Le parc des Cageux à RDP (Courtoisie de l’arrondissement de RDP–PAT)

RDP S’ATTAQUE AUX RUES EN MACADAM

Non sécuritaires, mal adaptées aux transports en commun et à la mobilité active, les rues en macadam datent vraiment d’une autre époque. Pourtant, dans le quartier de Rivière-des-Prairies (RDP), leur nombre fait sursauter et la facture pour les moderniser pourrait faire tomber les résidents en bas de leur chaise.

80 millions de dollars, c’est ce qu’il en couterait à la Ville de Montréal et à l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (RDP–PAT) pour mettre à neuf les 23,6 km de rues en macadam qui parsèment le quartier du nord-est de l’île. En sillonnant le secteur, on pourrait croire qu’on roule sur des petites routes de campagne, mais il n’en est rien, nous sommes bien à Montréal.

La méthode de construction en macadam consiste à épandre des couches successives de pierre concassée, liée avec du sable et de l’eau, parfois recouverte d’un bitume, pour être enfin agglomérée par rouleau compresseur. Le procédé a été perfectionné au XIXe siècle par l’Écossais John Loudon McAdam, mais son principe est encore plus ancien et remonterait à l’époque de l’Empire romain.

Selon l’arrondissement, les rues en macadam que l’on retrouve à Montréal sont souvent sans fondations, parfois sans infrastructures souterraines, sans bordures ni trottoirs, ce qui entraîne plusieurs enjeux de sécurité pour les piétons et au niveau de la gestion des eaux pluviales.

À RDP, on dénombre 69 rues de ce genre, selon le décompte de la mairesse, qui insiste sur le fait qu’il était temps de s’attaquer à leur mise à neuf. « C’est une question de mobilité. On ne peut pas se permettre en 2024 d’avoir des gens qui marchent en pleine rue, surtout dans un secteur où le transport en commun est moins développé que dans le reste de Montréal et où le taux de motorisation est élevé », explique Caroline Bourgeois, mairesse de RDP–PAT.

La 71e Avenue dans RDP (Google Maps)

Considérant l’importante circulation automobile dans les rues de ce quartier et le désir de l’arrondissement d’attirer les familles, ce dernier croit qu’il faut faire une plus grande place aux déplacements à pied, en poussette, à vélo et en quadriporteur, afin que tous les citoyens puissent se sentir à l’aise de circuler sur la voie publique. « Le statu quo, ce n’est plus possible », insiste l’élue.

Les premières voies à être ciblées par l’administration municipale afin d’être remises à neuf en 2024 seront la 71e Avenue, entre les boulevards Gouin et Perras, et la rue Armand-Chaput. « Une bordure de béton sera installée d’un côté et un trottoir de l’autre. Cela va nous permettre aussi de prévoir des zones de verdissement en bordure », indique Luc Castonguay, directeur du développement du territoire et études techniques à RDP–PAT. L’arrondissement a pu obtenir des subventions grâce à des programmes de la ville-centre pour faire ces interventions, qui devraient débuter au milieu de l’été et se poursuivre jusqu’à l’automne.

De plus, lors du conseil d’arrondissement de RDP–PAT du 6 février, trois demandes de subvention ont été déposées, totalisant 730 791 $, aux programmes d’aide financière du Fonds de la sécurité routière du ministère des Transports et de la Mobilité durable. Avec ces sommes, RDP–PAT souhaite aussi s’attaquer aux rues en macadam, à commencer par trois autres tronçons de la 71e Avenue, cette fois entre les boulevards Maurice-Duplessis et Perras.

« C’est une problématique qui est difficile à corriger en raison des couts très élevés. C’est un gros enjeu que l’arrondissement ne pourra régler seul, c’est pourquoi nous sommes à la recherche de solutions financières », termine Mme Bourgeois.