Valérie Plante. Photo: Courtoisie Ville de Montréal

VALÉRIE PLANTE : « L’EST DE MONTRÉAL DOIT ÊTRE PLUS PROSPÈRE, MOBILE ET VERT »

Forte d’un deuxième mandat à la tête de la métropole du Québec, Valérie Plante se dit prête à relever les défis auxquels fait face l’est de Montréal. Figurant au premier rang du palmarès d’EST MÉDIA Montréal des personnalités les plus influentes de l’est en 2022, la mairesse a tous les atouts en main pour réaliser sa vision.

Pour y parvenir, son administration s’est dotée en 2018 d’une entente particulière avec le gouvernement provincial, soit la Déclaration pour revitaliser l’est de Montréal, un puissant outil de développement.

« Pour moi, la Déclaration, c’est une façon très concrète d’engager le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal à développer et travailler le plus rapidement possible des projets porteurs pour l’est de Montréal. »

Trois projets en particulier n’auraient pas mérité autant d’attention de la part du gouvernement ou de Montréal sans ce document, selon la mairesse. Le premier est le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal, qui se concrétise enfin après près de 40 ans de tergiversations. « C’est vraiment la Ville et le ministère des Transports du Québec qui ont travaillé ensemble pour le débloquer. On est en train d’acheter le tunnelier et les terrains, donc tout ça avance », souligne la mairesse. Or, c’est la réaffirmation de l’intention des partenaires à faire aboutir ce projet, tel qu’énoncé dans les principes de la Déclaration, qui aura permis qu’on procède à la première pelletée de terre. Selon les estimations préliminaires, l’ensemble du projet se concrétisera en 2029.

Le second chantier qui aurait été inconcevable sans la Déclaration selon la mairesse ? Un autre projet de transport, soit le REM de l’est, rendu possible par une « volonté ferme écrite officiellement ».

Le souhait du gouvernement du Québec de créer deux zones d’innovation dans l’est de Montréal réjouit Mme Plante, et découle elle aussi du fait que Montréal est devenu un partenaire privilégié dans ce dossier grâce à la fameuse Déclaration. « Ces zones attireront des partenaires universitaires, des investissements, mais ça veut dire aussi que la Ville est prête à faire des investissements en infrastructures. J’ai manifesté à M. Fitzgibbon notre volonté de faire les investissements nécessaires pour la création des zones d’innovation », indique l’élue.

Valérie Plante et Chantal Rouleau arborant la déclaration officielle en décembre 2018. (Photos : EMM)

« Les possibilités de développement dans l’est sont immenses. Il n’y a pas de déclaration de l’ouest, ça n’existe pas. C’est la Déclaration de l’EST. Donc, ça veut dire qu’on a inscrit officiellement que nous y mettrons nos énergies, que ce soit pour décontaminer ou pour faire des projets de transports collectifs », maintient Mme Plante.

Enfin, la mairesse souligne que la Déclaration de l’est ouvre aussi la porte au verdissement de ce secteur. « On ne veut pas continuer avec le déficit de vert qu’on connaît dans l’est de Montréal. »

Quelle vision pour le REM de l’est?

L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) a repris la direction du chantier du REM de l’est des mains de CDPQ Infra, qui s’est retirée du projet en mai dernier. Au début de 2023, une nouvelle mouture devrait être présentée par l’ARTM. En attendant la présentation des plans, Mme Plante se veut rassurante.

« L’ARTM a repris toutes les études, donc on ne repart pas de zéro. Évidemment, il va y avoir un nouveau tracé. Le premier ministre, M. Legault, et moi, avons proposé notre vision à chacun, qui est certes différente l’une de l’autre, mais il faudra que l’ARTM puisse la matérialiser. Le projet va être déposé en début d’année et on veut pouvoir continuer à le développer en considération de ce qui va être mis de l’avant. On veut s’assurer que l’acceptation sociale va être présente. On est confiants, mais évidemment, il n’y a jamais de projets qui sont complètement unanimes. Toutefois, tout le monde s’entend pour dire qu’il faut du transport collectif dans l’est. »

Mme Plante demeure convaincue « qu’un lien vers le centre-ville est très pertinent, mais dans un deuxième temps », lorsque les plans et les investissements nécessaires auront été mis en place. Quant au tracé aérien dans Mercier-Est, aspect plus qu’irritant pour de nombreux citoyens du secteur, cette dernière ne l’exclut pas. « Attendons que les plans soient déposés pour nous pencher sur cet enjeu-là », affirme la mairesse.

Décontamination des sols

On le sait maintenant, des 100 M$ versés par le gouvernement québécois à la Ville pour un programme de décontamination des sols, seulement près de 10 M$ ont été touchés par les propriétaires privés, même si la Ville se dit prête à indemniser jusqu’à 90 % de leurs frais de revitalisation des sols. Il faut souligner que de cette première enveloppe de 100 M$ – une seconde à montant égal est promise par le gouvernement caquiste – une somme de 40 M$ a aussi été utilisée par la Ville pour acquérir et décontaminer des terrains. Malgré un départ lent, la mairesse garde confiance en cette initiative.

Photo: Courtoisie Ville de Montréal

« Le 100 M$ on y croit, et on est très heureux que le gouvernement du Québec se prête au jeu. Au départ, on était très enthousiastes, mais ensuite la pandémie est arrivée et elle a rendu la tâche plus complexe. C’était très difficile à ce moment-là de convaincre des propriétaires de décontaminer des terrains privés; ils avaient autre chose en tête. »

Maintenant que des projets structurants, comme le REM de l’est ou le prolongement de la ligne bleue, sont sur la table, Mme Plante se dit persuadée que l’intérêt pour le programme de décontamination des sols prendra de l’élan. Une dizaine de projets de décontamination, mentionnés dans notre précédente entrevue avec le ministre Fitzgibbon, sont dans les cartons pour un montant total de 33 M$. « Cette somme-là, c’est arrivé récemment, on voit que désormais ça bouge rapidement. Avant, il n’y avait juste pas d’appétit pour ça. Moi, je trouve cela encourageant », insiste la mairesse.

Terrains à développer

Concernant les prochains projets pour le Secteur industriel de la Pointe-de-l’Île (SIPI), la mairesse corrobore qu’un projet est en cours sur les terrains mis en vente par la pétrolière Esso cette année. Ceux-ci ne seront pas rachetés par Montréal, la Ville n’en ayant pas la capacité financière, confirme l’élue. Cependant, l’administration Plante veut être un acteur important dans ce dossier.

« On a des discussions avec les vendeurs pour leur rappeler la vision de la Ville tout au long de leur processus de recherche d’acheteurs. Ce sont des lieux qui vont demander la construction d’infrastructures et ça, c’est le levier de la Ville qui est très clair. Nous sommes bons joueurs et peu importe qui rachètera le terrain, on a déjà une vision pour ce grand quartier. Je travaille également avec la mairesse de Montréal-Est, Mme St-Laurent, et on partage des objectifs communs. Le ministre Fitzgibbon partage aussi notre vision. On est tous à la même place. »

Quant à l’utilisation qui sera faite du terrain, Mme Plante dit favoriser un usage mixte, qui, dans le cadre du projet SIPI, pourrait tendre vers de l’économie circulaire, de la mobilité durable ou des énergies propres.

Ray-Mont Logistiques

Au début de 2021, la Cour d’appel du Québec ordonnait à la Ville de Montréal et à l’arrondissement de MHM d’autoriser l’entreprise Ray-Mont Logistiques à construire sa plateforme de transbordement dans le quartier Assomption Sud-Longue-Pointe. Il s’agissait d’une défaite cuisante pour l’administration. Aujourd’hui, la compagnie poursuit la Ville pour plus de 370 M$ et le dossier reste épineux. La mairesse demeure prise entre l’arbre et l’écorce, puisque la grogne affichée par certains citoyens dans MHM contre le projet de Ray-Mont est forte, alors que la Ville maintient qu’elle a les mains liées tant que le dossier est judiciarisé. Est-il possible de se sortir de ce bourbier selon Mme Plante?

« La Ville a été très proactive pour faire valoir les droits de la population, mais ça n’a pas fonctionné en cour », se désole Mme Plante. Cette dernière souligne que des efforts ont été faits pour améliorer la qualité de vie dans le secteur, incluant la récente entente avec Hydro-Québec pour protéger une partie du boisé Steinberg. La mairesse convie aussi les gouvernements provincial et fédéral à acquérir des terrains à proximité de la plateforme de Ray-Mont afin d’y créer des zones tampons qui viendraient minimiser les effets délétères associés aux activités de transport de marchandises. « De la même manière qu’on n’a pas la possibilité de racheter les terrains d’Esso, on ne peut pas racheter Ray-Mont Logistiques. C’est ça la réalité. Nous, ce qu’on fait, c’est aller chercher des gains autour pour les résidents. »

En terminant, Mme Plante demeure persuadée du grand potentiel de l’est de Montréal et de la capacité de la Ville à accomplir ses objectifs. « Si on n’était pas convaincus de la nécessité d’investir aussi massivement, on n’aurait pas mis autant d’énergie; la ligne bleue, le REM de l’est, ce sont des projets majeurs qu’on va continuer de porter. On va aussi aller de l’avant avec le verdissement et de la même façon qu’on a un grand parc de l’ouest, on va avoir un grand parc de l’est. On veut que plus de Montréalais viennent s’installer dans l’est, et ça, ça passe par l’amélioration de la qualité de vie. » Cette dernière croit que son administration a mis en place tous les éléments pour permettre l’arrivée d’un « est de Montréal plus prospère, plus mobile et plus vert ».