François L. Delorme, Léonardois depuis sa naissance, tient un livre sur l’histoire de sa famille (EMM/Sophie Gauthier)

SOUVENIR DE L’EST : SAINT-LÉONARD RACONTÉ PAR LE DESCENDANT DE L’UNE DE SES FAMILLES FONDATRICES

EST MÉDIA Montréal est allé à la rencontre de plusieurs aîné.es dans différents quartiers sur le territoire, dans des résidences de retraité.es surtout, afin de discuter avec elles et avec eux en toute convivialité. Nous avons demandé aux personnes qui ont habité dans l’est de Montréal pendant longtemps de nous parler de leurs souvenirs de la vie quotidienne et de leur quartier d’enfance. Cela a donné lieu à des rencontres extraordinaires, touchantes, parfois cocasses, parfois moins, mais toujours chaleureuses et enrichissantes. Une série signée Sophie Gauthier.

Descendant de l’une des familles fondatrices de l’arrondissement, François L. Delorme est un véritable amoureux de Saint-Léonard, qu’il n’a jamais quitté depuis sa naissance en 1941. 

D’abord une ville, la municipalité de la paroisse Saint-Léonard-de-Port-Maurice est érigée en avril 1886. L’arrière-grand-père de François L. Delorme, Magloire Delorme, a fait partie du premier conseil de la Ville cette même année. 

Photographies des participants du tout premier conseil de la Ville de Saint-Léonard-de-Port-Maurice, en 1886 (EMM/Sophie Gauthier)

Il faudra attendre 1962 pour que la ville prenne le nom plus court de Saint-Léonard et 2002 pour qu’elle devienne un arrondissement de Montréal, lors de la réorganisation des municipalités du Québec.

Une ruralité très présente 

Jusqu’en 1954, date de son entrée au collège classique, M. Delorme se souvient de l’aspect rural de la ville et de l’absence de loisirs pour les enfants. L’hiver, il patinait sur des étangs gelés avec ses amis. L’été, les petits jouaient dans la carrière dont la pierre avait été extraite pour servir à la construction d’un chemin en macadam; une source avait fini par remplir l’espace. Les enfants s’y baignaient sans surveillance : « Ceux qui apprenait à nager ou qui avaient besoin d’une sécurité mettaient des tubes en caoutchouc en dessous de leurs épaules. Heureusement, il n’y a jamais eu d’accident sur les centaines de personnes qui s’y sont baignées », se remémore-t-il. 

Les Léonardois devaient sortir de leur ville et se déplacer jusqu’à Montréal pour profiter d’activités culturelles. À Saint-Léonard, le quotidien des résidents était dicté uniquement par « les études, le travail et les épargnes! », d’après François L. Delorme. 

Concours de labour 

Les citoyens de Saint-Léonard devaient parfois aller encore plus loin que Montréal pour participer à des évènements. L’homme de 81 ans se rappelle des récits du frère de son grand-père, Armand Delorme, qui participait aux concours de labour avec des chevaux, anciennement très populaires. L’objectif était de labourer le mieux possible un champ avec ses bêtes. Le concours avait lieu à Limoilou, alors banlieue de Québec. 

Armand Delorme, champion du concours de labour en 1921 (EMM/Sophie Gauthier)

Des années 1920 aux années 1930, Armand Delorme parcourait la distance qui séparait Saint-Léonard de Québec en bateau, en compagnie de ses deux chevaux. « Avant chaque départ, les filles de la maison ciraient et frottaient l’attelage dont une partie était composée de cuivre », raconte François L. Delorme. 

Chaque année, Armand Delorme participait donc au concours et gagnait presque à chaque fois! « Les autorités lui ont dit que ça décourageait les autres participants de venir. Alors, ils l’ont nommé juge! » raconte le Léonardois. Dans sa maison familiale, ce dernier pouvait admirer toutes les coupes et médailles du frère de son grand-père.

L’eldorado des Italiens

Saint-Léonard commence à se développer à partir de la fin des années 1950. La population explose alors, passant de 925 personnes en 1956 à 52 040 en 1971, d’après le site de la Ville de Montréal. L’arrivée d’une population d’origine italienne joue un rôle majeur dans son expansion : « À partir des années 1970, les Italiens achetaient des terrains et y bâtissaient des duplex, des triplex et des quintuplex », termine François L. Delorme.

Aujourd’hui, Saint-Léonard est historiquement considéré comme le quartier italien le plus important de Montréal. En 2016, date du dernier recensement de l’arrondissement, les immigrants italiens représentaient effectivement 24,2 % de l’ensemble de la population d’immigrants habitant le territoire.