Perspective du projet de revitalisation de la rue Jarry, dans Saint-Michel (image courtoisie Ville de Montréal)

SAINT-MICHEL EN MODE ÉVOLUTION

Saint-Michel est un quartier qui subit des transformations importantes depuis le tournant des années 2000. La réhabilitation de la carrière Miron, en grande partie occupée aujourd’hui par le magnifique parc Frédéric-Back, ainsi que la création de la Citée des arts du cirque, sont au cœur d’une dynamique de revitalisation qui se poursuit encore aujourd’hui, sous différents aspects, notamment du côté de la mobilité et de la transition écologique.

Place au « Quartier des arts du cirque »

Composée de l’École nationale de cirque, du siège social international du Cirque du Soleil et de La TOHU, seul diffuseur spécialisé en cirque en Amérique du Nord, la Cité des arts du cirque rassemble ainsi une très grande partie des forces vives du milieu circassien québécois, de la formation à la diffusion, en passant par la production.

Actuellement, l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, de concert avec le gouvernement du Québec et quelques partenaires du milieu, planche sur la transformation de la Cité des arts du cirque en Quartier des arts du cirque : « On débute ce chantier, cette réflexion, dans le but d’attirer de nouveaux joueurs dans ce secteur », affirme Laurence Lavigne Lalonde, mairesse de l’arrondissement de VSP. Plus précisément, on élabore différents scénarios qui pourraient développer considérablement le cadre bâti et les espaces existants pour donner une seconde impulsion à ce secteur stratégique. Un plan directeur est d’ailleurs en préparation dit-on du côté de la Ville. « Le Quartier des arts du cirque  devient ainsi la pierre angulaire permettant de fédérer les forces vives du milieu, de se doter d’outils d’intervention et de déployer une identité territoriale attractive pour consolider un pôle d’excellence mondial et, à travers une stratégie d’acquisition immobilière concertée, de participer à la revitalisation de tout un quartier », déclare Laurence Lavigne Lalonde.

Pour Thierno Souleymane Diallo, commissaire au développement économique de l’arrondissement, le projet de Quartier des arts du cirque jouerait un rôle important dans le développement économique du territoire : « Le Quartier des arts du cirque se positionne comme une destination culturelle et éco-responsable de premier choix qui devrait attirer encore plus de visiteurs qu’aujourd’hui. En plus de renforcer le dynamisme de l’économie locale en générant plus d’emplois locaux, cet écosystème culturel, social et économique animera de belle façon le quotidien des résidents de Saint-Michel, des visiteurs, et des employés qui travaillent en ces lieux. La Cité des arts du cirque est déjà exceptionnelle, mais le projet de Quartier des arts du cirque promet encore davantage. »

Laurence Lavigne Lalonde, mairesse de l’arrondissement de VSP en compagnie de Thierno Souleymane Diallo, commissaire au développement économique de l’arrondissement (photo courtoisie)

Soulignons que plusieurs organisations et entreprises situées à Saint-Michel favorisent l’employabilité locale, et que cet objectif est toujours au cœur du développement du pôle circassien. La TOHU, par exemple, recrute le plus possible de jeunes des écoles à proximité, qui viennent souvent travailler au bistro durant la saison estivale, et à la billetterie ou l’accueil le week-end ou les soirs d’événements. Cela fait partie de sa mission.

PPU Jarry et pôles d’emplois

Soulignons que le Quartier des arts du cirque s’inscrit également dans le Programme particulier d’urbanisme de la rue Jarry Est, déposé en 2015. Des orientations avaient alors été définies afin de stimuler les différents secteurs de cette artère commerciale de 1,9 km qui traverse le quartier Saint-Michel. « On a vraiment la volonté de revitaliser la rue Jarry, de venir créer de l’habitation, du logement social, du logement abordable et d’améliorer la trame commerciale », soutient la mairesse de VSP. Parmi les objectifs visés par l’arrondissement, on désire particulièrement consolider des pôles d’emplois et créer de la mixité en termes d’usage avec des bâtiments résidentiels et commerciaux. Des initiatives ont déjà vu le jour : 550 logements ont été construits durant les cinq dernières années dans ce secteur. L’administration municipale travaillerait aussi actuellement sur deux projets de logements sociaux ou abordables qui devraient voir le jour bientôt.

La TOHU, dans le quartier Saint-Michel (photo Facebook de l’organisme)

Le PPU Jarry est un chantier très important aux yeux de Laurence Lavigne Lalonde : « On veut vraiment accélérer le pas. On est justement en discussion avec différents partenaires internes à la Ville de Montréal pour organiser les prochaines étapes, en s’assurant d’avoir les ressources humaines et financières nécessaires pour réellement concrétiser plusieurs aspects du PPU. Jusqu’à maintenant, l’arrondissement ne disposait pas des ressources nécessaires pour l’activer pleinement. »

Selon Mme Lavigne Lalonde, l’arrondissement travaillerait en parallèle en ce moment avec PME MTL Centre-Est pour déposer une première stratégie conjointe de développement économique local axée sur la stimulation des pôles d’emplois de VSP. « On en a identifié huit. Du côté de Saint-Michel, on a le Quartier des arts du cirque qui constitue un pôle d’emplois très intéressant. On a aussi le parc industriel, autour de la 17e avenue. On pense qu’il y a un vrai potentiel de consolidation et de développement dans ces deux secteurs », avance la mairesse. Les équipes de l’arrondissement sont notamment en train de dresser un portrait de leurs ressources afin de pouvoir proposer une carte de visite intéressante aux entreprises qui chercheraient de la main-d’œuvre locale.

Autre perspective de la revitalisation de la rue Jarry projetée dans le quartier Saint-Michel (image courtoisie Ville de Montréal)

Vers une mobilité plus fluide

La mobilité représente un autre véritable enjeu pour l’arrondissement et ce particulièrement dans le quartier Saint-Michel : « On travaille en ce moment sur la création d’un lien piéton-cyclable pour relier les deux tronçons de Jean-Rivard », informe d’emblée la mairesse lorsqu’on aborde le sujet. Ce projet a comme finalité de joindre le quartier résidentiel vers le secteur davantage industriel, qui constitue un pôle d’emplois important. Cet aménagement pourrait faire économiser 30 minutes aux citoyens sur leur temps de trajet. « On sait qu’une grande partie de la population se déplace à pied dans ce secteur, dont des jeunes qui doivent parfois marcher une heure pour aller à l’école », précise Laurence Lavigne Lalonde. Les équipes de l’arrondissement attendent les résultats d’une étude récemment menée afin de confirmer la faisabilité de ce projet et d’élaborer les plans d’action qui suivront.

L’accessibilité et la sécurité piétonnière représentent également de véritables défis sur la rue Jarry. « Il existe certains secteurs où il n’y a même pas de trottoir, près de La TOHU notamment », déplore la mairesse. L’un des principaux axes du PPU Jarry est donc sans surprise d’améliorer la mobilité et la sécurité des piétons dans ce secteur. L’idée est ici de refaire éventuellement complètement la voie publique. « On en est à l’étape de conception seulement. On attend d’avoir des plans et des devis pour avoir quelque chose de plus concret à présenter », précise Thierno Souleymane Diallo. La réfection de la rue Jarry est prévue pour 2025.

L’arrondissement a également lancé, dans chacun de ses quartiers, des planifications au niveau de l’apaisement de la circulation (pour le secteur centre, le plan sera présenté en novembre). Les objectifs d’un tel plan, qui débutera un peu partout sur le territoire à la mi-octobre, sont de favoriser la tranquillité et la qualité de vie des résidents, d’améliorer la sécurité piétonne et cycliste, de diminuer la circulation de transit, et de limiter la vitesse des automobilistes. VSP offre la possibilité aux résidents de faire part de leurs idées et impressions dans ce projet. Cette démarche a été faite dans Parc-Extension l’an dernier, elle est actuellement en cours à Villeray, et le sondage destiné aux résidents du quartier Saint-Michel devrait être annoncé au courant de l’automne. « Les gens pourront nous donner des informations que nous pourrons compiler et qu’on insérera dans un plan d’action. On y proposera de nouveaux dos d’ânes ou l’inversion des sens de certaines rues pour calmer le transit, par exemple », exprime la mairesse.

Finalement, le prolongement de la ligne bleue, dont les travaux préparatoires sont en cours, contribuera également à améliorer de façon considérable les déplacements des Michelois.es. Pour rappel, ce projet prévoit l’ajout de cinq stations sur une distance de 6 kilomètres, depuis la station Saint-Michel jusqu’à l’arrondissement d’Anjou. Elles seront situées aux intersections Pie-IX, Viau, Lacordaire, Langelier et boulevard des Galeries d’Anjou, en majeure partie le long de l’axe Jean-Talon. La mise en service des cinq stations est prévue pour 2029, selon les dernières informations.

Vers un quartier plus vert

En plus de la mobilité, la transition écologique occupe une place centrale dans les réflexions et les visées de l’administration de VSP : « La transition écologique est vraiment au coeur de notre action », confirme sans équivoque Thierno Souleymane Diallo.     .

« Concernant le domaine public, on plante beaucoup d’arbres et on continuera à le faire, mais parfois on est limité en termes de possibilités sur ces terrains. Mais en ce qui concerne le domaine privé, il y a un énorme potentiel de verdissement », souligne Laurence Lavigne Lalonde. Justement, au printemps 2023, VSP a fait plusieurs modifications réglementaires pour faciliter la transition écologique, notamment dans le domaine privé. Les nouveaux bâtiments peuvent désormais occuper seulement 85 % de la superficie de leur terrain. De plus, les deux tiers de l’espace non bâti doivent être verdis. « Il y a quelques temps, les entreprises auraient pu faire une belle cour asphaltée pour leurs camions. Avec la nouvelle réglementation, elles sont obligées de planter des arbres, d’avoir des endroits où capter les eaux de pluie ou d’avoir différentes strates végétales », spécifie la mairesse. Ces mesures ont pour but notamment de lutter contre les îlots de chaleur, une véritable problématique pour l’arrondissement. Dans ce cadre, par exemple, l’entreprise Beleron a accepté d’ajouter prochainement 50 arbres dans le parc industriel Pie IX. Postes Canada, située au 8530 8e Avenue, en ajoutera également 25 sur son terrain. L’arrondissement souhaite évidemment que plusieurs autres entreprises suivront.

La nouvelle réglementation incite également certains bâtiments à avoir un toit en partie végétalisé. Si une entreprise souhaite s’agrandir par exemple, à partir d’une certaine superficie, elle sera obligée de verdir une partie de son toit. « On ne leur demande pas d’avoir un verdissement avec des serres ou de la culture mais au moins un verdissement qui favorise les colonisateurs et qui participe à réduire les îlots de chaleur » , ajoute Mme Lavigne Lalonde.

L’arrondissement a également fait un autre changement réglementaire récemment, passé quelque peu inaperçu celui-là, mais pertinent dans un pôle industriel, affirme l’administration en place. VSP autorise ainsi dorénavant la mutualisation des espaces de stationnement. Avant, deux entreprises côte à côte avaient l’obligation de répondre aux exigences de stationnement individuellement alors qu’à présent, elles peuvent le faire ensemble. Par exemple, elles peuvent s’allier pour verdir leur terrain de stationnement. À terme, cette nouvelle initiative a pour but d’avoir le moins possible de grands espaces de stationnements asphaltés, qui favorisent évidemment les îlots de chaleur.


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