RDP-PAT : « L’AGRICULTURE URBAINE, C’EST DANS NOTRE ADN »
L’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (RDP-PAT) désire accélérer son « virage vert » grâce à sa politique d’agriculture urbaine et ainsi augmenter significativement le nombre d’hectares cultivés sur son territoire. Pour ce faire, l’arrondissement s’est doté d’outils réglementaires, de projets et de collaborateurs afin de réussir cette stratégie de transition écologique.
Cette politique, adoptée en 2019, est la première en son genre à Montréal! Elle aura d’ailleurs valu un prix Novae à l’administration de RDP-PAT en 2021.
« Il existait déjà quelques projets en agriculture urbaine portés par des citoyens et des organismes, mais sans être portés par une vision de l’arrondissement. On veut utiliser notre pouvoir, par exemple réglementaire, pour faciliter ce type d’aménagements », explique Caroline Bourgeois, mairesse de l’arrondissement.
Que ce soient les toits verts, des serres ou des poulaillers, une multitude d’initiatives n’auraient pas été possibles sans une refonte de la réglementation, explique la mairesse.
Parmi ces modifications au règlement municipal, l’arrondissement a récemment autorisé l’aménagement de jardin en façade, ce qui empêchait certains citoyens de pouvoir cultiver des légumes frais sur cette partie de leur terrain.
Les élu(e)s ont aussi adopté un règlement rendant possible la construction de toits verts et de serres sur les toits, une option utile pour les entreprises et les institutions qui possèdent de grands bâtiments et qui souhaitent prendre part à l’agriculture urbaine.
« Le projet pilote de poulaillers urbains, qui permet de garder des poules pondeuses, a aussi une modification réglementaire importante. Depuis 2021, on autorise 50 poulaillers au total sur le territoire et jusqu’à maintenant, on en a 12 », ajoute Anne Blouin, agente de recherche en développement durable à RDP-PAT.
En ce qui concerne l’objectif d’obtenir un total de 30 hectares d’espaces en agriculture urbaine d’ici les huit prochaines années, la mairesse reconnaît qu’il s’agit d’un objectif ambitieux, mais croit que l’arrondissement y parviendra.
« Ça va entre autres se faire par des initiatives citoyennes, avec des gens qui vont faire de l’agriculture sur leur terrain. On a déjà atteint 10 hectares, donc on est confiant d’être capable d’y arriver, lorsqu’on prend en compte les possibilités de toits verts sur les édifices institutionnels et les projets d’expansion des parcs nature », indique Mme Bourgeois.
« On s’est doté de cette politique parce que l’agriculture urbaine, c’est dans l’ADN de notre arrondissement. Il faut juste regarder l’histoire de RDP-PAT pour constater qu’on a un riche passé agricole », poursuit-elle.
À ce jour, RDP-PAT compte donc 10 hectares en agriculture urbaine, dont 4 appartiennent aux secteurs institutionnel et privé, 2 au communautaire, 4,4 aux citoyens et 0,6 aux lieux patrimoniaux.
Des projets qui se démarquent
Selon la mairesse, parmi les projets phares qui ont été réalisés jusqu’à ce jour, on peut compter les moutons en écopâturage (de retour du 5 juin au 24 juillet dans RDP-PAT aux parcs André-Corbeil-dit-Tranchemontagne et du Chevalier-Cuivré), ainsi que les jardinothèques; des comptoirs situés dans les bibliothèques de l’arrondissement où l’on peut se procurer des semences et des plantes potagères pour le jardinage.
La mairesse fait également mention de l’appel à projets citoyens, communautaires et institutionnels lancé en janvier dernier, dans le cadre duquel une aide financière totalisant 25 000 $ est prévue.
« Nous avons senti un réel engouement de la part de nos citoyens, des organismes et institutions à RDP-PAT pour contribuer à verdir notre territoire. C’est pourquoi nous avons bonifié l’enveloppe dédiée à la réalisation de ces projets de 12 062 $ » précise la mairesse, Caroline Bourgeois.
De plus, jusqu’en 2025, l’arrondissement aménagera 23 000 mètres carrés au parc Médéric-Archambault, dont une des trois zones sera dédiée à l’agriculture urbaine pour une superficie d’environ 4 800 mètres carrés. La plantation d’arbres et d’arbustes fruitiers destinés à l’autocueillette y est prévue.
En plus de verdir les quartiers, cette stratégie de transition écologique promeut l’acquisition de connaissances en matière de jardinage et permet de combler certains besoins en accessibilité alimentaire.
« Certains secteurs de l’arrondissement peuvent être considérés comme des déserts alimentaires et je pense que l’agriculture urbaine est une réelle solution. Prenons par exemple l’appel à projets locaux, qu’ils soient dans les écoles ou sur des terrains d’organismes locaux ; il s’agit vraiment d’un moyen efficace d’augmenter l’offre de produits locaux, sains et nutritifs à une distance de marche », affirme Mme Blouin. Elle ajoute que « cela peut faire une différence au quotidien pour des groupes qui ont plus de difficulté à se déplacer pour s’approvisionner en produits frais. »