Projection du REM sur la rue Notre-Dame (images courtoisie CDPQ).

UN REM POUR REMETTRE L’EST SUR SES RAILS

« Enfin! » peut-on entendre un peu partout sur le grand territoire de l’est de Montréal aujourd’hui. Depuis la mise en ligne d’EST MÉDIA Montréal en juillet 2018, jamais avons-nous reçu autant de communiqués de presse, commentaires, et déclarations provenant de toutes les sphères d’activité pour encenser le colossal projet de Réseau express métropolitain. Un budget de 10 milliards de dollars, le plus important à ce jour au Québec pour une infrastructure de transport collectif. 23 stations venant combler un déficit majeur de mobilité vers Pointe-aux-Trembles et dans le nord-est de Montréal, ouvrant du même souffle des perspectives de développement extraordinaires. Une annonce que la communauté de l’est espère depuis des décennies afin de remettre le territoire sur ses rails, dont de larges superficies font toujours figures d’éclopées de l’ère industrielle du XXe siècle.

« Une journée historique pour l’est de Montréal »

Telle a été l’entrée en matière du premier ministre François Legault ce matin en conférence de presse, annonçant officiellement l’arrivée du REM. Historique certes, et sous plusieurs facettes. Car depuis des lustres, jamais l’est de Montréal n’a fait l’objet d’un investissement public aussi considérable… et structurant, pour employer ce terme à la mode. Historique; aussi parce que le REM s’avère l’outil le plus précieux pour redynamiser le territoire, dont le développement est depuis longtemps freiné en grande partie par un réseau de transport déficient. Historique; parce qu’il s’insère dans un plan d’action accéléré encore jamais vu des instances publiques pour améliorer la vitalité de l’est de Montréal, sous tous ses aspects. Soyons honnêtes, qui aurait cru sincèrement qu’en décembre 2020, deux ans après l’élection de la CAQ, et en pleine pandémie, la grande phase de décontamination des sols industriels serait en branle, que les premières infrastructures de la ligne bleue du métro seraient en construction (oui, il y a bien des travaux préparatoires en cours), que le SRB Pie-IX serait prolongé jusqu’à Notre-Dame et sa construction irait bon train, et que finalement, la construction du REM serait officiellement annoncée?

S’il s’agit certainement d’une résultante des efforts soutenus des « forces vives » de l’est de Montréal depuis bien des années, soulignons tout de même ici que Valérie Plante, mairesse de Montréal, et Chantal Rouleau, députée de Pointe-aux-Trembles, ministre déléguée aux Transports et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, sont véritablement les catalyseurs de la revitalisation actuelle du territoire. Redonnons à César ce qui revient à César, comme on dit. Par ailleurs, parions que les deux élues seront sûrement bien accueillies demain matin lors de l’événement virtuel soulignant le deuxième anniversaire de la Déclaration pour revitaliser l’Est de Montréal, organisé par la Chambre de commerce de l’Est de Montréal. Un happening qui devrait réunir à peu près tous les acteurs socioéconomiques et politiques de la région, nous dit-on, à l’instar de l’an dernier.

« L’Est de Montréal a définitivement entamé sa relance et ce projet permettra l’atteinte de son plein potentiel, tant au niveau économique que social. Grâce à l’interconnectivité des modes de transport, c’est un monde de possibilités qui s’ouvre à la population pour l’accès aux emplois de qualité et aux institutions d’enseignement supérieur.  Avec un mode de transport vert, moderne et tourné vers le fleuve, c’est toute l’image du territoire qui va être transformée, et c’est l’avenir de l’Est qui vient se dessiner », a déclaré ce matin Chantal Rouleau. Quant à Valérie Plante, elle affirme que « ce projet a le potentiel de transformer la mobilité dans l’Est et le Nord-Est de la métropole et de devenir un formidable moteur de relance économique. Ce nouvel accès au transport collectif vers le centre-ville vient ouvrir les horizons pour plusieurs quartiers montréalais, dont Pointe-aux-Trembles, Montréal-Nord, Saint-Léonard et Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. »

Perspective d’une station REM à Saint-Léonard.

Les détails du projet

Le REM de l’est, comme l’appelle son promoteur, la Caisse de dépôt et placement du Québec, est un méga projet de transport électrique sur rail, évalué à quelque 10 milliards de dollars. Il s’agit d’un réseau indépendant du REM dans l’ouest de l’île. Avant que ne débute la construction, prévue dès 2023, le projet devra auparavant passer les étapes d’audiences publiques, d’études environnementales et les travaux du BAPE. Si tout « roule » comme prévu, le REM de l’est pourrait être en fonction en 2030.

On envisage ainsi la construction de 23 stations réparties sur un réseau de 32 km de long, scindé en trois tronçons. Le premier tronçon (aérien) longera le boulevard René-Lévesque pour rejoindre la rue Notre-Dame jusque dans le secteur de Viauville. De là un tracé montera vers le nord (souterrain) desservant notamment l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont pour terminer sa course au Cégep Marie-Victorin, alors qu’un autre tronçon (aérien) se dirigera vers Pointe-aux-Trembles, empruntant Souligny et Sherbrooke.

En fonction 7 jours sur 7, le REM de l’est devrait offrir un service aux deux minutes en périodes de pointe sur la ligne Notre-Dame / centre-ville, et aux quatre minutes sur les deux autres tronçons, alors que les rames seront composées de deux voitures de métro léger électriques alimentées par un système caténaire (fil aérien).

La superficie projetée doublerait celle du réseau du métro dans l’est de Montréal. Le REM de l’est prévoit s’intégrer aux réseaux de transports collectifs et offrir un service complémentaire au métro (lignes orange, verte et bleue), au train de banlieue (Mascouche), au SRB Pie-IX, aux réseaux d’autobus (STM, STL, RTL, exo), au REM (Gare centrale), et aux trains interurbains (Gare centrale). L’achalandage prévu (horizon 2044) est de 133 000 usagers par jour. Sur le plan environnemental, on prévoit notamment de réduire de 35 000 tonnes l’émission de G.E.S. par année.

Selon les données de la CDPQ, le REM de l’est générerait pas moins de 6,3 G$ de contribution au PIB du Québec et plus de 60 000 emplois directs et indirects pendant la construction. Le tracé prévoit desservir quelque 27 millions de pi2 vacants dans l’est de Montréal, de là de grandes perspectives de développement pour le territoire. Le projet permet notamment la connectivité aux pôles d’affaires, d’emplois, de santé, d’éducation et de loisirs dans l’est.

Quant au gain en termes de vitesse de déplacement, il sera énorme nous assure le promoteur. Par exemple, le trajet Pointe-aux-Trembles / centre-ville, qui prend actuellement de 40 à 80 minutes en voiture en moyenne, pourra se faire via le REM en 25 minutes. Du Cégep Marie-Victorin au centre-ville, de 40 à 75 minutes en voiture, on fera le trajet en 30 minutes, alors que du Parc Maisonneuve au centre-ville, on parle de seulement 10 minutes avec le REM.

En terminant, soulignons que l’arrivée du REM de l’est amène en parallèle toute la question des zones d’innovation, promises par le gouvernement caquiste, que l’ensemble des régions du Québec espèrent voir aboutir sur leurs terres. Avec l’annonce d’aujourd’hui, il s’avère de plus en plus que l’est de Montréal se positionne favorablement pour accueillir des zones d’innovation, grâce à sa mobilité améliorée, ses immenses terrains industriels qui seront bientôt redevenus disponibles, et certaines concentrations d’entreprises et d’institutions de pointe sur son territoire dans des secteurs porteurs d’avenir, tels que la santé, la chimie verte, l’agroalimentaire et l’environnement. Lors de la conférence de presse de ce matin, le premier ministre Legault a d’ailleurs fait le lien avec le potentiel de l’est et sa volonté de créer une « Silicon Valley du nord », ce qui augure bien pour, espérons-le, d’autres bonnes nouvelles à venir pour l’est de Montréal.