Photo : Myriam Baril Tessier.

LA SDC DU PETIT MAGHREB DISSOUTE FERA PLACE À UNE ASSOCIATION COMMERÇANTE

C’est officiellement la fin de la Société de développement commercial (SDC) du Petit Maghreb. Ses membres ont voté en faveur de sa dissolution lors d’un référendum. Les porteurs de ce projet ne baissent toutefois pas les bras et tenteront de mettre sur pied une nouvelle association commerçante.

Près de deux ans après avoir a reçu une requête pour la constitution de la SDC du Petit Maghreb, les élus de Villeray – Saint-Michel – Parc-Extension ont pris acte du résultat du référendum le 6 juin, lors de la dernière séance du conseil d’arrondissement.

Ainsi, la SDC qui représentait des commerçants situés sur la rue Jean-Talon Est, entre le boulevard Saint-Michel et le boulevard Pie-IX, sera bientôt inactive. Quelques démarches administratives restent à être complétées, dont le retrait de l’organisme au registre des entreprises du Québec, mais somme toute, c’est la fin de cette aventure.

« C’est avec beaucoup de déception que je vous parle aujourd’hui », indique Toufik Lallouche, président de la SDC. Son équipe et lui auront été forcés d’affronter de nombreux obstacles pour garder l’organisme en vie durant les deux dernières années. « Le « timing » n’était pas bon. Il y avait la pandémie et les travaux du SRB Pie-IX qui ont bloqué l’accès sur Jean-Talon. Les commerçants ont été durement affectés par tout cela et, pour certains, les cotisations sont arrivées comme une surtaxe », explique-t-il.

Sylvain Ouellet, conseiller du district de François-Perrault et membre du C.A. de la SDC du Petit Maghreb. (Photo: Courtoisie Ville de Montréal.)

Le conseiller du district de François-Perrault et membre du conseil d’administration de la SDC du Petit Maghreb, de Sylvain Ouellet, est du même avis. « Ce n’était vraiment pas un bon « timing » en effet […] J’ai été très triste de prendre connaissance du résultat, car je reste convaincu des bienfaits des SDC pour les rues commerçantes », souligne-t-il.

Le 7 mai dernier, sur 57 commerçants membres de la SDC, 42 se sont portés en faveur de la résiliation de la SDC. « Dans la mémoire récente à Montréal, je crois que c’est un cas assez unique de voir une SDC être dissoute après un vote comme celui-là. En général, les membres votent pour la conserver », s’étonne M. Ouellet.

Il comprend que la cotisation annuelle, qui était fixée à 417 $ et payable en deux versements, pouvait mettre une pression supplémentaire sur les finances des commerçants qui « ne roulaient pas tous sur l’or ». Toutefois, le conseiller rappelle qu’il s’agissait d’une des cotisations les moins élevées pour les membres d’une SDC à Montréal.

L’élu et M. Lallouche croient qu’en outre, de la « désinformation » colportée par certains membres aura nui à l’organisme. « C’est un des facteurs qui a joué contre nous. Certains membres ont affirmé que les cotisations allaient doubler l’année suivante, ce qui était complètement faux. Mais une fois que cette rumeur a commencé à circuler, nous avons constaté un déclin de la participation à nos activités », raconte M. Lallouche. « En tant que membre du conseil d’administration, j’ai siégé aux réunions et je peux vous assurer que cette idée selon laquelle les cotisations allaient doubler était de la désinformation. Je n’ai jamais entendu cela », ajoute pour sa part M. Ouellet.

La SDC est morte, vive l’association commerçante

Malgré ce coup dur, M. Lallouche reste convaincu que des efforts collectifs peuvent être bénéfiques pour les commerçants de la rue Jean-Talon Est. C’est pourquoi il tentera de faire naître des cendres de la SDC une association commerçante indépendante. Contrairement à une SDC, elle n’imposera pas de cotisations aux commerçants sur son territoire. C’est une alternative au projet précédent, puisqu’après la dissolution d’une SDC, la Loi sur les cités et villes interdit la mise en place d’une nouvelle SDC visant le même secteur pendant deux ans.

L’association commerçante ne pourra toutefois pas bénéficier d’une subvention salariale de la part de VSP à la même hauteur que celle qui était accordée à la SDC du Petit Maghreb, soit 50 000 $ par an. Par ailleurs, l’argent octroyé à l’organisme par l’Arrondissement qui n’a pas été dépensé sera retourné à l’administration, tandis que toutes les cotisations pour 2023 seront remboursées aux membres rétroactivement.

« Sans ces montants, cela sera plus difficile de faire la promotion de l’artère et de monter des événements, mais notre service de développement économique demeure là pour accompagner les commerçants. Il y a aussi des organismes comme PME MTL Centre-Est qui peuvent intervenir. L’image de marque du Petit Maghreb va rester en vie », croit M. Ouellet.

M. Lallouche affirme qu’il restera à l’écoute des besoins des propriétaires d’entreprises locales, par l’entremise de la nouvelle association, et que des initiatives pour impliquer les citoyens seront mises en place. Un site internet pour l’organisme serait déjà dans les cartons.

« Après tout ce qui s’est passé dans les deux dernières années, je tiens à exprimer ma gratitude à nos membres et à nos partenaires. Leur contribution et leur dévouement nous auront permis d’avancer dans ce projet et je les remercie », conclut-il.