Vincent Marissal (QS), Sandra O’Connor (CAQ) et Pierre-Luc Brillant (PQ) se livrent une chaude bataille dans Rosemont.

ROSEMONT : DES DOSSIERS CHAUDS POUR LES CANDIDATS

Dans le cadre de la prochaine élection provinciale, EST MÉDIA Montréal va à la rencontre des candidats des différentes circonscriptions de l’est afin de rencontrer les principaux aspirants à la victoire le 3 octobre prochain. De quoi sont-ils le plus fier concernant leur dernier mandat? Que comptent-ils réaliser s’ils sont élus ou réélus? Aujourd’hui, discussion avec Vincent Marissal, député sortant de Québec solidaire, Sandra O’Connor, candidate pour la Coalition Avenir Québec, et Pierre-Luc Brillant du Parti Québécois, dans la circonscription de Rosemont.


En 2018, la circonscription de Rosemont avait été remportée de justesse par le candidat de Québec solidaire, Vincent Marissal, qui avait alors défait le député sortant péquiste et chef de parti, Jean-François Lisée, par 2 500 voix. La lutte s’annonce encore chaude en 2022 et l’ancien journaliste de La Presse devra défendre son siège contre deux adversaires qui le talonnent présentement dans les sondages : la prétendante de la Coalition Avenir Québec, Sandra O’Connor, et un nouveau venu en politique qui reprend le flambeau du Parti Québécois, Pierre-Luc Brillant.

C’est sans doute le dossier de la santé et de la mise à jour des installations de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont qui est en tête de liste des priorités des trois Rosemontois. Tandis que Mme O’Connor vante la gestion du dossier par son parti, qui a été au pouvoir durant les quatre dernières années, M. Marissal tire à boulet rouge sur ses collègues élus de la CAQ, qui à son avis ont laissé traîner le projet. De son côté, M. Brillant voit même dans cet enjeu une forme de discrimination à l’endroit de la population de l’est de Montréal.

Faire «rayonner» la santé

« Il faut faire rayonner toute l’expertise qu’on a sur le territoire en matière de santé. On a Santa-Cabrini, l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, l’Institut de cardiologie. Près de 15 % de la population active de Rosemont travaille en santé. Il faut que ça puisse rejaillir d’une façon ou d’une autre sur des services de qualité offerts à la population. Et aussi par une expertise en termes de développement », insiste Mme O’Connor. Plus spécifiquement au sujet de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, cette dernière souligne l’importance qu’a cet établissement dans le développement économique de l’est de Montréal.

Quant aux installations vétustes du centre de santé, la candidate de la CAQ affirme être consciente des enjeux en matière de coûts. « Ce n’est pas une surprise pour qui que ce soit qu’avec la pandémie les coûts de réfection de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont ont augmenté et le gouvernement de la CAQ s’est engagé à réaliser le projet dans son entièreté dans les meilleurs délais possibles. Pour moi il y a un engagement clair pour faire en sorte que le projet de HMR se réalise et contribue pleinement à desservir la population de l’est de Montréal. On parle de presque 27 % de la population montréalaise qui est desservie par le CIUSSS de l’est actuellement, et puis ça risque d’aller en augmentant, car on voit des flux de population se concrétiser. »

Pour sa part, M. Marissal se désole d’une gestion « je m’en foutiste » du dossier de la réfection de l’hôpital de la part du gouvernement Legault. Le candidat solidaire fustige la CAQ en raison du manque de transparence au sujet des coûts liés aux travaux de construction d’un nouveau pavillon hospitalier. En effet, le budget de 2,5 milliards de dollars annoncé par la CAQ ne tiendrait plus la route et les coûts pour le chantier s’élèveraient plutôt à 4,2 milliards. « Le ministre Dubé et la Société québécoise des infrastructures se traînent les pieds, ils n’ont pas été capables de donner un budget en commission parlementaire. Ça fait amateur », s’indigne M. Marissal, qui rappelle que la première pelletée de terre dans ce projet tarde à être creusée. « Au moment où on commencera le chantier, on en aura pour 10 ans. C’est plus de 700 000 personnes qui sont desservies par cet hôpital. On ne peut plus attendre. »

De son côté, s’il ne croit pas être en mesure de « réinventer la roue » dans ce dossier, le candidat du PQ se questionne sur les raisons systémiques à l’origine des délais dans la concrétisation de la construction d’un nouvel hôpital dans l’est de Montréal. « À un moment donné, il va falloir nommer les choses telles qu’elles sont. Il y a une disparité totale entre l’est et l’ouest de Montréal. Pourquoi l’ouest de Montréal, où la population est majoritairement anglophone, possède un REM et un CUSM neuf, tandis que la population de l’est de Montréal, qui est à majorité francophone et plus pauvre, on l’abandonne depuis des années? », se questionne M. Brillant. Celui-ci demande qu’on laisse les enjeux de financement du projet de côté et qu’on le lance le plus rapidement possible.

Logement

Les colistiers proposent des solutions différentes pour faciliter l’accès au logement. « De plus en plus, les requins de l’immobilier ont quitté le Plateau, parce qu’il n’y a plus tant de bonnes affaires à faire là. Ils s’en viennent vers l’est, ils débordent tranquillement et chaque année on a maintenant deux ou trois douzaines de cas d’immeubles au complet qui sont menacés de rénoviction. C’est donc une priorité absolue », affirme M. Marissal. Il faut ainsi procéder à un plafonnement des loyers, un registre des baux, puis un moratoire sur les rénovictions d’au moins un an, « pour empêcher que les requins achètent un bloc, envoient des hausses de loyer complètement démentes, mettent tout le monde dehors, passe un coup de pinceau, puis louent ça à des prix de fou », souligne le candidat sortant.

M. Brillant réclame lui aussi qu’on fasse la lutte aux Airbnb de ce monde dans la circonscription, qui selon-lui n’est pas un quartier touristique. « C’est une plaie, c’est un fléau dans un quartier d’habitations familiales comme celui-là. Je ne comprends pas qu’on ne légifère pas pour libérer les appartements pour les gens qui en ont un besoin criant. » Le candidat péquiste plaide à son tour pour la création d’un registre des loyers, afin « qu’on puisse vérifier quel était le loyer des précédents locataires ». Par ailleurs, celui-ci aimerait qu’on multiplie les habitations communautaires à l’image du projet Loggia dans Rosemont, qui favorisent la mixité entre les personnes de tous les âges et origines et où l’entraide est mise de l’avant.

Souhaitant faire de Rosemont un exemple de « densification douce », Mme O’Connor déclare qu’une collaboration plus forte entre les paliers de gouvernement sera nécessaire pour créer des quartiers dans lesquels il sera agréable de vivre.

De plus, cette dernière insiste sur le fait que le gouvernement caquiste s’est donné des « outils probants » pour combattre les sites d’hébergement collaboratifs illégaux. « Lorsqu’on parle de résidences secondaires, je crois qu’on a posé les gestes nécessaires pour accompagner les municipalités dans la lutte contre les logements collaboratifs illégaux. On a donné des outils et on continue de les déployer pour que les résidents puissent faire valoir leurs droits dans les dossiers de rénoviction. Ce sont des outils existants », indique-t-elle. Qui plus est, Mme O’Connor souligne que son gouvernement a livré la marchandise en créant 15 000 logements sociaux et abordables durant les 4 dernières années. « Notre premier engagement électoral est un investissement de 1,8 milliard de dollars, incluant le programme de soutien au loyer, pour la réalisation de 11 700 unités de logement. »

Transports

Le député solidaire se dit déçu du bilan de la CAQ en ce qui concerne le développement des transports dans sa circonscription et, dans une plus large mesure, dans l’est de Montréal. « Le SRB Pie-IX est fini, et il n’y a toujours pas de bus. Il n’y a rien qui se passe, on se traîne les pieds et ça fait longtemps que ça aurait dû être fini.  La CAQ se pète les bretelles avec le prolongement de la ligne bleue, mais franchement, ça fait 40 ans qu’on l’attend. C’est un peu gênant, et pour le moment, c’est à peine si on a commencé à creuser. »

Ce dernier souhaite que le projet du REM de l’est soit planifié entièrement en mode souterrain. « Ça prend un vrai programme de transport collectif. Et pour les axes est-ouest, ils nous ont complètement fait reculer, parce qu’ils ont mis tous leurs œufs dans le panier de la Caisse de dépôt et de son projet mal foutu; là ils se sont rendu compte que ça ne passait pas le test, alors ils sont obligés de reculer. Ils ne sont pas crédibles, ils pensent que si tu fais des losanges pour les autobus sur les autoroutes, c’est ça du transport collectif. »

Quant à lui, M. Brillant défend un tracé du REM qui éviterait le mode aérien dans les quartiers résidentiels. « Créer des stations aux abords du Collège de Rosemont et Jean-Eudes tout au long du boulevard Rosemont, près de la rue Masson et jusqu’à la rue Sherbrooke, ça me semble fantastique pour le développement du transport en commun dans la circonscription. » Le candidat péquiste croit que la venue d’un projet de transport collectif permettrait de rattraper le retard généralisé du développement de l’est et propulserait d’autres grands projets d’infrastructures, incluant la décontamination des sols. « Si on ne veut pas que l’est se transforme en terrain de jeu pour les conteneurs d’Amazon et de Ray-Mont Logistiques, il faut aller de l’avant avec le développement des transports. »

Communautaire

Assurer que le milieu communautaire puisse continuer à offrir un filet social pour les Rosemontois est un enjeu qui revient à mainte reprise dans les propositions des candidats.

« À l’est du boulevard Saint-Michel et jusqu’au boulevard Lacordaire, on parle d’un désert communautaire. Il n’y a qu’une bâtisse communautaire, mais c’est beaucoup trop petit et ce n’est pas du tout adapté aux besoins du milieu. Pour une population de 30 000 à 40 000 personnes, ça veut dire qu’il n’y a pas de bibliothèque et aucun centre communautaire digne de ce nom », s’inquiète M. Brillant. Une de ses priorités serait donc de construire rapidement un nouveau centre dans l’est de Montréal en concertation avec les acteurs du milieu.

M. Marissal veut aussi soutenir le monde communautaire en mettant de l’avant le financement pérenne des organismes. « Ils sont sous-financés. Ils sont toujours au bout de leurs dernières «cennes», il faut toujours qu’ils aillent quêter à gauche et à droite. Chez Québec solidaire, on a un plan réaliste pour que le communautaire arrête d’être des quêteux qui passent plus de temps à remplir de la paperasse pour avoir des subventions que de s’occuper du monde sur le terrain », indique-t-il.

Pour ce qui en est de Mme O’Connor, celle-ci souligne l’importance du milieu communautaire « très dynamique » de Rosemont et affirme vouloir « aller à la rencontre de ces organismes-là au courant des prochaines semaines, afin de savoir ce qui est important pour eux ».

Culture, accessibilité et écoles

Provenant elle-même du milieu culturel, Mme O’Connor souhaite tirer parti des installations d’Espace pour la vie et de la proximité avec le Parc olympique afin de faire de Rosemont une « porte d’entrée touristique de l’est de Montréal ». « On a donné au Parc olympique, à travers l’adoption d’une nouvelle loi, le contrôle de son développement; ça demeure une institution gouvernementale, mais on lui a donné tous les moyens pour qu’elle puisse se développer, créer des ententes, développer des événements avec des partenaires. Avec le SRB sur Pie-IX qui entre progressivement en fonction, nous avons la possibilité de créer un véritable pôle récréotouristique. »

Pour sa part, le candidat péquiste affirme qu’il a été interpellé par de nombreux citoyens au sujet de l’enjeu de l’accessibilité dans le quartier. « On m’a informé du fait que lors du rachat de certains bâtiments, les rampes d’accès ont été enlevées par les nouveaux propriétaires », se désole M. Brillant. C’est pourquoi ce dernier aimerait faire passer une loi assurant la pérennité des installations en accessibilité une fois celles-ci mises en place. « C’est important, parce qu’au moins 15 % de notre population vit avec des problèmes de motricité. »

Enfin, M. Marissal souhaite la mise à niveau du parc immobilier des écoles dans la circonscription. « On manque d’écoles, elles sont dans un mauvais état. On en a rénové quelques-unes, mais on aurait vraisemblablement besoin d’une nouvelle école primaire dans Rosemont. »


AUTRES CANDIDATES :

Marie-France Lemay, Parti conservateur du Québec

Sherlyne Duverneau, Parti libéral du Québec