D’UN SOUS-SOL DE L’EST AU SOMMET DU STADE
Alors que les tours du centre-ville peinent à retrouver des locataires pour leurs pieds carrés abandonnés en début de pandémie, la tour du stade olympique, elle, affiche maintenant complet. L’entreprise de l’est de Montréal, Sigma RH, vient de louer les derniers étages disponibles signant même un bail de 13 ans avec la direction du Parc olympique. Puisqu’elle occupait depuis avril 2021 les étages 10 et 11 dans le mat du stade, ses employés auront maintenant accès au sommet de la tour en gravissant les étages 12-13 et 14. Rappelons que les étages inférieurs accueillent depuis l’été 2018 plus de 1 200 employés de Desjardins. En combinant tous les employés installés dans la Tour, c’est environ 2 000 travailleurs qui occupent maintenant les lieux quotidiennement indique le Parc olympique, du moins potentiellement compte tenu de la tendance persistante du télétravail.
Un joyau de l’est méconnu du public
Sigma RH développe depuis maintenant 30 ans des logiciels de gestion de ressources humaines, offrant des solutions technologiques en ce domaine à de grandes entreprises canadiennes et françaises. Comptant aujourd’hui plus de 120 employés, dont quelques dizaines à Paris, Sigma RH a vu le jour modestement dans un sous-sol de la rue Papineau. Tout au long de son évolution, l’entreprise est demeurée dans l’est de Montréal, pour finalement trôner au sommet de l’infrastructure signature de la ville : la Tour de Montréal. Un succès que savoure aujourd’hui, et chaque jour, le président et co-fondateur de Sigma RH, Patrice Poirier. « Lorsque j’ai visité les espaces locatifs de la tour, quand j’ai vu l’environnement exceptionnel, et bien sûr la vue spectaculaire, je me suis dit : il faut faire quelque chose avec ça, faut qu’on aille bien plus loin, bien plus vite », exprime l’entrepreneur, rencontré dans ses bureaux la semaine dernière.
Ce qui épate effectivement dès le premier coup d’œil, une fois que s’ouvre la porte de l’ascenseur, c’est bien sûr la vue spectaculaire qu’offrent les lieux, tout particulièrement dans le bureau qu’occupe Patrice Poirier. Son coup d’œil au quotidien, il le projette vers le centre-ville et aussi la rive-sud, entre autres. « Quand il fait beau, on peut voir jusqu’aux États-Unis, c’est une vue unique de Montréal et de la région que l’on voit d’ici. Tous nos visiteurs ont le même réflexe, c’est un grand wow spontané. C’est frappant de voir la ville d’ici, de tous les angles, car nous avons des rideaux de fenêtres sur trois côtés », explique-t-il.
Il faut dire que l’aménagement est aussi très réussi. L’entreprise, qui a fait appel à un designer d’intérieur, a opté principalement pour des aires de travail ouvertes, quelques bureaux fermés (pour le personnel en vente surtout), et beaucoup d’espaces de travail collaboratif, mettant à profit l’environnement à la fois lumineux et spectaculaire qu’offrent les murs vitrés. La modernité du design ne semble pas avoir fait de compromis quant au confort, les espaces collaboratifs étant plutôt très accueillants. « Nous avons axé sur le confort, c’est vrai. Ce qu’on veut, c’est que nos employés aient le goût de venir travailler au bureau, qu’ils se sentent bien. Toute la mécanique du bâtiment est également à la fine pointe, notre système de ventilation par exemple offre pratiquement la même qualité d’air qu’à l’extérieur », affirme M. Poirier.
À l’instar de son succès, l’histoire de Sigma RH est loin d’être banale. « L’entreprise est née en fait de mon projet de stage de finissant au cégep en programmation informatique, affirme sourire en coin Patrice Poirier. J’étais déjà inscrit en septembre à l’université en relations industrielles et je me dirigeais donc vers le domaine des relations de travail. Mais mon stage, qui consistait à travailler sur le développement d’un logiciel de santé et sécurité au travail, s’est vite transformé en occasion d’affaires. Ne connaissant évidemment pas grand chose à l’époque dans la gestion d’entreprise, je me suis heureusement rapidement associé à un entrepreneur qui faisait déjà de la consultation en santé et sécurité au travail, et qui est toujours mon associé aujourd’hui », soutient Patrice Poirier.
Ayant au fil des ans décroché plusieurs mandats de grandes entreprises et organisations canadiennes, surtout québécoises, Sigma RH décide de faire le saut à Paris en 2005. Le marché est tellement immense aux yeux des deux associés qu’ils décident de vendre à Desjardins leurs activités canadiennes en 2006 pour se consacrer au développement du marché français. « Nous avons décidé de racheter à Desjardins en 2017 cette division, et en 2018 nous avons migré nos clients canadiens sur notre plateforme. C’est à ce moment que l’entreprise a vraiment pris une grande expansion et que nos besoins en termes d’effectifs ont explosé ici, car le développement du logiciel se fait ici, le service client se fait ici, et le marketing aussi. Nous avons commencé à nous sentir à l’étroit dans nos bureaux sur la rue Beaubien, entre Pie-IX et Viau, et par la suite nous avons opté pour la Tour de Montréal », avance le président de Sigma RH.
Avouant que le prix du pied carré exigé par le Parc olympique se compare aux grandes tours du centre-ville, Patrice Poirier n’y voyait pas là un obstacle. « C’est sûr que plusieurs personnes nous voyaient s’installer au centre-ville, mais Sigma RH a toujours été dans l’est, plusieurs de nos employés vivent dans l’est, et je pense que nous aurions perdu beaucoup d’employés clefs si nous avions fait ce choix. Le centre-ville ne plaît pas à tout le monde. Ici non seulement on occupe le grand symbole de l’est de Montréal, et pour moi cela signifie quelque chose, mais l’environnement est exceptionnel. Nous sommes privilégiés de pouvoir travailler dans la Tour, on ne manque de rien, c’est facile d’accès, il y a plein de services autour », dit le principal intéressé. La capacité d’accueil des 3 derniers étages de la Tour serait d’environ 75 employés selon la direction de Sigma RH, ce qui à terme doublera les effectifs de l’entreprise dans Hochelaga-Maisonneuve.
Le défi du recrutement
Comme pour un grand nombre d’entreprises, les occasions de croissance ne manquent pas du côté de Sigma RH, ce sont plutôt les employés qui sont difficiles à trouver, surtout les programmeurs. Selon Émilie Trahan, directrice marketing et communications, les opportunités et les clients sont là, mais la capacité de livrer doit évidemment suivre. « Dans notre domaine, c’est présentement un peu le nerf de la guerre. C’est pourquoi on met beaucoup d’efforts à aménager notre environnement de travail pour qu’il se démarque et soit le plus attrayant possible. Nos nouveaux bureaux à la Tour de Montréal sont certainement un atout », dit-elle.
Sigma RH vient par ailleurs d’acquérir une entreprise de programmation au Saguenay, une quarantaine d’employés qui pourront notamment renforcir les troupes. « Le développement chez nous se fait actuellement à tous les niveaux, mais le potentiel est vraiment significatif en France. On regarde également les possibilités aux États-Unis, c’est un marché qui nous intéresse », conclut Patrice Poirier, qui décidément, vise toujours plus haut…