Les membres des organismes communautaires de RDP étaient de la partie à la manifestation. (Photo: Emmanuel Delacour/EMM).

RDP SE MOBILISE CONTRE LA PAUVRETÉ

Près d’un millier de personnes étaient rassemblées devant le parlement québécois mardi dernier pour réclamer au gouvernement des solutions concrètes afin de mettre fin à la pauvreté au Québec. Dans un contexte de crise du logement et d’inflation galopante, les représentants syndicaux et d’organismes communautaires ont voulu rappeler que le visage de la pauvreté est très différent d’une région à l’autre de la province.

Ils étaient une quarantaine provenant de divers organismes communautaires de RDP réunis à Québec pour cette grande manifestation et pour faire valoir les besoins de la population dans l’est de la métropole. Parmi les présents, on dénombrait le Centre des femmes, Maison des jeunes, la Maison de la famille Cœur à Rivière, Centre d’action bénévole, le Carrefour Jeunesse Emploi, ainsi que le centre de promotion communautaire Le Phare. Ceux-ci étaient accompagnés par la Corporation de développement communautaire de RDP.

Ils se sont joints aux membres du Collectif pour un Québec sans pauvreté, venus de partout dans la province pour réclamer la création d’un plan de lutte à la pauvreté efficace. En effet, jusqu’au 30 juin, le gouvernement du Québec mène une consultation publique en vue du quatrième plan de lutte contre la pauvreté, qui est attendu en 2024.

Le visage de la pauvreté dans RDP

Selon Ludivine Fontaine, directrice adjointe du Centre des femmes, depuis la pandémie, plusieurs personnes sont tombées dans une situation de précarité dans RDP. Selon un rapport déposé cette année par l’organisme, près de 70 % de ses membres vivent en dessous du seuil de la pauvreté. « Les aînés doivent survivre avec des retraites de plus en plus basses et les gens peinent à boucler les fins de mois avec le salaire minimum. On a plus que jamais un grand nombre de personnes qui font appel à nos services d’aide alimentaire », indique-t-elle.

La directrice adjointe note que l’enjeu de la pauvreté se fait d’autant plus ressentir dans RDP, un quartier excentré où les ressources sont plus difficiles d’accès. Manque de transports collectifs, déserts alimentaires, départ des jeunes travailleurs vers le centre afin de se trouver de meilleurs emplois : bien nombreux sont les facteurs qui font en sorte qu’il est plus difficile de sortir de la précarité.

Même son de cloche chez Le Phare, un organisme actif depuis 40 ans dans RDP. Hébergé dans les Habitations Marie-Victorin, un lot de HLM comptant 200 unités, l’organisme rejoint des membres de partout dans l’est. « On des gens de RDP bien sûr, mais aussi des quartiers limitrophes, comme Montréal-Nord et Pointe-aux-Trembles », affirme Julie Geoffroy, coordonnatrice des projets pour Le Phare. L’organisme utilise « l’action communautaire autonome » pour mettre en place sa programmation. C’est ainsi à la demande des membres, afin de mieux répondre à leurs besoins, que les activités sont mises sur pied. Des ateliers d’éveil pour les tout-petits, des rencontres parents-enfants, des camps d’été pour les jeunes, de l’accompagnement scolaire, de l’aide pour les groupes de mamans et de l’animation pour les aînés logés dans les HLM Marie-Victorin : une panoplie d’actions est menée quotidiennement.

La marche s’est terminée devant le Parlement. Ils étaient près d’un millier mardi dernier à Québec pour manifester contre la pauvreté. (Photo: Emmanuel Delacour/EMM).

Contrairement à d’autres organismes du quartier, Le Phare n’a pas connu un exode de ses employés durant la pandémie. « C’est certain que c’est plus difficile de recruter du personnel depuis, car la pénurie de main-d’œuvre nous affecte tous, mais on a encore une équipe constituée de membres présents depuis plusieurs années », insiste Mme Geoffroy.

Même les initiatives en verdissement peuvent être un bouclier pour lutter contre la pauvreté. Par exemple, à l’Écho de la Pointe-aux-Prairies, un organisme porteur du programme Éco-quartier de la Ville de Montréal pour le territoire de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles. Sa mission est d’encourager les citoyens et les acteurs du milieu vers l’adoption de comportements écoresponsables par l’éducation populaire, l’accompagnement et la réalisation de projets mobilisateurs.

« On rejoint des enjeux de pauvreté au niveau de la sécurité alimentaire, souligne Tania Savard, agente de mobilisation. L’Écho s’attaque au manque d’accès à une alimentation de qualité dans le quartier de Rivière-des-Prairies, entre autres grâce à des initiatives comme la création de jardins collectifs. » Selon les plus récentes données au sujet de l’organisme, celui-ci a redistribué 420 kilogrammes de légumes par l’entremise de telles activités.

Tous les organismes interrogés par EST MÉDIA ont indiqué être tributaires de nombreux paliers de gouvernements et de bailleurs de fonds pour financer leurs activités. Si la plupart sont en mesure de trouver des fonds pour assurer le fonctionnement de leur regroupement, ceux-ci doivent souvent compter sur du financement à la pièce attribué au projet. Il est ainsi difficile de pérenniser les nouvelles initiatives dans ce cas, alors que les employés embauchés temporairement doivent quitter à la fin de leur contrat, faute de sous. Il faudrait donc revoir la manière dont le financement est octroyé, croit-on.

Enfin, de son côté, le Collectif pour un Québec sans pauvreté a émis cinq recommandations pour lutter efficacement contre ce problème de société. On demande un soutien au revenu suffisant pour que tout le monde puisse couvrir ses besoins de base, des services publics universels, de qualité, accessibles, la réduction des inégalités entre les riches et les pauvres, un salaire minimum qui permet de sortir de la pauvreté et une campagne de lutte contre les préjugés envers les personnes en situation de pauvreté.

Ils étaient près d’un millier mardi dernier à Québec pour manifester contre la pauvreté. (Photo: Emmanuel Delacour/EMM).