(Photo: courtoisie Cirque Hors Piste).

SORTIR DE LA RUE GRÂCE AU CIRQUE

Les arts du cirque ont offert à des centaines de jeunes une façon de surmonter leurs difficultés. Cirque Hors Piste, qui est derrière cette initiative depuis près de 30 ans à Montréal, s’est récemment établi dans le quartier Hochelaga, où la population visée par ses programmes est importante.

C’est dans les anciens locaux du Centre Communautaire Culturel Social et Éducatif Maisonneuve (CCSE), situés au 3622, rue Hochelaga, que s’est installé en début d’année le pôle d’intervention et de mobilisation en cirque social. Créé en 1995 à la suite d’une initiative du Cirque du Soleil, le Cirque Hors Piste intervient auprès des jeunes vivant avec des problèmes de santé mentale, d’itinérance ou de toxicomanie.

« On fait nos interventions directement dans la rue pour rejoindre, créer un lien de confiance et agir en cohabitation sociale. Bien sûr, on accueille aussi les jeunes pour les activités dans nos locaux. On fait du développement de compétences sociales. Pour parvenir à accomplir tout cela, on utilise la diversité des arts du cirque, donc autant l’aspect physique que créatif, tout ce qui est manipulation (exemple : jonglerie) et motricité, pour atteindre des objectifs sociaux », affirme Karine Lavoie, directrice de l’organisme.

Coup de chance, ses nouveaux locaux de la rue Hochelaga étaient déjà aménagés pour recevoir des activités circassiennes. Ils comprennent trois étages munis de multiples salles d’entraînement, incluant un grand espace aux plafonds surélevés et équipés de fixations pour les activités aériennes. « Ç’a été un heureux hasard de trouver ces locaux au moment où on en cherchait. Nos espaces à l’église Sainte-Brigide, dans le Centre-Sud, avaient besoin d’être rénovés et l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve cherchait à maintenir des activités de cirque dans le bâtiment ici qui lui appartient, après le déménagement du CCSE. C’était génial de tomber là-dessus », note Mme Lavoie.

Grâce à ses efforts, Cirque Hors Piste vient en aide à près de 500 jeunes au travers de ses activités. L’organisme dirige aussi un programme pancanadien, intitulé Cirkaskina, qui rejoint une vingtaine de communautés au pays, dont plusieurs sont issues des populations autochtones.

Vivre sa marginalité

Mais pourquoi utiliser le cirque pour aider les jeunes à sortir de la rue? « Ça fonctionne pour plusieurs raisons. D’une part, il y a l’aspect attractif des arts du cirque. Dans l’histoire du cirque, il y a le fait que la marginalité était valorisée et mise en lumière. Ça nous permet de rejoindre les jeunes marginalisés. On les entend beaucoup dire : « c’est la première fois que je peux être moi-même et que je me sens bien » », souligne Mme Lavoie. Pour plusieurs personnes de la communauté LGBTQ par exemple, posséder un lieu dans lequel celles-ci peuvent vivre leur différence sans filtre est une occasion unique de s’exprimer, ajoute la directrice.

(Photo: courtoisie Cirque Hors Piste/Sage Rebelle).

De plus, le cirque peut être employé pour établir des liens de confiance avec les jeunes. « Nombreux d’entre eux ont perdu cette confiance dans les méthodes d’intervention sociale traditionnelles. L’aspect alternatif, le fait que c’est de l’intervention sociale, mais qu’on n’est pas dans un bureau en train de parler, rend cette façon de faire plus efficace. Il y a plusieurs jeunes qui ont été suivis toute leur vie par des travailleurs de rue, notamment des jeunes de la DPJ, et ils ne sont plus capables de vivre ce genre d’intervention », poursuit Mme Lavoie. Le cirque devient ainsi une forme d’intervention collective, faite en groupe, qui fournit un sentiment d’appartenance, « une famille », que n’ont jamais connue ces jeunes en difficulté.

De façon concrète, apprendre à former une pyramide humaine demande des habiletés physiques, mais exige aussi d’avoir confiance en ses partenaires et d’établir une relation avec ceux-ci. En outre, s’adonner à la pratique du trapèze peut être intimidant et nécessite de gérer son niveau de stress. Il s’agit-là de leçons qui peuvent ensuite être appliquées à la vie quotidienne et aux défis courants que doivent surmonter les jeunes.

Les résidents du quartier auront la chance de découvrir cet été l’organisme, qui prépare une foule d’activités dans les parcs et sur la rue Ontario Est, au moment où celle-ci deviendra piétonne. Pour ouvrir le bal, la Pendaison de crémaillère du Cirque Hors Piste se tiendra le 25 mai prochain, un événement officiel du lancement de l’organisme dans ses nouveaux locaux. Au programme, on prévoit des animations extérieures, un camion de bouffe de rue, ainsi qu’un « photobooth », de la barbe à papa et de l’animation menée par deux clowns à l’intérieur de l’édifice. À l’étage, on prépare un cabaret et une projection de documentaires sur le cirque social.


Le dossier spécial « L’est culturel 2023 » a été rendu possible grâce à la contribution financière des partenaires suivants :