Mariana Mazza (crédit photo : Eric Myre).

UN CAFÉ AVEC… MARIANA MAZZA

L’humoriste féminine de l’heure au Québec adore définitivement se retrouver sur scène, mais elle aime aussi passionnément la pizza, s’ennuie de Denis Coderre, et en toute confidence, elle avoue « triper solide » sur Hochelaga-Maisonneuve, son quartier d’adoption. EST MÉDIA Montréal vous propose une rencontre exclusive avec Mariana Mazza, dans le cadre de notre nouvelle série « Un café avec… » qui vous présente à chaque mois et sans prétention une rencontre avec une personnalité de tous horizons qui a laissé sa marque dans l’Est de Montréal, ou qui possède un lien tangible avec la région.

Interviewer Mariana Mazza, c’est inévitablement être très attentif, car le débit est rapide et les propos toujours percutants, souvent surprenants. « Ce n’est pas pour rien que mon premier one woman show s’appelle Femme ta gueule. Si tu veux mon avis, tu vas en avoir pour ton argent », lance-t-elle avec un gentil uppercut verbal. La signature de Mariana Mazza c’est cela : l’authenticité, l’affirmation, la dénonciation et, dans le fond, une grande sensibilité qui s’entremêlent dans un humour qui lui est propre, un peu comme Mike Ward, à certains égards.

La fille de l’Est

« Comme on dit, tu peux sortir la fille de Montréal-Nord, mais tu ne peux pas sortir Montréal-Nord de la fille », se plaît à dire l’humoriste de 29 ans, qui a passé sa tendre enfance dans ce secteur de la ville jusqu’à l’adolescence. Elle en garde un bon souvenir, mais n’y retournerait pas pour y vivre, dit-elle. « J’ai eu une belle enfance à Montréal-Nord parce qu’à cette époque, mes amis et moi on ne voyait pas nécessairement que nous habitions dans un quartier pauvre, ou riche, on s’amusait dans notre monde. C’est un peu plus tard, au secondaire à Calixa-Lavallée, quand avec mon équipe de soccer on jouait contre des écoles d’ailleurs à Montréal, qu’on se rendait compte que les réalités d’un quartier à l’autre pouvaient être très différentes. Vous savez, le clash que tu ressens la première fois que tu joues contre Régina Assumpta par exemple, une école privée d’Ahuntsic, ça frappe. On ne payait pas de mine avec nos uniformes cheaps full commandités alors qu’eux avaient des beaux vêtements Adidas super cools. Je me souviens de ce genre de choses », affirme Mariana Mazza.

Ce qu’elle garde de positif de ce coin du nord-est montréalais, c’est avant tout la solidarité qui soude les gens du quartier, les jeunes surtout. « Je crois que, comme dans tous les quartiers défavorisés, les jeunes de Montréal-Nord ont tendance encore aujourd’hui à se ghettoïser, pour se protéger en quelque sorte. Ce que ça apporte pour les jeunes, c’est un sentiment de ne jamais être seul. Je ne parle pas nécessairement de gangs de rue, mais de gangs de jeunes point. Mon côté combatif dans la vie en général, ma tendance à me tenir sur mes gardes, mon sens de la répartie, je pourrais dire que ça vient sûrement de ce temps-là, mais pour le reste, le fait que mes propos peuvent être crus ou vulgaires pour certains, ça c’est ma personnalité », clame-t-elle en riant.

Mariana Mazza se souvient également que cette solidarité était partagée par les professeurs de Calixa-Lavallée, qui jouent un rôle essentiel auprès des jeunes de ce quartier, dit-elle, en ajoutant qu’elle a vu plusieurs cas où des profs ont fait la différence sur le chemin de vie des élèves. « C’est dans cette école secondaire, en compagnie de professeurs dévoués, que j’ai découvert ma passion d’être sur une scène, de la danse, que j’ai aussi fait pour la première fois de l’animation et plein de trucs en art et en communication. Pour moi, c’est là que le déclic professionnel s’est fait. C’était clair que je voulais faire de la scène plus tard », dit-elle.

L’humoriste a également pu étancher sa soif d’activités physiques (qu’elle a toujours aujourd’hui d’ailleurs) lors de ses années de secondaire, alors qu’elle était dans un programme OSE (sport et enrichissement). « Je faisais du sport à tous les jours, c’était vraiment cool. Mais ma grande passion, c’était définitivement le soccer où j’excellais. J’étais d’ailleurs la seule fille qui pouvait être appelée à remplacer un garçon dans l’équipe masculine de l’école, et ça, j’en étais vraiment fière! », affirme-t-elle.

Et pourquoi Mariana Mazza ne voudrait plus habiter Montréal-Nord? « Honnêtement, même si c’est un quartier qui peut être le fun, je pense qu’il évolue trop lentement. Il est probablement victime de sa réputation de marde qu’il traîne depuis longtemps avec les gangs de rue, aussi une réputation de quartier défavorisé en général qui est plus ou moins vraie parce que quand tu habites Montréal-Nord tu te rends compte que c’est moins pire que les gens peuvent en penser, même si on voit clairement qu’il y a des inégalités sociales dans l’arrondissement. Mais malheureusement il ne se développe pas, ils ont beau mettre une grande roue pas rapport au coin d’Henri-Bourassa et Pie-IX, ce n’est pas ce genre d’initiatives qui va aider les gens du quartier », avance-t-elle.

Hochelaga-Maisonneuve

Le discours prend une direction différente lorsque l’humoriste aborde le sujet de son nouveau quartier d’adoption, Hochelaga-Maisonneuve, qu’elle habite tout de même depuis quelques années déjà. Son engouement pour le style de vie qu’on y retrouve aujourd’hui est plutôt vigoureux. « Moi, je le trouve écoeurant ce quartier-là!, lance-t-elle d’emblée. Il y a plein de jeunes familles, c’est vivant, c’est dynamique, les rues commerciales sont animées et il y a plein de restaurants, de bars et de boutiques le fun, mais c’est aussi très tranquille et sécuritaire comme quartier, du moins dans le secteur que j’habite. C’est le meilleur des deux mondes », nous dit Mariana Mazza. Cette dernière a décidé de s’installer dans un loft près du Stade olympique après avoir occupé pendant quelques temps un appartement dans Ville-Marie, alors qu’elle débutait son ascension dans le milieu artistique québécois. Mais ce n’était pas pour elle, dit-elle, puisque ce secteur près du centre-ville était trop effervescent à toute heure du jour.

Si elle est bien consciente que le quartier se relève de quelques décennies de vaches maigres, elle affirme aussi voir d’un bon œil la transformation qu’amène une vague de nouveaux résidents propriétaires et plus en moyens. « Je pense que l’arrivée de jeunes professionnels, de familles où les deux parents travaillent, qui ont de meilleurs revenus, est une bonne chose pour la revitalisation d’un quartier. Hochelaga-Maisonneuve, ce n’est toujours pas un quartier de riches, les propriétés sont encore abordables, moi c’était dans mon budget, et je ne crois pas que c’est une gentrification. Je pense plutôt que c’est un quartier populaire qui se sort de la misère et tant mieux si les maisons se rénovent, si ça attire des commerces plus intéressants, plus actuels. C’est bon pour tout le monde dans le quartier, les anciens résidents comme les nouveaux », soutient Mariana Mazza.

Des coups de cœur dans le quartier, l’humoriste affirme en avoir plusieurs. Elle n’hésite pas à nommer le Marché Maisonneuve en tout premier lieu, suivi par les restos et les bars de la rue Ontario. « J’aime entre autres la Boucherie Beau-Bien, les magasins vintage de la rue Sainte-Catherine (brocanteurs et antiquaires), le bar Madame Smith, la pizzéria Heirloom, les activités au Stade olympique et la piscine, le cinéma StarCité, le Comptoir Sushi de mon amie Geneviève Everell, et les restaurants Hélicoptère et Le Flamant. Et surtout j’adore Mon Gym Privé aussi sur Sainte-Catherine, c’est là que je m’entraîne. »

Marianna Mazza insistera durant l’entrevue sur l’aspect sécuritaire de son quartier, que certaines personnes lui décrivaient autrement avant l’achat de sa propriété. « Je n’hésite même pas à me promener la nuit dans Oshlag, et je ne me suis jamais sentie en danger. Je pense que les gens sont plutôt cools et c’est souvent l’entraide entre voisins que l’on remarque maintenant. Par exemple, sur ma rue, quand il y a des grosses tempêtes de neige, tout le monde s’aide pour déblayer, c’est toujours comme ça », dit celle qui se cherche même un duplex à rénover dans le secteur, et pas ailleurs que dans l’arrondissement. « Ça ne m’intéresse pas d’aller dans Rosemont ou le Plateau, j’aime mieux le style de vie dans Hochelaga-Maisonneuve, surtout parce qu’ici il y a avant tout des crisse de belles valeurs », affirme-t-elle de son ton coloré. Et malgré qu’elle soit une figure aujourd’hui bien connue du public, l’humoriste dit que les gens sont bien chill avec elle dans le quartier, et que personne ne « l’emmerde ou en fait un cas. »

Ses projets

Avec plus de 295 000 billets vendus de son premier grand spectacle solo Femme ta gueule, qu’elle trimbale aux quatre coins de la province et même ailleurs au Canada depuis quatre ans, Mariana Mazza s’est carrément établie aujourd’hui comme l’une des valeurs sûres du showbizz québécois. Cette petite bombe d’énergie fait également plusieurs contrats en parallèle, dont de la radio les lundis et les mardis avec son comparse Peter MacLeod et des apparitions télés sur une base régulière.

La fin annoncée de son présent spectacle en février prochain lui permettra-t-elle de prendre un peu de repos? « Heu oui, mais non (rires). En fait mon deuxième spectacle est déjà pas mal écrit et il pourrait aller en rodage rapidement. Je travaille aussi sur un petit projet secret pour remercier les fans de leur appui incroyable à ma tournée, en plus d’autres choses qui sont actuellement en attente d’approbation. Mais ma priorité numéro un dans ma carrière, c’est la scène, le reste pour moi est secondaire même s’il y a plein d’autres projets que j’aime et dont je me sens privilégiée de faire », conclut la sympathique Mariana Mazza.