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LE REFUGE ANIMALIER MONTRÉALAIS QUI SE FAISAIT ATTENDRE

La Ville de Montréal a annoncé la semaine dernière la concrétisation d’un nouveau projet d’envergure de refuge animalier municipal qui devrait voir le jour en 2026. Le partenariat conclu avec Proanima, un organisme qui opère déjà sur la Rive-Sud de la métropole depuis plus de 10 ans, permettra à la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de diriger ses efforts vers d’autres dossiers, elle qui avait jusqu’ici pris en charge les nombreux cas d’animaux errants, abandonnés ou donnés sur l’ensemble du territoire montréalais.

La mission du nouveau refuge animalier sera pratiquement identique à celle déjà entamée par la SPCA depuis de nombreuses années, à quelques exceptions près. Des services de cueillette, de transport, d’adoption par des familles d’accueil, de stérilisation et de vaccination seront entre autres mis en place.

Maja Vodanovic, membre du comité exécutif et en charge du dossier (Courtoisie Ville de Montréal) 

« À Montréal, il y a énormément d’abandons de chiens et de chats, et les chiffres ont augmenté de 64 % ces deux dernières années. Le refuge va également nous aider au niveau de la gestion de la faune urbaine et également avec les animaux exotiques qui sont de plus en plus présents dans les foyers, ce qui crée un réel problème », explique Maja Vodanovic, responsable au comité exécutif de la concertation avec les arrondissements et de l’eau et mairesse de Lachine, en charge du dossier. 

Le retrait de l’organisme voué à la protection des animaux précipite ainsi de nouveau l’avancement d’un projet qui, par le passé, avait déjà connu quelques ratés. En effet, ce n’est pas la première fois que la Ville tente de centraliser les services animaliers sur son territoire. Bien que les tentatives des dernières années aient échoué, cette fois sera la bonne, insiste l’élue. « Ça fait 11 ans que le projet est sur la table, et il y eu diverses tentatives pour qu’il soit géré par la municipalité. Mais à ce moment-là, tout a été abandonné, notamment parce que les coûts prévus étaient absurdes. On est content d’avoir trouvé aujourd’hui la meilleure solution en concluant ce contrat. »

La somme prévue de 157,9 M$, un montant qui sera versé par la Ville sur une période de 10 ans, a soulevé quelques questionnements. Mais il s’agit d’un coût très raisonnable qui n’est pas plus élevé qu’ailleurs, selon Mme Vodanovic. « Il y a seulement quelques personnes qui ont voté contre le projet du refuge et ça devait être des gens qui n’ont pas bien pris connaissance des documents avant de décider. L’Opposition officielle a voté pour. Une des raisons pour laquelle c’est un montant plus élevé, c’est que c’est le coût réel, le coût du marché. Mais c’est le prix payé par la moyenne des villes canadiennes. »

Dr Vincent Paradis, directeur des soins aux animaux chez Proanima (Coutoisie)

Directeur des soins aux animaux chez Proanima, le Dr Vincent Paradis est également confiant que ce projet permettra de répondre aux besoins actuels et il rappelle que le budget alloué par la ville couvrira non seulement les opérations, mais également la construction du refuge.

« Ce sont des services et des installations que les villes et les citoyens demandent depuis longtemps, et c’est ce que ça coûte pour offrir les services très larges que Proanima propose. Oui, il y a l’admission des animaux, mais il y a aussi l’éducation dans les écoles, la gestion des chiens dangereux, l’accompagnement de gens dans des situations de vulnérabilité et le service d’urgence, entre autres. »

Principal fournisseur en matière d’intervention et de protection des animaux avant ce nouveau projet de refuge municipal, la SPCA recevait de généreux dons privés pour opérer. « On avait la belle vie parce que c’était subventionné en grande partie par des donateurs, et il y avait aussi énormément de bénévoles. Mais finalement, la SPCA fournissait un service municipal. En tant que municipalité du Québec, nous sommes dans l’obligation d’avoir un refuge animalier », précise Mme Vodanovic. 

Proanima en tête de liste

Choisie par la Ville de Montréal pour ses hauts standards et ses compétences éprouvées en matière de services aux animaux, l’organisme Proanima opère depuis 2012 son centre animalier sur la Rive-Sud de Montréal. Un appel d’offres a d’abord été lancé, assure Mme Vodanovic, mais les résultats n’ont pas été au rendez-vous. Le contrat a donc finalement été octroyé de gré à gré à Proanima. « Il y a eu des appels d’offres auparavant, mais ça n’a pas fonctionné parce que les soumissionnaires n’avaient pas les compétences requises et n’offraient pas les services que la Ville cherchait. »

Dr Vincent Paradis se dit content de reprendre le flambeau de la SPCA, confiant que son équipe saura poursuivre avec brio le bon travail réalisé jusqu’ici par l’organisme. « Ça fait un moment que la SPCA veut se retirer et trouver une alternative avec la Ville de Montréal, donc nous sommes heureux de tendre la main et de pouvoir offrir une gestion animalière de qualité basée sur les meilleures pratiques en Amérique du Nord. Ça a toujours été dans notre mission de venir en aide aux animaux, mais aussi aux citoyens et aux communautés. »

Laurence Massé, DG de la SPCA (Photo tirée du site de la SPCA)

En laissant son rôle de refuge de côté, la SPCA pourra désormais se concentrer sur « les inspections, l’éducation, la défense des animaux et les soins des cas les plus vulnérables et les plus nécessiteux », a expliqué Laurence Massé, directrice générale (DG) de la SPCA, dans un communiqué diffusé la semaine dernière. 

L’organisme continuera tout de même d’accueillir les animaux au cours des deux prochaines années, pendant la construction du nouveau refuge. « Durant la période de transition, la SPCA va continuer d’opérer le temps que le centre soit aménagé. Ensuite, elle va continuer à desservir l’ouest de l’île. Elle restera également partenaire de Proanima, qui sera quant à elle en charge du refuge en prenant les appels et les demandes », explique Maja Vodanovic.  

Après un premier centre dans l’est, un deuxième à suivre?

Le premier local, dont on indique ne pas encore connaître l’emplacement exact, devrait ouvrir ses portes dans l’est en janvier 2026, si tout se déroule tel que prévu. Il s’agit d’un objectif réaliste, selon le Dr Paradis, puisque les choses vont bon train. « Des locations stratégiques ont déjà été regardées. On connaît aussi le plan de match au niveau des installations dont on aura besoin. Il y a déjà beaucoup de travail de fait, et des professionnels sont mandatés pour regarder des bâtisses potentielles. »

C’est le territoire de l’est qui accueillera la première mouture du refuge car il regroupe des arrondissements où l’on retrouve « le plus grand nombre d’animaux de compagnie par habitant dans la métropole », explique Maja Vodanovic. « Le premier centre pourra accueillir 7 500 animaux, et on espère qu’avec la sensibilisation, le taux d’abandon finira par baisser. Est-ce qu’on aura besoin d’un deuxième centre? On va pouvoir juger de la suite une fois que le premier sera en fonction. »

Une équipe de mobilité sera également créée pour aider les personnes qui auraient plus de difficulté à se rendre au refuge installé dans l’est, parce que « les besoins en matière de services aux animaux sont présents partout », rappelle, en terminant, le Dr Paradis.