tant qu’horticultrice, Violaine Tétreault décide de faire un cours d’ébénisterie à la suite duquel elle développe une division de meubles de jardin sur mesure. Parallèlement à son emploi, avec des bouts de bois récupérés et grâce à la couture qu’elle a apprise auprès de sa mère quand elle était petite, elle décide un jour de se créer un sac, « pour simple loisir ». Elle montre alors sa création à son entourage qui lui suggère de continuer et de confectionner plusieurs pièces. Voyant l’engouement de ses proches et le plaisir qu’elle a à créer, Violaine décide finalement de se jeter à l’eau, d’arrêter son emploi pour se consacrer pleinement à l’élaboration d’un plan d’affaires. C’est alors à l’automne 2010 qu’elle lance dans le quartier Rosemont la marque Veinage, qui offre « de beaux produits », mais surtout une confection écoresponsable. « Je travaille beaucoup avec des chutes de bois, de cuir de rembourreur. Je récupère aussi des toiles et des textiles dans les fins de collections d’autres designers », explique la créatrice de mode qui confectionne sacs, porte-monnaie, pochettes, sacs à dos et même des bijoux.

Pour créer, Violaine s’inspire des besoins qu’elle constate, mais aussi des matières qu’elle récupère. « Il faut que mes produits soient à la fois esthétiques et intéressants, mais surtout pratiques », ajoute-t-elle. Au printemps dernier, la conceptrice a voulu innover et a sorti sa première pièce de vêtement, un manteau en lainage, une nouvelle idée qu’elle compte bien poursuivre cet automne tout comme le fait d’offrir davantage de sur-mesure. « Produire à la commande me permet de mieux gérer les ressources, d’avoir moins besoin d’employés et moins de pertes », détaille-t-elle.

Dès le départ, la clientèle est au rendez-vous, notamment grâce à une bonne visibilité médiatique, mais aussi avec la présence de Violaine dans différents salons de métiers d’art, de foires, d’événements… « J’ai aussi rapidement diffusé mes pièces dans plusieurs boutiques et créé un site transactionnel », ajoute-t-elle. Beaucoup de ces clients reviennent d’année en année, dit-elle, pour se procurer ses produits qui coutent de 30$ pour un bijou jusqu’à 350$ pour un sac à dos.

Soutenir « les plus petits » en période de crise

L’an dernier en pleine pandémie, Violaine est contactée par une de ses clientes fidèles, mais aussi membre des Talents M, Ania Ursulet, qui a une idée assez originale en tête. « J’avais envie d’agir pour aider les petits commerçants, d’aller plus loin, de faire quelque chose de concret et j’ai pensé à Veinage de suite », se souvient Ania. L’entreprise a en effet collaborer à son intégration au Québec lorsqu’elle est arrivée en 2012. « À mon installation à Montréal, j’ai notamment demandé à Violaine si elle pouvait me créer un bracelet qui symbolise à la fois mes origines caribéennes et le Québec. Elle m’a confectionné un bracelet avec du madras et de l’érable, son écoute était formidable ! Violaine fait vraiment partie de mon paysage d’ancrage, elle a été très importante, elle a été un des premiers visages québécois à m’accueillir », raconte-t-elle. C’est donc tout naturellement qu’elle a voulu soutenir Violaine et a eu l’idée d’un projet de « marrainage d’entreprises », conçu et modélisé ensemble.

Le concept cherche à connecter des petits commerces locaux prônant des valeurs sociales et écoresponsables avec des plus grandes entreprises. « On veut donner du travail à nos « coups de cœur » parce que ce sont des passionnés qui n’attendent que ça. Puis pour les entreprises bien établies, ça leur permet de faire un beau geste, d’inscrire leur image de marque dans une démarche sociétale importante, de soutenir l’achat local aussi », argumente Ania qui a alors soumis son idée à ses collègues de Talents M. « On est là entre autres pour garantir que la grande entreprise ne soit pas prédominante et que sa commande reste à taille d’entrepreneur. On est là aussi pour rétablir le champ de force et permettre aux petits commerces de se concentrer sur la production et non sur tout ce qu’il y a autour, le marketing par exemple », explique Ania qui travaille dans le domaine depuis 30 ans.

Ania Ursulet et Violaine Tétreault (photos courtoisie).

L’objectif de la campagne est somme toute modeste : obtenir 5 000 $ de commandes, provenant d’une ou plusieurs entreprises. « Ça peut aller très vite avec des cadeaux pour les employés ou pour des items promotionnels par exemple », poursuit-elle. Cela pourrait aussi permettre d’offrir de la nouveauté aux clients réguliers avec la création de nouveaux produits, de nouvelles collections « capsules » faites spécifiquement dans le cadre de cette campagne.

Ania a déjà contacté une douzaine de grandes entreprises pour exposer le projet. Elle espère qu’une entreprise de l’est sera prête à faire un geste. « On fait ça en pro bono. Je pense qu’on a tous des capacités à aller vers l’autre de façon spontanée, et je crois beaucoup aux mains tendues, aux petits gestes. Je mets tout mon cœur dans ce projet simplement parce que j’y tiens et que ça me fait du bien. »

Deux autres petites entreprises québécoises « coup de cœur » font partie de la campagne, soit la boutique Locolocal et Moulins Tremblay. Les trois consultantes de Talents M impliquées dans le projet se donnent jusqu’en septembre pour récolter les 5 000 $ d’objectif par entreprise « marrainée ». Si le concept vous interpelle, vous pouvez communiquer avec Veinage ou Talents M via leur site Web respectif.

https://veinage.ca/fr

https://lestalentsm.com/